L'ORGANISATION DU SAUVETAGE EN MER SUR LA CÔTE BASQUE EN 1931.
C'est le 16 octobre 1910 qu'ont eu lieu, à Socoa, l'inauguration de la nouvelle station de sauvetage de Saint-Jean-de-Luz Socoa et le baptême du canot de sauvetage "Amiral Galiber".
Voici ce que rapporta au sujet de l'organisation du sauvetage sur la Côte Basque, la Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 12 janvier 1931, sous la plume de Sylvain Léon :
"L’Organisation du Sauvetage sur la Côte Basque.
Une réunion au Socoa.
Pour mettre en tout temps le "Gaulois" à la mer. Un poste de T. S. F. au Sémaphore du Socoa.
Par une température de quelques degrés au-dessous de zéro, voyager aux premières heures du matin dans un compartiment, en soufflant de temps en temps dans ses doigts, n'est pas précisément un sport de toute joie. Le devoir professionnel a de ces exigences...
Nous nous transportons donc ainsi vers Saint-Jean-de-Luz et le fort de Socoa. Pourtant la beauté du spectacle n'est pas sans nous offrir quelques compensations. Le paysage blanchi, par endroits, est enveloppé d’une poussière rose et or ; le soleil cherche à percer le voile de brume matinale. La Rhune est en face de nous, nous nous en rapprochons un peu plus à chaque tour de roue. Mais c'est à peine si on l’aperçoit derrière ce rideau ténu et comme lumineux. La mer aujourd'hui, que nous apercevons de temps en temps, est calme comme un lac. Phénomène curieux : à la surface, il semble que des centaines que disons-nous ? - des milliers de petits geysers ont pris leur source. Les eaux du golfe seraient-elles en ébullition ? Ce sont des flocons nuageux qui s'accrochent aux arêtes des vaguettes qui se succèdent. Elle est là, cette grande masse liquide à peine ridée de-ci de-là, faisant la chattemite. Est-ce bien la même qui a de terribles colères et qui dernièrement encore battait si furieusement les rochers de la côte ?
C’est elle. Et c’est elle, aussi, qui nous vaut ce déplacement par un temps, magnifique sans doute, mais qui, à cette heure surtout, est plus que réfrigérant. C'est à cause de ses emportements, du péril où elle met les navires et hommes qui se confient à elle, que nous nous dirigeons vers le Socoa. La commission extra-municipale créée au lendemain du naufrage dramatique du Knebworth, va tenir une séance, au garage de la Société centrale de Sauvetage des Naufragés, où est abrité le bateau de sauvetage, dont on a beaucoup parlé au sein de cette commission, à l’égal de l'installation d'un poste de T.S.F. au fond de notre golfe et de la fameuse zone de silence, qui, si elle n'est pas permanente, nous dit-on, n’est pas néanmoins tout à fait une légende, ainsi qu'on le verra tout à l’heure.
NAUFRAGE KNEBWORTH JANVIER 1930 PAYS BASQUER D'ANTAN |
Donc, M. Garat, député, maire de Bayonne, avait convoqué les membres de la commission au gavage de la Société de Sauvetage.
Le froid en a sans doute effrayé quelques-uns ; pourtant nous en verrons arriver peu à peu et l’assemblée finir, par être nombreuse... et assez animée.
MM. Garat et Lissar, députés ; Anthelme, sous-préfet de Bayonne, et Henri Dordezon ont été les premiers arrivés, suivis de votre serviteur fidèle à la tâche assignée.
Ils sont reçus par le colonel Guibert, directeur de la Station de la Société centrale de Sauvetage. En attendant qui s’ouvrent les portes du garage, ils si rendent sur le musoir voisin d’où l’on découvre les roches qui, à certaines époques de l'année, rendent difficile et même impossible la mise a l'eau de l’embarcation de sauvetage. A eux se joignent bientôt le commandant Constantin, chef de la Station de la Bidassoa ; le commandant Giret, administrateur en chef de la Marine, à Bayonne ; M. Lesbre, ingénieur des Ponts et Chaussées ; MM. Berdoulay, inspecteur régional des P.T.T. ; Lannepouquet, maire d'Hendaye et Faget, adjoint au maire de cette ville ; Michelena, maire de Bidart ; Garav, représentant le maire de Biarritz ; Claverie, conservateur des Eaux-et-Forêts ; commandant Rocq ; commandant Daguerre ; MM. Fernandez, Berckmans, entrepreneur des travaux publics qui fut chargé d’examiner la question du dérochement ; Orteguy, patron du canot de sauvetage ; Celhay, courtier maritime ; Million, pilote à Biarritz ; Guillaumant, etc...
Le bateau de sauvetage.
Ainsi que nous venons de le dire, du musoir on se rend compte des travaux nécessaires pour assurer le lancement de l'embarcation de sauvetage à n'importe quel moment.
Mais on se rend maintenant dans le garage, où M. le colonel Guibert présente, pouvons-nous dire, le bateau de sauvetage. C’est évidemment un beau bateau que le Gaulois qui, au dire des techniciens, et tel il apparaît, offre toutes les garanties de stabilité par tous les temps. L’engin est suffisant. Mais il est une autre face du problème : celle de sa mise à l'eau. Il arrive — pas souvent : quatre fois par an — que faute d'une profondeur d’eau nécessaire au-dessus de rochers qui se trouvent à cet endroit, cette opération est impossible. Il y a lieu d’examiner si, à cause de ces quatre fois là, il y aurait de faire, pour le dérochement et quelques autres travaux accessoires, une dépense qu’on ne saurait évaluer qu'approximativement jusqu'à présent, mais qui pourrait monter à cent, cent-vingt et, peut-être, au maximum, croit-on, à 150 000 francs.
Tour à tour, MM. Lesbre, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, et Berckmans, entrepreneur, fournissent des explications du point de vue technique et citent des chiffres qu'ils ne sauraient préciser, ainsi que nous venons de le dire. M. Lesbre signale, et ceci est très intéressant, que des travaux de dérochement doivent être entrepris, dans quelques temps, à Saint-Jean-de-Luz. N'y aurait-il pas lieu, dans ces conditions, de lier les deux opérations ? Elles auraient lieu avant la lin de cette année, entre juillet et septembre, époque la plus propice. De cette conjugaison résulterait une économie considérable.
M. Garat, qui a dirigé et va continuer de diriger la discussion avec beaucoup de clarté et d'autorité, met à son tour en relief l'importance de ces opérations simultanées du point de vue de l’économie à réaliser. Quant à lui, et les membres de la commission qui assistent à la réunion l’approuvent unanimement, il est d’avis que n’y eût-il qu’un seul jour de l’année où l'embarcation de sauvetage fût dans l’impossibilité de prendre la mer, il n’est pas possible d'envisager l'éventualité d’existences humaines, de bâtiments et de cargaisons perdus, du fait de cette impossibilité. Il y a donc lieu d'exécuter les travaux envisagés. La dépense, a-t-on dit, pourra être de l’ordre de grandeur de quatre-vingts à cent mille francs, plus vingt-cinq mille francs pour travaux de bétonnage. La dépense dût-elle avoisiner cent cinquante mille francs, il y aurait lieu de l'entreprendre encore. D'ailleurs, le Comité n’est pas dépourvu de fonds. Dès maintenant, la Société centrale de Sauvetage a mis à sa disposition une somme de 70 000 francs. Mais le Conseil Général des Basses-Pyrénées, sur la proposition de MM. Garat et Lissar, a décidé de lui apporter sa souscription ; les municipalités — malgré leurs difficultés financières — ne seront pas sans consentir un sacrifice, elles aussi. Enfin la Chambre de Commerce de Bayonne, à son tour, ne pourra manquer de collaborer à cette œuvre de sécurité. En passant, M. Garat rappelle qu'on avait émis, de quelques côtés, l'idée de fêtes au profit de cette œuvre. Il n'est pas de cet avis. Il s'agit d’une œuvre nationale, à propos de laquelle il serait peu élégant de solliciter les étrangers. Tout le monde est de cet avis.
Il est entendu que M. Berckmans mettra ses matériaux et la main-d'œuvre à la disposition de ce travail avec une réduction de 25% sur les prix de location.
CANOT DE SAUVETAGE AMIRAL GALIBER SOCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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