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mardi 5 avril 2022

L'ORGANISATION DU SAUVETAGE EN MER SUR LA CÔTE BASQUE EN 1931

L'ORGANISATION DU SAUVETAGE EN MER SUR LA CÔTE BASQUE EN 1931.


C'est le 16 octobre 1910 qu'ont eu lieu, à Socoa, l'inauguration de la nouvelle station de sauvetage de Saint-Jean-de-Luz Socoa et le baptême du canot de sauvetage "Amiral Galiber".




pays basque sauvetage socoa
CANOT DE SAUVETAGE LE GAULOIS
SOCOA 1931




Voici ce que rapporta au sujet de l'organisation du sauvetage sur la Côte Basque, la Gazette de 

Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 12 janvier 1931, sous la plume de Sylvain Léon :



"L’Organisation du Sauvetage sur la Côte Basque.

Une réunion au Socoa.

Pour mettre en tout temps le "Gaulois" à la mer. Un poste de T. S. F. au Sémaphore du Socoa.



Par une température de quelques degrés au-dessous de zéro, voyager aux premières heures du matin dans un compartiment, en soufflant de temps en temps dans ses doigts, n'est pas précisément un sport de toute joie. Le devoir professionnel a de ces exigences... 



Nous nous transportons donc ainsi vers Saint-Jean-de-Luz et le fort de Socoa. Pourtant la beauté du spectacle n'est pas sans nous offrir quelques compensations. Le paysage blanchi, par endroits, est enveloppé d’une poussière rose et or ; le soleil cherche à percer le voile de brume matinale. La Rhune est en face de nous, nous nous en rapprochons un peu plus à chaque tour de roue. Mais c'est à peine si on l’aperçoit derrière ce rideau ténu et comme lumineux. La mer aujourd'hui, que nous apercevons de temps en temps, est calme comme un lac. Phénomène curieux : à la surface, il semble que des centaines que disons-nous ? - des milliers de petits geysers ont pris leur source. Les eaux du golfe seraient-elles en ébullition ? Ce sont des flocons nuageux qui s'accrochent aux arêtes des vaguettes qui se succèdent. Elle est là, cette grande masse liquide à peine ridée de-ci de-là, faisant la chattemite. Est-ce bien la même qui a de terribles colères et qui dernièrement encore battait si furieusement les rochers de la côte ? 



C’est elle. Et c’est elle, aussi, qui nous vaut ce déplacement par un temps, magnifique sans doute, mais qui, à cette heure surtout, est plus que réfrigérant. C'est à cause de ses emportements, du péril où elle met les navires et hommes qui se confient à elle, que nous nous dirigeons vers le Socoa. La commission extra-municipale créée au lendemain du naufrage dramatique du Knebworth, va tenir une séance, au garage de la Société centrale de Sauvetage des Naufragés, où est abrité le bateau de sauvetage, dont on a beaucoup parlé au sein de cette commission, à l’égal de l'installation d'un poste de T.S.F. au fond de notre golfe et de la fameuse zone de silence, qui, si elle n'est pas permanente, nous dit-on, n’est pas néanmoins tout à fait une légende, ainsi qu'on le verra tout à l’heure. 





sauvetage pays basque naufrage biarritz
NAUFRAGE KNEBWORTH
JANVIER 1930
PAYS BASQUER D'ANTAN



Donc, M. Garat, député, maire de Bayonne, avait convoqué les membres de la commission au gavage de la Société de Sauvetage. 



Le froid en a sans doute effrayé quelques-uns ; pourtant nous en verrons arriver peu à peu et l’assemblée finir, par être nombreuse... et assez animée. 



MM. Garat et Lissar, députés ; Anthelme, sous-préfet de Bayonne, et Henri Dordezon ont été les premiers arrivés, suivis de votre serviteur fidèle à la tâche assignée. 



Ils sont reçus par le colonel Guibert, directeur de la Station de la Société centrale de Sauvetage. En attendant qui s’ouvrent les portes du garage, ils si rendent sur le musoir voisin d’où l’on découvre les roches qui, à certaines époques de l'année, rendent difficile et même impossible la mise a l'eau de l’embarcation de sauvetage. A eux se joignent bientôt le commandant Constantin, chef de la Station de la Bidassoa ; le commandant Giret, administrateur en chef de la Marine, à Bayonne ; M. Lesbre, ingénieur des Ponts et Chaussées ; MM. Berdoulay, inspecteur régional des P.T.T. ; Lannepouquet, maire d'Hendaye et Faget, adjoint au maire de cette ville ; Michelena, maire de Bidart ; Garav, représentant le maire de Biarritz ; Claverie, conservateur des Eaux-et-Forêts ; commandant Rocq ; commandant Daguerre ; MM. Fernandez, Berckmans, entrepreneur des travaux publics qui fut chargé d’examiner la question du dérochement ; Orteguy, patron du canot de sauvetage ; Celhay, courtier maritime ; Million, pilote à Biarritz ; Guillaumant, etc... 



Le bateau de sauvetage.



Ainsi que nous venons de le dire, du musoir on se rend compte des travaux nécessaires pour assurer le lancement de l'embarcation de sauvetage à n'importe quel moment. 



Mais on se rend maintenant dans le garage, où M. le colonel Guibert présente, pouvons-nous dire, le bateau de sauvetage. C’est évidemment un beau bateau que le Gaulois qui, au dire des techniciens, et tel il apparaît, offre toutes les garanties de stabilité par tous les temps. L’engin est suffisant. Mais il est une autre face du problème : celle de sa mise à l'eau. Il arrive — pas souvent : quatre fois par an — que faute d'une profondeur d’eau nécessaire au-dessus de rochers qui se trouvent à cet endroit, cette opération est impossible. Il y a lieu d’examiner si, à cause de ces quatre fois là, il y aurait de faire, pour le dérochement et quelques autres travaux accessoires, une dépense qu’on ne saurait évaluer qu'approximativement jusqu'à présent, mais qui pourrait monter à cent, cent-vingt et, peut-être, au maximum, croit-on, à 150 000 francs. 



Tour à tour, MM. Lesbre, ingénieur des Ponts-et-Chaussées, et Berckmans, entrepreneur, fournissent des explications du point de vue technique et citent des chiffres qu'ils ne sauraient préciser, ainsi que nous venons de le dire. M. Lesbre signale, et ceci est très intéressant, que des travaux de dérochement doivent être entrepris, dans quelques temps, à Saint-Jean-de-Luz. N'y aurait-il pas lieu, dans ces conditions, de lier les deux opérations ? Elles auraient lieu avant la lin de cette année, entre juillet et septembre, époque la plus propice. De cette conjugaison résulterait une économie considérable. 



M. Garat, qui a dirigé et va continuer de diriger la discussion avec beaucoup de clarté et d'autorité, met à son tour en relief l'importance de ces opérations simultanées du point de vue de l’économie à réaliser. Quant à lui, et les membres de la commission qui assistent à la réunion l’approuvent unanimement, il est d’avis que n’y eût-il qu’un seul jour de l’année où l'embarcation de sauvetage fût dans l’impossibilité de prendre la mer, il n’est pas possible d'envisager l'éventualité d’existences humaines, de bâtiments et de cargaisons perdus, du fait de cette impossibilité. Il y a donc lieu d'exécuter les travaux envisagés. La dépense, a-t-on dit, pourra être de l’ordre de grandeur de quatre-vingts à cent mille francs, plus vingt-cinq mille francs pour travaux de bétonnage. La dépense dût-elle avoisiner cent cinquante mille francs, il y aurait lieu de l'entreprendre encore. D'ailleurs, le Comité n’est pas dépourvu de fonds. Dès maintenant, la Société centrale de Sauvetage a mis à sa disposition une somme de 70 000 francs. Mais le Conseil Général des Basses-Pyrénées, sur la proposition de MM. Garat et Lissar, a décidé de lui apporter sa souscription ; les municipalités — malgré leurs difficultés financières — ne seront pas sans consentir un sacrifice, elles aussi. Enfin la Chambre de Commerce de Bayonne, à son tour, ne pourra manquer de collaborer à cette œuvre de sécurité. En passant, M. Garat rappelle qu'on avait émis, de quelques côtés, l'idée de fêtes au profit de cette œuvre. Il n'est pas de cet avis. Il s'agit d’une œuvre nationale, à propos de laquelle il serait peu élégant de solliciter les étrangers. Tout le monde est de cet avis. 



Il est entendu que M. Berckmans mettra ses matériaux et la main-d'œuvre à la disposition de ce travail avec une réduction de 25% sur les prix de location. 




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CANOT DE SAUVETAGE AMIRAL GALIBER SOCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Le Poste de. T. S. F. 



Puis vint la question du poste de T. S. F. 



M. Berdoulay, inspecteur régional des P.T.T., a demandé le premier la parole. Il s’est présenté avec une serviette impressionnante dont il a tiré tout un dossier. Nous avons constaté qu’une partie de ce dossier était fort aimablement consacrée à la presse et à la fameuse "zone de silence". Zone de silence, c’est beaucoup dire, d’après M. Berdoulay, surtout lorsqu’on la situe au fond du Golfe de Gascogne. Des explications fournies par M. Berdoulay, tantôt à titre de fonctionnaire des P.T.T., tantôt à titre purement personnel (quel dieu malin nous remit en mémoire à cet instant la scène fameuse de l'Avare ?) de ses explications, disons-nous c'est à tort qu'on a parlé d’une zone de silence, mais ce qui est certain, c'est que la station du Bouscat n’entend pas toujours — il semble que cela arrive même assez fréquemment — les appels lancés dans la zone de la mer voisine de l'Adour, tandis qu’on les entend à Ouessant ou à Santander. Mais en modifiant le poste du Bouscat... 



On fait justement remarquer qu'améliorât-on le poste de réception du Bouscat, les postes d'émission des navires n'en seraient pas modifiés et que le résultat serait le même. 



Apres une discussion à laquelle prirent part MM. l'inspecteur des P.T.T. Berdoulay, les commandants Giret, Constantin, Rocq et Daguerre , etc... , et dont M. Garat tira des conclusions utiles, il fut reconnu que l’installation d’un poste de T.S.F. au moins récepteur, était utile et même nécessaire sur la Côte Basque. 



M. l’Inspecteur des P.T.T. concéda lui-même que ce poste pouvait rendre des services, à l'exemple de ceux du Havre et de Rouen-port. 



Mais où convient-il de l'installer ? 

On a parlé de la Barre. 

On a parlé du Socoa. 

On a parlé... au fait, on en a à peine parlé, du sémaphore - d'ailleurs désaffecté - de Biarritz.



Finalement, à la suite de ce débat, sur lequel nous ne manquerons pas de revenir, les deux propositions suivantes ont été formulées : 

1. Le comité estime qu'un poste de T.S.F., au moins récepteur, est indispensable dans nos parages pour assurer le sauvetage des vies humaines et des navires en danger.

 2. Le comité estime que ce poste peut être utilement installé au sémaphore de Socoa ou à la tour des signaux de la Barre, sans préjudice de tout autre endroit qui pourrait être approprié par la suite, mais le comité émet un avis de préférence pour l’installation de Socoa, étant donné la proximité du canot et des engins de sauvetage



C’est là une solution que la Gazette avait depuis longtemps préconisée. 



On y pourrait ajouter la présence, d’une façon à peu près permanente, à Saint-Jean-de-Luz, d’un des remorqueurs de la Chambre de Commerce qui ne peuvent, par très gros temps, franchir la barre de l’Adour et qui pourraient être appelés cependant à rendre des services utiles en cas de sinistres. 



Quoi qu’il en soit, cette réunion a donné d’utiles résultats. On avait fait, hier matin, de la bonne besogne. 



Il n’était pas loin de midi lorsqu’on se sépara. Le soleil dans le ciel bleu, éclairait toute la belle rade de Saint-Jean-de-Luz. Il faisait presque chaud. La chaleur de la discussion n’y était peut-être pas tout à fait étrangère."




(Source : Le-gaulois-001.jpg (3376×2387) (pierreloti.eu))








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