LES "TROUBLES" DE MAULÉON EN 1845.
En 1845, des émeutes contre "la vie chère" éclatent à Mauléon, en Soule.
PAYSANS BASQUES MAULEON PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal La Quotidienne, dans son édition du 7 juillet 1845 :
"Troubles de Mauléon.
—Une lettre que publie l'Observateur des Pyrénées donne les détails qui suivent sur les troubles de Mauléon :
"Mauléon 29 juin.
Depuis quelques années, il se fait à Mauléon, section de Licharre, le 24 juin, une procession partant de la chapelle de cette section, et se rendant à un établissement de bains appelé Fontaine-Saint-Jean.
FONTAINE DE LICHARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
L’affluence des habitants des communes du canton à cette procession n’avait jamais été aussi considérable que mardi dernier. Une foule de nombreux paysans armés de bâtons ferrés suivaient cette procession : ceux d’entre eux qui se distinguaient par leur voix (entre autres le nommé Behopé, de Moncayolle, arrêté le mercredi, et conduit à Pau ce matin), s’étaient mêlés aux chantres, et s’y faisaient remarquer par leur tenue décente et pieuse.
Les Basques vont de la messe au cabaret ; où pourraient-ils aller en attendant l’heure du marché aux grains, qui ne s’ouvre dans tout le pays qu’à quatre heures du soir ? De quoi pourraient-ils causer entre eux, si ce n’est de la cherté du grain, et de l’extrême rareté du numéraire ?
PAYSANS BASQUES MAULEON PAYS BASQUE D'ANTAN |
Quatre heures sonnent. Le beffroi donne le signal de l’ouverture du marché aux grains. La foule s’y précipite. Un conseiller municipal est chargé de fixer le prix du grain : il le taxe à 8 fr. 40 cent. Un individu, aujourd’hui arrêté et conduit à Pau, le nommé Claverie, se plaint de la taxe, prétendant que le sieur Baptiste Tabaille, marchand de grains, lui a offert déjà le maïs à 8 fr. la conque (ou 20 fr. l’hectolitre). Tabaille soutient que cela n’est pas, et qu’il entend vendre d’après la taxe. Claverie donne une poussée à Tabaille, puis une seconde poussée ; la foule s’émeut et s’irrite de plus en plus.
Les gendarmes vont chercher M. le maire, qui se rend au marché, monte sur des sacs de blé, harangue le peuple, cherche à l’apaiser par des promesses plus ou moins rassurantes, et enfin est précipité, d’un coup de bâton, de sa tribune improvisée. Furieux, le peuple se rue sur lui pour le fouler aux pieds, mais le nommé Araulthabegaray, de Moncayolle, l’enlève dans ses bras et le porte dans une maison voisine, poursuivi par la foule sur laquelle on ferme les portes de la maison, qu’elle frappe à coups redoublés. Le bruit de ce malheur s’étant rapidement répandu dans la Ville, M. le sous préfet se transporta au marché, et arriva jusqu’au maire sans avoir pu adresser un mot à la foule exaspérée. L’un et l’autre se retirèrent bientôt dans la basse ville, quartier de leurs habitations.
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