LE MARÉCHAL HARISPE EN 1855.
Militaire français, Maréchal de France, ce natif de Saint-Etienne-de-Baïgorry, en Basse-Navarre, commença sa carrière militaire sous la Révolution et la termina avec la monarchie de Juillet.
Voici ce que rapporta le Journal des Débats Politiques et Littéraires, dans son édition du 3 juin
1855 :
"Nous annoncions ces jours derniers la mort du maréchal Harispe ; peu de militaires ont eu une carrière aussi remplie que celle du brave maréchal qui vient de s'éteindre. Voici un abrégé sommaire de ses états de service, extrait du Moniteur de l'Armée :
"Jean-Isidore Harispe était né à Saint-Etienne de Baigorry (Basses-Pyrénées), le 7 décembre 1768 ; il débuta dans la carrière des armes le 8 mai 1792, comme capitaine d'une compagnie franche de chasseurs basques. A la tète de ce corps, le jeune Harispe prit une part active à tous les combats d'avant poste qui précédèrent l'investissement de Saint-Jean Pied-de-Port et l'occupation des Aldudes par les Espagnols, et assura la conservation de la vallée de Baigorry qu'il défendit courageusement avec ses compatriotes contre l'invasion étrangère.
Le 23 mai 1793, il se distingua à l'affaire de Val-Carlos, et le 3 juin, à celle de Baigorry. Il s'empara du rocher d'Arola, entre Baigorry et Saint-Jean Pied-de-Port, et brisa l'investissement de cette dernière place en formant comme une citadelle naturelle entre les deux montagnes. 4 000 Espagnols tentèrent l'assaut de cette position ; trois fois repoussés, trois fois ils revinrent à la charge et finirent par renoncer à leur projet, laissant 500 des leurs au pouvoir des Français.
Le 15 octobre 1793, Harispe se fit remarquer à l'attaque du camp d'Espiguy, protégé de tous côtés par des rochers et des ouvrages avancés ; il emporta toutes ces positions, culbuta l'ennemi et lui fit encore de nombreux prisonniers ; il reçut dans l'action un coup de feu à la jambe gauche.
MARECHAL JEAN ISIDORE HARISPE |
Chef du 2e bataillon de chasseurs basques, le 14 nivôse an II, il chassa l'ennemi des Aldudes, contribua à la prise des redoutes de Berdaritz, et fut, en récompense de son intrépidité dans cette journée, promu au grade de chef de brigade sur le champ de bataille le 15 prairial an II. Il se signala de nouveau à la prise de Fontarabie, du Port-du-Passage, de Saint-Sébastien, de Vittoria et de Bilbao.
Rentré en France à la fin de l'an IV, il fit les campagnes de l'an VII et de l'an VIII à l'armée de réserve et celle de l'an IX à l'armée d'ltalie sous les ordres de Moncey.
ARMOIRIE DE BARON D'EMPIRE DE JEAN ISIDORE HARISPE |
Commandant la 16e demi-brigade d'infanterie légère, le 28 floréal an X, il imprima à ce corps une direction et un esprit de discipline qui firent l'admiration de l'armée ; pendant les ans XII et XIII, il servit à l'armée des côtes de l'Océan.
Membre de la Légion d'Honneur, le 20 frimaire an XII, officier du même Ordre le 25 prairial suivant, le colonel Harispe fit les campagnes de 1805 à 1807 à la Grande-Armée, en Autriche, en Prusse et en Pologne.
Général de brigade le 29 janvier 1807, Harispe combattit vaillamment à Gutstadt, à Heilsberg et à Friedland, où il fut blessé du nouveau d'un éclat de mitraille.
MARECHAL JEAN ISIDORE HARISPE |
Nommé chef d'état-major du corps d'observation des côtes de l'Océan le 16 décembre 1807, il passa à l'armée d'Espagne au mois de mai suivant, et pénétra avec le maréchal Moncey dans le royaume de Valence. Chef d'état-major du 3° corps de l'armée d'Espagne, le 1er octobre 1808, il se distingua à Tudela le 23 novembre, au siège de Saragosse, au combat d'Alcanitz et à celui de Maria où il eut le pied gauche traversé par une balle. Le 5 octobre 1810, il fut appelé aux fonctions de commandant d'une division d'infanterie du 3° corps devenu armée d'Aragon.
Général de division le 12 octobre 1810, il fut chargé de couvrir avec 4 000 hommes le siège de Lérida, en éclairant la route de Tarragone sur la rive gauche. Il battit l'ennemi fort de 15 000 hommes : 600 tués ou blessés, 6 000 prisonniers, 4 drapeaux et 3 pièces de canon furent le résultat de ce brillant combat, un des plus remarquables de l'armée d'Aragon.
Il commandait au siège de Tarragone les troupes qui montèrent à l'assaut du fort Oliva, où il fut blessé d'un éclat de bombe. Pendant le restant de l'année, il contribua puissamment à la conquête du royaume de Valence.
Créé comte de l'Empire le 3 janvier 1813, il combattit à Castalla et à Ibl, enleva le 11 avril le cantonnement d'Yecla, fit 4 à 5 000 prisonniers, et facilita par cette manœuvre les projets du maréchal Suchet sur le camp de Castalla.
MARECHAL JEAN ISIDORE HARISPE |
ARMOIRIE DE COMTE D'EMPIRE DE JEAN ISIDORE HARISPE |
Commandant la 8e division d'infanterie de l'armée d'Espagne, le 25 décembre 1813, Harispe rejoignit l'armée du maréchal Soult au commencement de 1814. Le 8 janvier, il fut chargé du commandement de la levée en masse des Hautes-Pyrénées, des Basses-Pyrénées et des Landes ; il combattit vaillamment contre l'invasion anglaise, entre autres rencontres, à Baigorry, son village natal, où son habitation même, le château d'Echaux, fut occupée par Mina. Harispe attaqua et battit en brèche la maison paternelle jusqu'à ce qu'il eut forcé le chef espagnol à l'évacuer en n'y laissant que les quatre murailles. Il soutint la retraite à Orthez le 27 février, à Tarbes le 20 mars, et le 10 avril à la bataille de Toulouse, où il fut chargé de défendre les hauteurs du Calvinet contre lesquelles s'étaient portés les efforts de l'ennemi. Harispe s'y maintint avec vigueur contre les Ecossais, et ne quitta le champ de bataille qu'après y avoir été renversé par un boulet qui lui emporta la moitié du pied. L'amputation du pied ne permit pas au général Harispe de suivre l'armée, et il resta à Toulouse au pouvoir des Anglais. Le 1er mai, dans un ordre du jour, le maréchal Soult donna les plus grands éloges à la brillante conduite du brave général.
CHATEAU DU MARECHAL HARISPE A LACARRE EN BASSE NAVARRE |
A la paix, le général Harispe reçut le commandement de la 11° division militaire. Disponible le 18 avril 1815, il fut placé, le 11 mai, à la tête de la 26° division d'infanterie au corps d'observation des Pyrénées et fut chargé de surveiller, entre Bayonne et Saint-Jean-Pied de-Port, la frontière menacée par les Espagnols, dont il arrêta l'invasion.
Compris dans le licenciement général de l'armée, il fut placé comme disponible dans le cadre d'organisation de l'état-major général le 30 décembre 1818. Admis à faire valoir ses droits à la retraite le 30 décembre 1824, il fut retraité définitivement le 16 février 1825.
ARMOIRIE SOUS MONARCHIE DE JUILLET ET SECOND EMPIRE DE JEAN ISIDORE HARISPE |
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