LE TOUR DE FRANCE RÉGUM EN 1932.
Le nom de marque, Régum, est l'abréviation de René (R), Elissabide (é) et gomme (gum).
LES MARCHEURS "TOUR DE FRANCE REGUM" 1932
Inventeur formidable, René Elissabide est à l'origine de la plus populaire des chaussures
fabriquées à Mauléon, la Pataugas, créée après 1945.
Je vous ai déjà parlé de la chaussure Pataugas dans un article précédent.
C'est le 10 janvier 1932 que commence le Tour de France Régum.
Voici ce que rapporta à ce sujet la presse :
- L'Ouest-Eclair (Rennes), le 12 janvier 1932 :
"Le Tour de France à la marche en Charentais Régum.
Dimanche 10 Janvier, a eu lieu à Mauléon le départ du Tour de France à la Marche organisé par le Charentais Régum. Une équipe de marcheurs basques a pris la route, saluée par une foule considérable. A l'intérêt d'une telle randonnée, accomplie en plein hiver, s'ajoute celui de l'équipement des marcheurs ; ceux-ci partent, en effet, pour cette épreuve de 4 000 kilomètres, chaussés du nouveau Charentais Régum.
LES MARCHEURS REGUM MAULEON 10 JANVIER 1932 PHOTO OUEST-ECLAIR PAYS BASQUE D'ANTAN |
Le Charentais Régum réalise cette particularité d'être une confortable chaussure d'appartement établie pour supporter les pires travaux d'extérieur. Et de fait, le voici qui aborde, dès sa naissance, la plus terrible épreuve à laquelle on puisse soumettre une chaussure : le Tour de France en plein hiver dans la boue et la neige, par les pires chemins de montagne et les terres détrempées.
Les marcheurs de l'équipe Régum se relaieront à raison de 35 kilomètres par jour, les mêmes paires restant continuellement en service. Ils reprennent la route légendaire des anciens Compagnons du Tour de France et ressuscitent avec bonheur leur tradition.
Ils traverseront successivement Pau, Toulouse, Narbonne et Marseille. Remontant par Grenoble et Lyon, ils passeront des routes sinueuses des Alpes aux terres molles de la Franche-Comté. Dijon et Nancy les verront monter vers le Nord. Ils redescendront sur Rouen, Rennes et la Bretagne ; puis, dépassant La Rochelle, ils aborderont aux rives de la Gironde vers la fin de février. Un dernier effort à travers les Landes, voici Bayonne en fête et enfin Mauléon, capitale du Régum et terme de la gigantesque randonnée.
Ainsi s'accomplira le premier Tour de France à la Marche. Nous tiendrons nos lecteurs au courant est formons des vœux pour le triomphe de la meilleure chaussure aux pieds des meilleurs marcheurs."
- la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 29 février 1932 :
"Le Tour de France Régum.
Comme un événement sportif peut remuer les foules dans notre région ! On s’en est rendu compte samedi après-midi lorsque arrivèrent les marcheurs du Tour de France Regum. De chaque côté de la route, des rues et des ponts, depuis Saint-Etienne jusqu'à la place de la Liberté, les curieux se pressaient en rangs compacts. Il est vrai qu’il y avait là ainsi que nous le disions l'autre jour, plus qu'un bel exploit d'endurance physique. Il y avait l'intérêt témoigné à une industrie régionale, à une industrie basque et à sa belle audace, alors que partout on parle de crise, de voir lancer sur les routes, avec des frais qui sont certainement considérables, une équipe de sportsmen qui attachent à leurs semelles, c'est le cas ou jamais de le dire, la renommée d’une entreprise.
Puis un autre attrait était offert à des privilégiés en même temps qu'aux organisateurs de l’épreuve et aux coureurs : l’agence Havas ouvrait, ou plutôt entr'ouvrait les portes de son nouvel immeuble, au rez-de-chaussée de l'hôtel de la Chambre de commerce, local vaste et superbement aménagé, où s'abritera également, ainsi que nous l’avons dit, le Syndicat d'initiative de Bayonne et du Pays Basque.
II n'était pas trois heures et demie lorsque les dix marcheurs de cette formidable randonnée arrivèrent sur la place. Rappelons leurs noms : Amestoy, Grimaud, Larramendy, Tolosana, Tance, Guerrero, Bonil, Guestéréguy, Héguilhem, Etchebarne.
EQUIPE DES MARCHEURS REGUM 1932 |
Ils pénètrent dans le hall de l’agence Havas où se trouvent déjà réunis, autour de M. Prat, secrétaire général de l’agence, remplaçant M. Fouchou, directeur — fâcheusement souffrant et à qui nous souhaitons un prompt rétablissement — MM. Lacouture, adjoint au maire de Bayonne ; Lerov, vice-président de la Chambre de commerce ; Constantin, président du Syndicat d’initiative ; Boissel, directeur du Musée Basque ; Frois, président de l'Aviron Bayonnais ; docteur Lafourcade, Cazauran, conseiller d'arrondissement; Danev, Hargous, ingénieur de la Chambre de commerce ; le personnel de l’agence Havas et les représentants de la presse locale et régionale.
Sont présents également — et il était juste qu'ils fussent à l’honneur — les organisateurs de l'épreuve : MM. Elissabide, Arnaud d'Abadie, chef de la section de Marche ; Béhétv, directeur général du "Tour" ; Bière, soigneur ; Eyhérabide, chauffeur.
Des allocutions furent prononcées.
M. Elissabide prend le premier la parole pour dire son émotion du bel accueil qui est fait aux vaillants marcheurs. Ceux-ci ont mérité les plus vives félicitations. Les Basques sont d'admirables marcheurs et l'exemple donné par ceux de Mauléon entraînera, on peut l'espérer, la création de nombreux clubs de marche.
M RENE ELISSABIDE PATAUGAS |
M. Lacime, de l'agence Havas, donna lecture de la lettre suivante :
Mesdames, Mon cher ami, Messieurs,
Je m'excuse de manquer à tous mes devoirs de maître de Maison.
La grippe, en me retenant au lit, me prive du plaisir de vous accueillir moi-même et de vous souhaiter la bienvenue dans cette succursale bayonnaise dont nous entr'ouvrons les portes en votre honneur.
En attendant que la mise au point définitive de son installation nous permette de célébrer avec quelque éclat son inauguration officielle, cette nouvelle agence — dont la raison d'être est de mieux servir la Cause du commerce et de l’industrie de Bayonne et du Pays Casque — se devait de ne pas laisser passer l’occasion de fêter celui qui, par une entreprise hardie en pleine crise, vient d’affirmer, à travers la France, ces admirables qualités de votre race : la ténacité dans le labeur, la sérénité pendant l’orage, la Foi en des jours meilleurs.
Mon cher M. Elissabide,
Mieux qu’une remarquable épreuve plus éloquent que moi le plaisir de glorifier, votre "Tour de France en Pantoufles" a été pour moi un symbole.
Si vos braves petits basques, les pieds bien au chaud dans leurs "charentais" de Mauléon, ont démontré qu’avec Régum on peut affronter sans crainte, pluie, boue neige et froid, par elle-même, votre initiative, aussi courageuse que réfléchie, a été pour tous les chefs d’industrie, gelés par la Crise, le plus bel exemple d’optimisme.
Mieux encore, votre Ténacité, votre Sérénité, votre Foi, en l'Avenir ont permis à l’Œuvre sociale, à laquelle vous n’avez cessé de vous dévouer, de s'accomplir.
En effet, grâce à vous, des centaines d’ouvriers travaillent encore dans un centre industriel particulièrement éprouvé, où grèves et chômages n'ont pu franchir le seuil de vos usines.
En dépit de la Crise, vos collaborateurs, du plus intime au plus modeste, ont confiance en votre œuvre, parce qu'ils la voient se consolider chaque jour davantage dans l'Ordre et la Méthode, et aussi se renouveler chaque jour sous l’élan d’initiatives publicitaires auxquelles nous sommes heureux, nous Havas, de collaborer.
Messieurs,
Selon la forte expression de Célestin Gambade :
"Le client, c’est le Bon Dieu".
On peut en effet avoir un culte sincère pour un client quand, à l’exemple de notre ami, il sait vous récompenser de votre dévouement à sa Cause par toujours plus de confiance, de gratitude et de fidélité.
M. Fouchou termine son discours en remerciant tous ceux qui avaient répondu à l’invitation des organisateurs de cette intime réception en donnant rendez-vous pour l’inauguration officielle de l’Agence de Bayonne.
Puis ce fut le tour de M. Prat, secrétaire général de l’agence Havas, de souhaiter la bienvenue aux marcheurs, de célébrer leur vaillance et de dire combien on doit admirer le cran de l'entreprise Regum qui mit sur pied cette belle épreuve et qui, autant que les coureurs, donne une idée de la ténacité et de l'esprit d’entreprise des Basques.
Successivement parlèrent encore : M. Frois, président de l'Aviron, au nom des sportifs ; Lacouture, adjoint au maire ; Le Roy, vice-président de la Chambre de commerce. Tous furent sympathiquement applaudis.
Un lunch fut servi.
Les marcheurs, infatigables, repartirent dans la nuit pour Mauléon.
L'arrivée à Mauléon.
LES ALLEES MAULEON 1932 |
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