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mercredi 13 mars 2019

LE DÉCÈS DE GUSTAVE LEREMBOURE MAIRE DE SARE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1907


LE DÉCÈS DE M. LEREMBOURE DE SARE.


M. Gustave fut maire de Sare, en Labourd, du 20 mai 1888 jusqu'en mai 1907, et conseiller général du canton d'Espelette, de 1895 à 1907. 

pays basque autrefois
SARE 1907
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, au sujet de son 

décès, dans son édition du 8 juin 1907 :


"Gustave Leremboure.



Le parti républicain de notre département a fait une perte considérable en la personne de Gustave Leremboure, conseiller général d’Espelette, maire de Sare, qui fut, en ces dernières années, à la tête des démocrates militants du pays basque. 




Leremboure était aussi ardent que sympathique et infatigable, Depuis la mort du regretté sénateur Berdoly, il était le mandataire le plus qualifié de sa région pour défendre les intérêts de son parti et s’en acquittait avec zèle et courage. Trop, peut être, car la fatigue terrassa ce citoyen si dévoué, au lendemain des dernières luttes électorales, et il est mort, lundi dernier, après une agonie de plusieurs mois. 



labourd autrefois
SARE 1907
PAYS BASQUE D'ANTAN

Les obsèques ont eu lieu à St Jean-de-Luz, au milieu d’une assistance énorme venue de tous les points du département. Parmi les assistants se trouvaient M Becq, préfet des Basses-Pyrénées, M. Vittini, sous-préfet de Bayonne, rentré tout exprès de Paris, M. Faisans, conseiller général, maire de Pau, M. Forsans, conseiller général, maire de Biarritz, le maire de Saint-Sébastien, M. Mendiondo, conseiller général, maire de Bidache, M. Guillard, ancien président de la Ligue des Droits de l’Homme, de nombreux conseillers généraux et d’arrondissement, maires et fonctionnaires de la région, des délégations importantes des divers groupements républicains de Bayonne, Biarritz, Hendaye sans compter la plus grande partie de la population de Sare et de Saint-Jean-de-Luz, de nombreux groupes et sociétés, qui tous ont tenu à rendre un hommage ému à celui que la mort avait si tôt enlevé. 




Au cimetière, divers discours ont été prononcés et nous regrettons de ne pouvoir publier ici celui de M. le préfet Becq qui, au nom de la République, salua, devant cette tombe, le vaillant démocrate que fut Gustave Leremboure, et, avec éloquence, rendit hommage à ses grandes qualités, exprimant l’espoir que son exemple produise des fruits dans un prochain avenir. 




M. Pouzac, vice-président du Conseil général, prit ensuite la parole, au nom de l'assemblée départementale, et rappela la carrière féconde du collègue si estimé qu’elle vient de perdre.




Puis, dans une vibrante allocution, qui fit grande impression sur toute l’assistance, M. Forsans, maire de Biarritz, s’exprima en ces termes : 


pays basque autrefois politique
PIERRE FORSANS MAIRE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Messieurs, 



L'homme de bien, l'excellent citoyen à qui nous rendons aujourd'hui les suprêmes devoirs et les derniers honneurs, a été conduit à la République par les plus nobles sentiments du cœur, par les généreuses aspirations d’une âme d’élite. 



Il a tenu, dans le grand parti républicain de toute notre région une si belle place, qu’on me pardonnera de joindre ma modeste voix à celles plus autorisées qui viennent de se faire entendre, pour apporter à Gustave Leremboure l’adieu ému et reconnaissant de la démocratie basquaise et béarnaise. 



Tous, nous avons suivi, avec anxiété, depuis plusieurs mois, les progrès du mal implacable qui a prématurément brisé cette bonté agissante, cette énergie dévouée, et le deuil qui a frappé la famille de notre ami, frappe en même temps sa ville natale, Saint-Jean-de-Luz, à qui Leremboure fit honneur et les républicains dont il fut un des chefs les plus autorisés. 



Dans ce pays, au milieu de ces populations où tous, même ses adversaires politiques, accordaient à Leremboure un affectueux respect, il n’est pas besoin de raconter en détail sa carrière. 



Mais je m’en voudrais de ne pas rappeler sa belle conduite pendant la guerre de 1870-1871. A cette époque, Gustave Leremboure, âgé de 23 ans, venait de terminer ses études à l’école d’Agriculture de Grignon. Gravement blessé par accident, il voulut néanmoins faire son devoir et c’est la tête ceinte d’un bandeau qu’il alla rejoindre le régiment. Il fit son service en qualité de lieutenant d'artillerie et se distingua autant par son intelligence que par sa bravoure. 



Ses qualités de cœur et d’esprit furent promptement appréciées par ses concitoyens et, malgré sa modestie, Leremboure fut, en de nombreuses occasions, sollicité pour qu’il acceptât des mandats électifs et des postes honorifiques. Il fut successivement conseiller municipal, maire de Sare pendant vingt années consécutives, conseiller général du canton d’Espelette depuis douze ans, et ses collègues de l’Assemblée départementale l’avaient élu secrétaire du Conseil général. Il fut mis à la tête de nombreuses œuvres de bienfaisance et l’on sait avec quelle constante sollicitude, il administra l'hôpital de Sare et l'hôpital-hospice de St-Jean-de-Luz. 



Son inlassable activité s'étendait sur tout ce qui pouvait être utile à ses concitoyens. Toujours accueillant, il savait, suivant les circonstances, donner un bon conseil, encourager les initiatives, secourir le malheur et l’on peut affirmer qu’aucune des questions intéressant la chose publique n'échappait à son zèle éclairé. C’est ainsi qu'il s'occupa assidûment des intérêts agricoles du pays basque, des difficultés de frontières pour le pacage du bétail, des intérêts des pêcheurs et marins, des questions de routes, de chemins de fer et tramways... 



Gustave Leremboure fut aussi une haute conscience et un caractère bien trempé. Après avoir prouvé, dans sa jeunesse, qu’il avait le courage militaire, si naturel aux âmes françaises, il sut montrer en ces dernières années, cette forme plus rare et plus difficile du courage, celle qui consiste à affronter l’opinion publique pour défendre les justes causes, à braver les haines et les passions, celle qu’on appelle le courage civique. 



II fut de ceux qui, dans de récentes circonstances, luttèrent pour la cause de la justice et de la vérité et la firent triompher contre toutes les puissances d’erreur et d’oppression conjurées contre elles. 



Et quand, en ces dernières années, certains, parmi les républicains, s’arrêtèrent, hésitants, à une bifurcation du chemin, lui, Leremboure, il se refusa à prendre la route détournée qui ramène en arrière ; avec le caractère chevaleresque du Basque intelligent et brave, il prit résolument le chemin de gauche vers la Liberté, vers le Progrès, vers la Démocratie. Dès lors, il semble se multiplier ; son intervention, il y a trois ans, assura le triomphe de son ami Vic et, plus récemment, il mit un dévouement inlassable au service de la candidature républicaine de son collègue et ami Mendiondo. 



Le parti républicain tout entier fait une perte irréparable en la personne de Gustave Leremboure. Mais son souvenir restera gravé dans nos mémoires et dans nos cœurs ; son exemple stimulera nos courages ; la trace de ses bienfaits fera honorer, pur tous ses concitoyens, avec les vertus de l’homme, la foi républicaine qui en était inséparable. 



Adieu, Gustave Leremboure ! la terre gardera ta mortelle dépouille, mais ton souvenir restera impérissable dans nos cœurs. 



Puisse l’hommage si légitime et si sincère dont ma voix est le faible écho, apporter quelque adoucissement à ceux qui pleurent leur cher disparu !"




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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