TRAVAUX DANS LA BAIE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ - CIBOURE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1873 (deuxième et dernière partie)
TRAVAUX DANS LA BAIE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ ET CIBOURE EN 1873.
Napoléon III fait entreprendre des travaux de fermeture de la baie de Saint-Jean-de-Luz / Ciboure, en faisant construire les digues de Socoa, Sainte-Barbe et de l'Artha.
PLAN BAIE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal officiel de la République française, le 25 mars 1873 :
"... Elles avaient 30 pieds de hauteur au-dessus de la basse mer, 60 pieds de large à la base et 48 au sommet ; elles étaient évidées à l'intérieur sur une largeur de 16 pieds ; la longueur des jetées devait être de 620 toises ensemble, laissant entre elles une passe de 150 toises. En 1789, 20 toises de la jetée de Sainte-Barbe étaient emportées par la mer ; une longueur à peu près égale de la jetée du Socoa fut détruite en 1791. La Révolution fit abandonner ce grand projet et l'on se borna à reprendre les travaux sur la plage, en y construisant un perré de garantie qui s'écroula en 1822, sous l'effort d'une nouvelle tempête. On n'a pas recherché depuis à relever l'ouvrage et la mer a continué son œuvre de destruction. En 1823, on exécutait, à une distance assez considérable de la mer, un seuil ou digue contenant un remblai formant plage artificielle inclinée au dixième.
La mer a bouleversé ce travail. Enfin, en 1836, les ingénieurs ont construit, à 100 mètres environ en arrière de la haute mer, une nouvelle digue de garantie qui est encore subsistante, bien que les lames la franchissent parfois dans les gros temps.
Les désastres qu'ont subis les travaux exécutés tant à l'entrée qu'au fond de la rade de Saint-Jean-de-Luz n'ont que trop malheureusement démontré l'inutilité des efforts tentés sur ces points et la nécessité de briser au large l'effet des lames qui sont une menace perpétuelle pour la ville et qui, nulle part, sur les côtes de France, n'atteignent le degré de puissance et de force qu'elles ont, par les tempêtes, dans la baie de Saint-Jean-de-Luz.
Ce phénomène s'explique, suivant les ingénieurs, par cette observation que si, de Saint-Jean-de-Luz, on trace sur le globe un arc de grand cercle qui aboutisse à la côte de Terre-Neuve, on ne rencontre pas, dans toute cette étendue, une seule proéminence au-dessus de la surface de l'eau. La longueur de cette zone fluide continue, dirigée du N. O. au S. E, dans le sens des vents régnants, n'est pas moindre de 444 myriamètres, et on attribue à cette circonstance la violence de la mer à Saint-Jean-de-Luz. Pendant la tempête de 1822, les lames n'avaient pas moins de 400 mètres d'amplitude et une vitesse de 20 mètres par seconde.
Cette situation est d'autant plus grave, qu'un navire surpris par le gros temps dans le golfe de Gascogne ne trouve aucun port de refuge depuis l'embouchure de la Gironde jusqu'à Santander, sur une longueur de côte de 450 kilomètres ou 250 milles marins. Il était donc de toute nécessité d'établir un port de refuge dans ces parages, et l'échancrure de la rade foraine de Saint-Jean-de-Luz présente toutes les conditions propres à réaliser cette condition.
L'administration, pénétrée de l'importance de cette entreprise, a fait étudier l'avant-projet des travaux nécessaires pour obtenir le résultat qu'on avait en vue. Une commission nautique a examiné sur place les propositions des ingénieurs, et elle a reconnu à l'unanimité que la rade de Saint-Jean-de-Luz serait convenablement abritée par l'établissement de deux digues qui partiraient, l'une du Socoa, l'autre du rocher de Sainte-Barbe.
Mais l'importance de la dépense, qui avait été évaluée à 25 000 000 fr. par l'ingénieur ordinaire et à 16 000 000 fr. par l'ingénieur en chef, a conduit à scinder le projet, en présence de cette considération émise tant par la commission nautique que par la commission d'enquête, que l'exécution seule de la jetée de l'Ouest produirait déjà des résultats fort importants, au point de vue de l'abri qu'elle créerait, dans le mouillage actuel et de ta protection qui en résulterait pour la plage, aux abords de Saint-Jean-de-Luz. On s'est donc attaché à poursuivre cette première amélioration et les travaux de prolongement de la jetée de l'ouest, sur 260 mètres de longueur, ont été déclarés d'utilité publique par un décret du 7 octobre 1863.
On mit immédiatement la main à l'oeuvre ; mais, en cours d'exécution, on reconnut que les progrès de la mer n'en continuaient pas moins vers la ville et qu'il n'existait plus aucune incertitude sur la nécessité : d'une part, de prolonger la digue en construction jusqu'au point où la lame cesse de se briser ; d'autre part, d'établir sur la roche Artha un brise-lames de 250 mètres de longueur.
Ces nouveaux travaux, dont la dépense portait à 6 500 000 fr. le chiffre total de l'entreprise de la fermeture de la rade, ont été autorisés par un décret du 25 mai 1867.
Au 31 décembre dernier, le montant de la dépense faite s'élevait à 2 770 000 fr. ; la muraille de la digue du Socoa était achevée sur 285 mètres. Du côté de l'Artha, il a été coulé 558 blocs de 20 mètres cubes et 889 mètres cubes de blocs naturels. Cette digue est commencée en fondation sur 80 mètres de longueur.
Dans ces derniers temps, la mer, qui n'avait pas cessé d'être agitée depuis le mois d'octobre 1872 est devenue affreuse a partir du 18 janvier, et le 21 janvier 1873, une tempête s'est produite, telle que de mémoire d'homme on ne s'en rappelait pas une pareille. La digue du Socoa submergée, non plus par les embruns, mais par la lame elle-même sous laquelle elle disparaissait tout entière, a admirablement résisté aux efforts de la mer, et a préservé la partie basse de la ville. Cet heureux résultat, qui fait le plus grand honneur aux ingénieurs chargés des travaux, démontre à quel point l'achèvement rapide du brise-lames de l'Artha, est commandé comme moyen de conjurer le danger incessant qui menace Saint-Jean-de-Luz.
Il y a donc urgence extrême d'assurer l'avenir en poussant avec une activité exceptionnelle les travaux de fermeture de la rade. Or, il reste à dépenser, pour achever cette entreprise, 3 730 000 francs, et les importantes réductions qu'a subies depuis les événements de 1870 et 1871, le budget des travaux publics, n'ont permis d'y consacrer, sur l'exercice courant, qu'un crédit de 150 000 fr.
Il faudrait donc, avec des allocations aussi insignifiantes, près de 25 ans pour obtenir un résultat complet, et les circonstances sont trop impérieuses pour se prêter à une marche aussi lente des travaux. Il est indispensable d'imprimer à ces travaux une activité nouvelle et nous venons vous demander, en conséquence, dans ce but, un supplément de crédit de 400 000 francs, qui sera inscrit au chapitre 37 de la 2e section du budget de 1873."
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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