ACCIDENTS GRAVES EN GUIPUSCOA EN 1907.
En octobre 1907, le Pays Basque Sud est endeuillé par deux accidents tragiques.
MIRACRUZ ST SEBASTIEN 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse régionale, en particulier Le Petit Marseillais, dans son
édition du 21 octobre 1907 :
"Graves accidents en Espagne.
On nous écrit de Saint-Sébastien, le 18 octobre :
Je n’ai eu que le temps de vous signaler brièvement par le télégraphe les deux terribles accidents qui se sont produits dans la journée d’hier, — accident d’automobile et accident de chemin de fer — et qui ont, l’un et l’autre, causé de nombreuses victimes. Voici d'abord des détails complémentaires sur l’accident d'automobile :
Vers 4 heures de l’après-midi, deux automobiles suivaient la route de France à vive allure. Elles franchissaient, à faible distance l'une de l’autre, le sommet de Miracruz et descendaient vers la Herrera, point de jonction de la ligne du tramway, quand le premier des véhicules fut atteint par le second et pousse sur la droite de la route.
ST SEBASTIEN VUE GENERALE DU MONT ULIA 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le choc eut pour résultat de jeter hors de la chaussée les deux automobiles, qui furent précipitées dans un ravin profond d’environ huit mètres, au-dessus de l’ancien moulin de la Herrera, dont elles allèrent heurter violemment la façade. L’accident eut des suites fatales.
L’automobile de tête, une Renault de 12 à 14 chevaux, conduite par le jeune chauffeur Cecilio Fernandez, âgé de 17 ans, était occupée par doña Dolorès Lopez, épouse du grand industriel bien connu, don Manuel Araluce, et ses trois jeunes filles, Vicenta, Marina et Teresa ; un jeune garçon, le frère de celles-ci, âgé d’une dizaine d'années, courait à bicyclette, non loin, sur la côte. Cette famille se rendait en promenade au sanctuaire de Lezo.
L’automobile appartenait à un riche Américain, don Miguel Noriega, qui l’avait mise à la disposition de la famille Araluce pour effectuer sa promenade, et l’avait vendue à un garage de Saint-Sébastien, lequel devait en prendre possession aujourd’hui.
RUE HERNANI ST SEBASTIEN 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Derrière cette première automobile venait l’autre, une moto-bloc de 16 à 20 chevaux, conduite par un officier d’artillerie en retraite, don Luis Zappino, neveu du général qui commandait, il y a deux ans, le VIe corps d'armée, à Burgos. Don Luis Zappino était un des membres les plus en vue de la haute société de notre ville.
Auprès de lui était le chauffeur Carlos Terrillas, assis à sa gauche : don Luis gouvernait lui-même le véhicule. Dans le coupé se trouvaient sa femme et une de ses amies, Mlle Uhagon, fille du marquis de Laurencin.
TERRASSE DU CASINO ST SEBASTIEN 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
On ignore de quelle façon s’est produit l’accident. La version du jeune chauffeur Cecilio, légèrement blessé, est que, voulant le gagner de vitesse, l’automobile de don Luis Zappino a heurté la sienne, l’a fait dévier juste à la tête du parapet de la Herrera, et l’a précipitée dans le vide, où elle a été entraînée elle-même, on ne s'explique pas comment.
Aux cris des victimes, des personnes circulant sur la route accoururent, ainsi que des ouvriers occupés dans les ateliers voisins. Des secours furent aussitôt organisés, et l’on commença à dégager les blessés, dont les lamentations fendaient l’âme.
Deux cadavres furent transportés à la ferme d’Altunenea-Eoga : c’étaient ceux de don Luis Zappino et de doña Teresa Araluce, l’ainée des trois jeunes filles qui étaient avec leur mère dans la première automobile ; doña Teresa n’était âgée que de 19 ans.
Les autres victimes, conduites avec toutes sortes de précautions dans des propriétés voisines du théâtre de l’accident, reçurent les soins empressés de médecins accourus en toute hâte.
DIPUTACION ST SEBASTIEN 1907 PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’état de Mme Zappino est grave. Celui de Mlle Marina Araluce l’est également ; elle a la jambe gauche fracturée. Sa sœur, plus jeune, est blessée à la tête. Mlle Uhagon s’en tire avec de légères contusions et Mme Araluce avec de légères écorchures. Le chauffeur Carlos Terrillas a une fracture à la jambe gauche.
M. Araluce, l’époux et le père des victimes de l'automobile de tête, était absent de Saint-Sébastien. On lui a télégraphié l’accident à Valladolid, où il s’était rendu pour affaires.
Ce déplorable accident a produit dans notre ville la plus douloureuse impression.
Et voici des détails sur l’autre, celui du chemin de fer, qui a causé vingt blessés :
Vous savez déjà, par mon télégramme, qu’il s’est produit à la station de Orio, sur la ligne ferrée de la côte. C’est par suite d’un faux aiguillage que le train qui part de Bilbao à 5 heures 35 du matin a choqué le train de marchandises parti de Saint-Sébastien le même matin.
ORIO GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le mécanicien du premier, apercevant le danger, tenta d’éviter le choc ; il ne put y réussir. Les deux machines montèrent l’une sur l’autre ; l’un des fourgons fut détaché et renversé ; une voiture de troisième classe fut lancée sur le talus ; le dernier wagon de marchandises a culbuté.
Une panique indescriptible s’empara des voyageurs du train-poste de Bilbao. Ils furent, d’ailleurs, secourus aussitôt par les habitants de Orio, qui accoururent pour prodiguer des soins aux blessés.
Ces blessés sont au nombre de vingt, parmi lesquels les mécaniciens et les chauffeurs des deux trains.
On signale encore, parmi les victimes, le fameux joueur de pelote, le pelotari Cantabrie, qui venait jouer sa partie au "fronton" de Saint-Sébastien, et le postier ambulant don Andres Pena.
Les blessés ont tous reçu les premiers soins du médecin de Orio ; une partie d’entre eux ont pu regagner leur domicile après les pansements dont ils ont été l’objet ; d’autres sont soignés dans des maisons particulières. Cinq d’entre ceux-ci paraissent grièvement blessés. Tous ces voyageurs sont des cultivateurs ou des ouvriers de la région.
ORIO GUIPUSCOA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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