UN MINISTRE DU TOURISME À BIARRITZ EN 1930.
De nombreuses personnalités politiques sont venues au Pays Basque tout au long de l'histoire.
GASTON GERARD MINISTRE TOURISME 1930 |
Je vous ai déjà parlé de la visite de Gaston Gérard, dans un article précédent.
Voici ce que relata à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans
son édition du 25 juillet 1930 :
"...M. Hirigoyen, maire de Biarritz, en une improvisation très heureuse et simple, a salué à son tour le ministre et exprimé, avec sa joie propre, celle de toute la ville, de cette ville de Biarritz dont le Tourisme est la principale ressource. En termes particulièrement délicats il a remercié les membres du corps consulaire qui, tout en servant les intérêts des pays qu’ils représentent si bien servent aussi ceux de Biarritz dont ils ne sont pas seulement les hôtes, mais dont ils sont devenus comme des fils à l'égal des autres citoyens qui y sont nés.
Il a fait l'éloge de la Bourgogne... et du bourgogne ; il a levé son verre en l'honneur du ministre.
M. Peyta, président du Syndicat des hôteliers, a pris à son tour la parole. Nous avons entendu non plus seulement des paroles aimables et des formules protocolaires, mais comme une sorte de leçon de choses en matière de Tourisme et d'hôtellerie. Il a exprimé au représentant du gouvernement les desiderata de l'hôtellerie et de tous ceux qui, dans une ville comme la nôtre, sont placés au premier plan, pour défendre ses intérêts touristiques.
Nous reproduisons ci-dessous ce discours :
Monsieur le Ministre,
Messieurs,
Permettez-moi tout d’abord, au nom de l’hôtellerie de Biarritz et de la Côte Basque, de vous exprimer la joie que j’éprouve pour la marque d’intérêt que M. Gaston Gérard vient de témoigner à notre région, en venant inaugurer la Maison du Tourisme de Biarritz.
Ma satisfaction est grande, car je vois enfin réalisé un des vœux les plus chers des hôteliers, par l’appui direct que vient de porter l’Etat à tous les intérêts du Tourisme par la création récente du haut-commissariat.
Messieurs, si nous jetons un coup d’œil en arrière peur étudier l’évolution du Tourisme pendant ces dernières années, il est instructif de noter que le rôle capital qu’il joue dans l’économie générale du pays, était totalement méconnu, non seulement de la grande masse, mais aussi de l’élite, et surtout, dois-je le dire, des pouvoirs publics eux-mêmes, qui ne paraissaient pas se douter de l’appoint considérable qu’il apporte, bon an mal an, dans la balance générale des comptes de notre pays.
L'hôtellerie, ce bras droit du tourisme, était particulièrement ignorée. N’était-elle pas d’ailleurs ravalée au rang de commerce secondaire, à l'encontre de ce qui se pratiquait dans certains pays de grand tourisme, tels que la Suisse et l'Allemagne, où l'hôtellerie avait été mise à l’honneur depuis longtemps, et classée parmi les industries de premier plan.
Aussi est-il réconfortant aujourd’hui de regarder le chemin parcouru depuis la guerre et de constater que le tourisme est maintenant apprécié là sa juste valeur. Rien n’est plus équitable que de dire que ce magnifique résultat national, a été obtenu par le labeur constant de ces véritables pionniers que sont les grandes associations touristiques et la Chambre Nationale de l’hôtellerie française, qui après de durs efforts a réussi à grouper, sous un seul faisceau, tous les Syndicats hôteliers du pays.
CASINO ET GRANDE PLAGE BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’hôtellerie de Biarritz, qui elle aussi peut faire figure de précurseur dans l’histoire touristique de la France, n’a pas cessé depuis de longues années de demander à l'Etat de mettre en action une véritable politique touristique, cette politique lui paraissant indispensable, en raison de l'importance capitale que joue le tourisme dans la balance économique de la nation.
Il a fallu que cette vérité élémentaire soit maintes fois répétée, avant qu’elle soit entendue, et un des plus beaux gestes du gouvernement de M. Tardieu, aura été d’avoir compris que le moment était enfin venu de mettre sous la protection directe des pouvoirs publics, cette grande source de richesse que représente le tourisme.
La création du haut-commissariat au Tourisme aura rendu un grand service à la France, haut-commissariat aujourd’hui. ministère grand et indispensable demain.
HÔTEL EL MIRADOR BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cet événement peut être marqué par nous d’une pierre blanche. Il est agréable en effet de songer que l’impulsion est maintenant donnée et que les problèmes si complexes qui touchent à notre industrie touristique, seront enfin étudiés par le gouvernement, avec toute la sollicitude qu’ils comportent.
Parmi eux, il ne faut pas se lasser de le répéter, certains sont de première importance et urgents, tels que la suppression de toutes les taxes qui frappent le tourisme, et surtout l’organisation du fonds de propagande touristique national, qui devient de plus en plus indispensable pour lutter contre la concurrence étrangère.
LE PHARE BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ce fonds, malgré la dotation récente par l’Etat d’une somme de trente millions, à répartir sur plusieurs années, est notoirement insuffisant, au regard de la cherté excessive de la bonne publicité, et je reste persuadé que l'Office National du Tourisme, malgré toute sa bonne volonté, en raison de la précarité de ses ressources actuelles, ne pourra pas se montrer à la hauteur de la tâche lourde qui lui incombe.
Ainsi que je l’ai maintes fois demandé à la ville de Biarritz au cours de ces dernières années, il est temps de déclarer la faillite des budgets de publicité basés sur des contributions bénévoles.
Possesseur d’une expérience personnelle qui approche bientôt de quarante ans, dans cette station de Biarritz, cependant si favorisée, j'ai invariablement constaté que rares sont ceux qui veulent contribuer largement à la publicité en commun. Malgré la crise qui a débuté en 1927, la majorité des intéressés paraît ne pas comprendre l'utilité de cette publicité et d’autres en grand nombre se refusent à verser toute contribution.
De ce fait, les sommes qui sont employées pour la publicité dans cette station, n’atteignent en aucune façon l’importance qu’elles devraient avoir. Les maigres budgets de ces dernières années n’ont fait aucun travail efficace et cela continuera tant que ces budgets seront alimentés par la simple bonne volonté des uns et des autres, et ce qui se passa à Biarritz peut être étendu à toutes les stations de France. Il est ainsi aisé de conclure.
Je suis donc intimement convaincu qu’un budget de publicité touristique digne d’un grand pays comme le nôtre, ne pourra être utilement financé que par une taxe obligatoire, payée par tous ceux qui sont intéressas aux choses du tourisme. Le mode de perception de cette taxe serait aisé à fixer par une loi. Il n’en est pas dont je souhaite le vote plus ardemment, car, à mon sens, cette loi constituerait une des armatures principales de protection de notre tourisme national, qui est si âprement combattu et envié à l'étranger.
BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Messieurs, permettez-moi de vous dire encore toute la satisfaction que je ressens, de voir enfin consacrée, en France. la politique touristique qui était de puis si longtemps réclamée par l'hôtellerie tout entière.
La grande et si utile création de l’Office National du Tourisme a été un premier pas. Le haut-commissariat au Tourisme constitue un pas décisif qui mènera, à n’en pas douter, la grande industrie touristique de la France vers de magnifiques destinées.
Je lève mon verre bien haut en l’honneur de notre premier ministre du Tourisme de France, M. Gaston Gérard.
GASTON GERARD A BIARRITZ 1930 PAYS BASQUE D'ANTAN |
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