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jeudi 14 mars 2019

RENÉ SAVARD ET SA "NAUTILETTE" À BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1932


"LA NAUTILETTE" À BAYONNE EN 1932.


En février 1932, René Savard fait des exhibitions sur l'Adour et la Nive, avec sa Nautilette.

RENE SAVARD HYDROCCYLE

Il franchit la Barre de l'Adour et réclame le "record de la traversée de la barre", semblant 

ignorer que 5 ans auparavant, c'est M. Raucoules, le 28/10/1927 qui avait réussi le premier 

cette traversée.



Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans son édition 

du 5 février 1932 :


"A propos des expériences de Savard à Bayonne.



"L'Insubmersible."



Appareil de sauvetage, de sport, d'hygiène, de plaisir et d’utilités diverses, dont parlait le "Monde Illustré" en... mars 1869.



On s'entretient beaucoup, en ce moment, à Bayonne et aux environs expériences de René Savard, avec sa nautilette. Venu de Dax par l’Adour, il a fait à Bayonne des démonstrations et des causeries publiques très intéressantes sur son appareil. Il vu renouveler ces démonstrations dimanche matin à partir de dix heures, avant que de partir pour Pau. 


RENE SAVARD HYDROCCYLE


Ainsi que le rappelait la Gazette il y a quelques jours, M. Raucoules, professeur de culture physique à Biarritz, faisait lui aussi des expériences auxquelles prit part notre collaboratrice R. Cazal - avec un appareil du même genre. Il y a une quarantaine d’années, au Havre, le représentant d'une firme de cycles faisait lui aussi des essais sur un des bassins de ce port.



Enfin, notre confrère le Courrier de Bayonne citait mercredi un propos de Savard où celui-ci s'exprimait ainsi : "L'invention de l’hydro-cycle remonte à 1870. Elle est due à un gendarme français qui faillit se noyer en voulant l'expérimenter..."



René Savard a commis, involontairement, c'est certain, une erreur en émettant cette assertion. 



Il se peut qu'un gendarme ait failli se noyer, en 1870, en expérimentant un hydro-cycle. Mais nous avons sous les yeux un numéro du Monde Illustré de Mars 1869, montrant, en première page, un monsieur et une dame montés sur un "vélocipède nautique" que l’inventeur appelle l'Insubmersible, et qui navigue sur les flots de la côte française de la Manche, devant une station balnéaire qui est probablement Trouville. Un peu plus loin (page 198 de ce numéro, dont M. Henry Lastrade, de Bayonne, possède un rare exemplaire, avec la collection de l'année), nous trouvons l'article explicatif de l'inventeur, qui était sûrement un marin et auquel nous avons, sans doute, quelques raisons de nous intéresser personnellement. Mais nous croyons que nos lecteurs trouveront eux aussi intérêt à lire ces lignes au moment où l'on parle tant de vélocipèdes marins, de nautilettes, d'hydro-cycles, à Bayonne.



MISTINGUETT ET RENE SAVARD HYDROCCYLE


C'est avec reconnaissance, monsieur le Directeur, que j'accepte votre aimable offre de publier les dessins d'un nouveau locomoteur qu'il y a quinze ans environ j'ai baptisé Vélocipède nautique, que pour les étymologistes je nommerais volontiers Tachypodoscaphe, et que pour le public je propose d'appeler tout simplement l‘Insubmersible, de sa première et principale qualité.



Connaissant l’empressement des imitateurs à abuser de trop de facilités ouvertes à la contrefaçon, j’avais d’abord résolu de borner ma communication à mon image. Rassuré par le docte avis l’un éminent jurisconsulte, sur les droits les brevets français et étrangers que j'ai pris sur son conseil, je n’hésite plus à vous livrer, suivant votre désir, mon plan de projection horizontale, et cette note explicative, de nature, je l’espère, à édifier vos lecteurs sur les caractères de l'appareil de mon invention, et les applications dont il est susceptible. 



Quel est le principe de l’invention ? 



Comme je l’ai dit dans un travail sur le vélocipède terrestre, son âme, je dirais volontiers son auteur : "Affectation d’une roue munie de pales mue par un jeu de pédales comme force motrice du Podoscaphe." 




Quelle est la constitution de l'Insubmersible ? Il se compose, suivant sa destination, de deux ou trois bateaux pirogues, hermétiquement fermés, conjugués au moyen de quatre entretoises, et divisés chacun d’eux en trois compartiments étanches, pour plus de garanties d’insubmersibilité. Entre ces bateaux sont établies, selon les désirs ou l'application projetée, une, deux ou trois roues de 0 m. 90 ou de 1 mètre, suivant la vitesse à réaliser. Ils sont munis, de 2 en 2 d'un balancé placé au milieu du courant, développé par les pales, et mis en mouvement par une roue à empreinte, système Vancanson ou autre, des tire-veilles en corde dites drisse, et une barre dont j’ai fait l'âme de mon appareil, comme elle est celle du vélocipède terrestre. 



MISTINGUETT ET RENE SAVARD HYDROCCYLE



Comment fonctionne l'insubmersible ? Il est mis en marche, selon le nombre de ses roues, par un même nombre de nautoniers, dont l'assiette repose sur une selle en caoutchouc, fixée sur ressorts d’acier, qui, par leur élasticité, servent à utiliser la force d'inertie comme mouvement de force, et dont les mains, par la barre susmentionnée, agissent au triple point de vue de la locomotion, de la direction et de l'équilibre

De la locomotion : car, grâce à ce point d'appui, elles décuplent la force d'impulsion, tout en réduisant la fatigue des jambes ; 

De la direction : car elles font agir le gouvernail avec toute la vigueur et l’instantanéité désirables ; 

De l'équilibre : car, dans telle éventualité qui le menacerait, elles permettent de le rétablir, en s’arc-boutant de tout le poids du corps sur ladite barre, du côté opposé à la partie entraînée. 

RENE SAVARD HYDROCCYLE

Sur cette barre, - j'insiste avec intention, repose donc bien tout mon système. Elle est à l'Insubmersible comme la barre de pieds au nageur du canot ordinaire. Que celle-ci fasse défaut, et le rameur aura perdu les deux tiers de sa force ; que celle-là manque aux mains de mon nautonier, et la mission de ses jambes sera incomplète, défectueuse, impossible dans une mer tant soit peu agitée par la brise la plus légère, en face du plus faible courant. 



Encore deux ou trois détails, qu'avec tous ceux que je dois passer ici je compléterai dans ma brochure. 



RENE SAVARD HYDROCCYLE


Pour la navigation à la mer, j'ajouterai à l’avant des bateaux une second gouvernail, placé et se manœuvrant comme celui de l’arrière, afin d’avoir toujours une direction assurée, lorsque, par l'action de la lame, l'un ou l'autre viendra à porter dans le vide. 



Selon sa destination et ses dimensions, mon appareil sera muni, soit d’une ou plusieurs banquettes, soit d'un canapé ou fauteuil léger, solide par nature, puis qu'il sera en rotin et jonc ; élégant, puis qu'il sortira de chez M. E. Mutet, qui façonne la vannerie en artiste, et dont les sièges, en particulier, ont été choisis par la commission impériale pour le Palais de l’Exposition de 1867. 



Par vent favorable, l'insubmersible sera aidé d’une voilure latine ; lorsque sa mission réclamera une force supérieure aux forces humaines, il sera mu à la vapeur, appliquée de préférence à la propulsion de l’aube, car l’hélice, réclamant une profondeur d’eau de 0 m. 50 au moins, serait trop exposée dans le halage à terre d’un appareil n’ayant que 0 m. 30 de creux au maître couple. 



La stabilité de l‘Insubmersible s'affirme par son déplacement d’eau : 1 m. 15 pour deux bateaux, 1 m. 85 pour trois.



MISTINGUETT ET RENE SAVARD HYDROCCYLE


La vitesse, calculée avec une roue de 1 mètre, tournant à 60 tours à la minute, donne au développement 12 kilomètres, dont il faut défalquer l’écrasement ou recul, soumis à des conditions trop variables pour être appréciées, même en chiffres approximatifs, sans s’exposer à une exagération dont je ne veux pas me rendre coupable. 



Quelles sont les applications auxquelles je destine ce nouveau locomoteur nautique? 



Pour sa vie publique, si je peux m'exprimer ainsi : A la marine, je l’ai proposé comme agent utile et humanitaire, et les hommes les plus autorisés partagent mes convictions et encouragent mes espérances. 



Dans sa vie privée, je l'offre au public, de même que le vélocipède terrestre, comme un nouvel agent de sport, d’hygiène, de plaisir, et d’utilités diverses. 

Je ne peux pas développer ici ce thème ; mais, profitant de votre large hospitalité, je tiens à définir plus amplement la vie publique de l'Insubmersible.



Il sera utile, je l’espère, car dans une rade, un port, une rivière, un canal, etc., il rendra des services multiples et journaliers pour la surveillance, pour les communications de navire à navire, ou avec la terre, pour élonger les amarres, aller aux vivres, etc., en un mot, pour une foule de corvées réclamant aujourd’hui une embarcation et plusieurs hommes. 




Surtout et avant tout humanitaire...En effet, placé en porte-manteau à l'arrière d'un navire, il sera, pour l'homme tombé à la mer par un temps maniable, - souvent, j'aime à l'espérer, — le moyen de rallier lui même son bord ; toujours un appareil de sauvetage plus facile à saisir et à garder que la bouée ordinaire, ne mettant pas, comme elle, à la merci de toutes les lames ou des requins, en permettant d'attendre le secours direct du bâtiment, sans entraîner la mise à la mer, souvent périlleuse, d'une embarcation. 




Humanitaire, car, si un bâtiment faisant côte en est muni, il permettra d'établir avec le rivage la communication de salut, bien plus sûrement que le canon ou la flèche porte-amarres (dont la protection par vent violent et contraire n’est jamais certaine), puisqu’il y sera naturellement porté, même à défaut de l'action des pales, par les courants, le vent ou la lame ; sans danger pour celui qui se dévouera, non seulement parce que, afin d’augmenter sa sécurité, je le dote d’une ceinture de sauvetage, mais aussi parce que l’instinct de la conservation le fera s'attacher avec l’énergie irrésistible du noyé à cet appareil insubmersible. 




Humanitaire enfin, car, par la facilité de son transport, de sa mise à l’eau et de son armement, le concours du Tachypodoscaphe serait plus immédiat que celui des bateaux de sauvetage, dont l'action peut être arrêtée par l’état de le marée, une plage vaseuse, etc., ou la réunion d’une douzaine d’hommes d’équipage, souvent absents, éloignés du lieu d’embarquement, difficiles à rallier ; bateaux donc il serait dans tous les cas un précieux auxiliaire, puisqu’il pourrait les suppléer dans leur belle mission, sur de nombreux points de la côte, où leur prix élevé n’a pas permis de les établir malgré de pressants besoins. 



Paris, le 18 mars 1869."



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