— Les jours tempérés qui nous avaient rendu l'hiver si supportable, se sont enfuis. La neige et le grésil sont tombés avec abondance, mélangés de pluie. Le sol détrempé est glacial. Dans les environs, la neige s’est fixée sur les coteaux qu’elle enveloppe d'un manteau blanc.
Cette apparition tardive du froid sera péniblement supportée par nos populations en raison de la rareté ou de la cherté du combustible.
C’est un sacrifice qu’elles accepteront avec leur fermeté habituelle de coeur, à la pensée que, sur le front, nos vaillants poilus se battent par tous les temps pour le salut de la Patrie."
La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz rapporte, le 15 janvier 1917 :
"La neige. —
A Bilbao et dans toute la province de Viscaye, la neige tombe en abondance. Il est presque impossible de circuler dans les rues de la ville à cause du vent.
Dans la Navarre, la neige tombe en grande abondance. A Pampelune, elle atteint, dans les rues, une hauteur de 70 à 80 centimètres ; les trains arrivent avec beaucoup de retard.
A la petite station de Berro, il y a eu une rencontre de deux trains de voyageurs. Trois wagons ont été brisés et trois voyageurs blessés."
QUAI DES BASQUES BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Février :
"Jeanne Dussard, apprenti couturière, trouve et rapporte au poste de police des boucles
d'oreilles avec diamants d'une valeur de 5 000 F. Leur propriétaire, Mme V. de S. , de Biarritz,
sur les Forges. La batterie de La Barre le fait fuir. Deux morts (Jean Dupouy, Jean Peytrain),
nombreux blessés dont deux graves.
Léon Faure, 23 ans, embarque des chevaux dans un wagon gare du Midi. Il est tué par
une ruade.
La censure est vigilante : les trois quarts de la page Bayonne du Courrier du 28 sont
blanches."
ALLEES MARINES BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Mars :
"Une charrette chargée de pommes de terre et ses deux boeufs tombent dans la Nive,
quai des Basques. Deux agents les repêchent. La cargaison est récupérée à grand peine le
lendemain."
La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz rapporte, le 24 janvier 1917 :
"Accident.
— Jeudi, vers 4 h. 30, le bouvier Chipay venait de charger 27 sacs de pommes de terre et avait laissé sa charrette à proximité de la cale du quai des Basques.
A un moment donné, les bœufs se mirent à reculer et, entraînés par la charge, l’un des animaux tomba dans la Nive.
Les agents Agner et Lahitète, aidés de quelques personnes de bonne volonté, procédèrent au sauvetage. Un bœuf a eu une corne arrachée et les 27 sacs de pommes de terre sont allés dans la rivière. Ils ont pu être retirés de l’eau.
Ces pommes de terre sont destinées à la semence de la commune de Mouguerre."
CONFLUENT NIVE ET ADOUR BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Avril :
"Le caporal Ducasse, du 7e colonial, veut prendre le B. L. B. en marche. Il tombe et perd
une jambe, sectionnée."
Mai :
"Un permissionnaire, Georges St-Cricq, emprunte le très dangereux passage à niveau
des allées Marines, sans barrière, près de la caserne des Douanes. Il ne voit pas arriver un train
de Biarritz. Il est accroché, perd un pied et est trépané."
Juin :
"Début du transport de marchandises par gabarres sur l'Adour, de Mont-de-Marsan à
Bayonne par Tartas et Dax, par la Société Maritime et Commerciale Franco-Anglaise (P.
Labéguerie, 2 rue J. Laffitte)."
PONT MAYOU ET THEÂTRE BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Juillet :
"Les triperies peuvent ouvrir les jours de fermeture des boucheries."
Août :
"Création du journal régional d'action patriotique Sud-Express par M. Henry-Paul
Joinaud.
Décès dans un accident d'avion du cycliste boucalo-bayonnais Lafourcade, vainqueur de
Paris-Bordeaux."
FRANCOIS LAFOURCADE 1ER PARIS-BORDEAUX 1913
PAYS BASQUE D'ANTAN
PONT ST ESPRIT BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Septembre :
"A une heure du matin, une gabarre de l'entreprise Labarrère heurte une pile du pont St-
Esprit et coule à pic. Les trois hommes d'équipage sont sauvés. Ils rentrent à pied pour Guiche.
Sur la route, ils se heurtent à trois hommes qui sont des prisonniers allemands évadés ! Ces
derniers se sauvent mais seront pris deux jours plus tard, par la Douane de Cambo.
La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz rapporte, le 6 septembre 1917 :
"Evadés et repris.
— Les trois prisonniers allemands aperçus sur le chemin de halage de l’Adour par les naufragés de la gabarre de M. Labarrère, n’ont pu atteindre le but qu’ils se proposaient. Les douaniers de Cambo ont, en effet, capturé les fugitifs et les ont mis à la disposition de l’autorité compétente.
Ce sont les nommés Hupe Williem, du 164e d’infanterie, 22 ans ; Schon Franz, du 179e d’infanterie, 26 ans et Marichal Jules, du 3e grenadier, régiment de la reine Elisabeth, 24 ans.
De connivence, ils se sont enfuis de Peyrehorade où ils étaient occupés à la construction d’un pont, le dimanche 2 septembre courant. Marchant la nuit, ils longèrent l’Adour et arrivèrent à Bayonne. Là, leur présence fut signalée et ils se dirigèrent alors sur St-Pierre d’Irube ; puis, en suivant les bords de la Nive, ils arrivèrent en vue d’Ustaritz. Pour ne pas traverser cette importante agglomération, ils traversèrent la rivière à la nage et continuèrent leur route avec l’espoir de franchir la frontière et d’entrer en pays neutre. Les douaniers de Cambo ont remis ces boches sur le chemin de la réalité et leur voyage s’est poursuivi dans une direction opposée.
Nous avons demandé à un de ces prisonniers, qui parle très correctement le français, les mobiles de leur évasion.
— Prisonniers depuis la retraite de la Marne, nous a-t-il répondu, nous avions assez de la captivité, d’autant plus que nous n’étions pas habitués au genre de travail auquel nous étions assujettis.
— Est-ce pour retourner sur le front que vous vous êtes enfuis ?
— Oh ! non, s’est écrié notre interlocuteur ; assez de guerre comme cela ! Nous avions soif de liberté et nous espérions trouver du travail en pays neutre.
Comme on le voit, ce n’est pas dans un élan patriotique que ces soldats qui, pourtant, ont peu combattu, cherchaient à s’enfuir. Leur rêve est plus terre à terre : ils aspiraient à la tranquillité."
L'abbé Coret, curé de Lons, 44 ans, mobilisé infirmier à Pau, prend le B. A. B. en marche
aux Cinq-Cantons. Il tombe sous le tram et décède les deux jambes broyées sectionnées à
hauteur des cuisses."
QUAI DES BASQUES BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Octobre :
"Des jeunes sont verbalisés pour avoir, à deux reprises, enduit de cambouis les poignées
du B. A. B."
Novembre :
"Halte Lachepaillet, une jeune femme de chambre de la marquise de Salamanca descend
en marche. Elle est "broyée" par le wagon.
L'Echo du Sport reparaît après trois ans d'absence, la plupart des rédacteurs étant
revenus du front."
QUAIS DE LA NIVE BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
Décembre :
"Mme veuve Lasserre, 75 ans, de la buvette St-Léon, met en fuite, à 6 heures et demie
du soir, deux malandrins qui lui ont porté deux coups de marteau sur la tête !
La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz rapporte, le 15 décembre 1917 :
— Jeudi soir, vers six heures et demie, dans la banlieue de Bayonne, quartier saint Léon, deux jeunes gens ont pénétré dans une buvette tenue par Mme veuve Lasserre, âgée de soixante-quinze ans, maison Balanguet.
Les deux jeunes gens se sont fait servir à boire ; puis, s’étant approché de Mme Lasserre, qui se chauffait devant le foyer d’une cheminée, ils la frappèrent à coups de marteau sur la tête.
La vieille femme poussa des cris. Les jeunes gens prirent alors la fuite.
Des premiers renseignements, il résulte que l’un des agresseurs serait un nommé Luci, âgé de dix-huit ans, manœuvre et charretier dans diverses maisons de la ville et en ce moment en traitement à l’hôpital Saint-Léon.
La vieille femme est dans un état grave.
Le vol était le mobile de cette agression.
L'enquête ouverte au sujet de la tentative de meurtre sur la personne de Mme Vve Lasserre, tenancière de la buvette, installée maison Balangué, au camp Saint-Léon, a donné des résultats heureux et les deux coupables sont actuellement sous les verroux à la disposition de la Justice. Ce sont les nommés Pierre Lussy, 17 ans, sans domicile fixe et André Belledo, 17 ans, manœuvre à Bayonne, rue Marengo.
Ils ont été écroués à la maison d’arrêt de Bayonne, par mandat de M. le juge d’instruction de Bayonne, et sous l’inculpation de tentative d'assassinat ; ils ont en effet avoué leur préméditation et leur intention formelle d'assommer leur victime Mme Vve Lasserre pour la dévaliser ensuite."
Halte St-Léon, Mme Bien, de Biarritz, veut monter dans le B. A. B. en
marche. Elle meurt les deux jambes broyées."
RUINES DE MARRAC BAYONNE 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN
(Source : Un siècle à Bayonne de Manuel Castiella aux éditions Atlantica)
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
Plus de 5 700 autres articles vous attendent dans mon blog :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire