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jeudi 3 janvier 2019

LES ÉMEUTES DE MAULÉON-MAULE EN SOULE AU PAYS BASQUE EN JUIN 1845


LES "TROUBLES" DE MAULÉON EN 1845.


En 1845, des émeutes  contre "la vie chère" éclatent à Mauléon, en Soule.




PAYSANS BASQUES MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta le journal La Quotidienne, dans son édition du 7 juillet 1845 :


"Troubles de Mauléon.



 —Une lettre que publie l'Observateur des Pyrénées donne les détails qui suivent sur les troubles de Mauléon :


"Mauléon 29 juin. 



Depuis quelques années, il se fait à Mauléon, section de Licharre, le 24 juin, une procession partant de la chapelle de cette section, et se rendant à un établissement de bains appelé Fontaine-Saint-Jean.  



FONTAINE DE LICHARRE
PAYS BASQUE D'ANTAN


L’affluence des habitants des communes du canton à cette procession n’avait jamais été aussi considérable que mardi dernier. Une foule de nombreux paysans armés de bâtons ferrés suivaient cette procession : ceux d’entre eux qui se distinguaient par leur voix (entre autres le nommé Behopé, de Moncayolle, arrêté le mercredi, et conduit à Pau ce matin), s’étaient mêlés aux chantres, et s’y faisaient remarquer par leur tenue décente et pieuse. 




Les Basques vont de la messe au cabaret ; où pourraient-ils aller en attendant l’heure du marché aux grains, qui ne s’ouvre dans tout le pays qu’à quatre heures du soir ? De quoi pourraient-ils causer entre eux, si ce n’est de la cherté du grain, et de l’extrême rareté du numéraire ? 



PAYSANS BASQUES MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN

Quatre heures sonnent. Le beffroi donne le signal de l’ouverture du marché aux grains. La foule s’y précipite. Un conseiller municipal est chargé de fixer le prix du grain : il le taxe à 8 fr. 40 cent. Un individu, aujourd’hui arrêté et conduit à Pau, le nommé Claverie, se plaint de la taxe, prétendant que le sieur Baptiste Tabaille, marchand de grains, lui a offert déjà le maïs à 8 fr. la conque (ou 20 fr. l’hectolitre). Tabaille soutient que cela n’est pas, et qu’il entend vendre d’après la taxe. Claverie donne une poussée à Tabaille, puis une seconde poussée ; la foule s’émeut et s’irrite de plus en plus. 




Les gendarmes vont chercher M. le maire, qui se rend au marché, monte sur des sacs de blé, harangue le peuple, cherche à l’apaiser par des promesses plus ou moins rassurantes, et enfin est précipité, d’un coup de bâton, de sa tribune improvisée. Furieux, le peuple se rue sur lui pour le fouler aux pieds, mais le nommé Araulthabegaray, de Moncayolle, l’enlève dans ses bras et le porte dans une maison voisine, poursuivi par la foule sur laquelle on ferme les portes de la maison, qu’elle frappe à coups redoublés. Le bruit de ce malheur s’étant rapidement répandu dans la Ville, M. le sous préfet se transporta au marché, et arriva jusqu’au maire sans avoir pu adresser un mot à la foule exaspérée. L’un et l’autre se retirèrent bientôt dans la basse ville, quartier de leurs habitations. 



PAYSANS BASQUES MAULEON
PAYS BASQUE D'ANTAN

J’ai omis de vous dire que le maire s’était rendu au marché escorté de quelques gendarmes, dont il fut séparé immédiatement par la masse populaire qui les poussa dans les maisons. 




Aussitôt, les principaux agitateurs proclamèrent le prix du maïs à 15 fr. l’hectolitre, et exigèrent des marchands blatiers qu’ils le livrassent à ce prix aux consommateurs. Beaucoup de ceux-ci payèrent, mais un grand nombre firent main-basse sur la marchandise et la pillèrent en un clin d’œil. C’étaient les plus forts. Les plus faibles restaient sans grain. 




Les dispensateurs improvisés de l’alimentation du peuple se dirigèrent alors vers ce qu’on appelle les réserves des marchands blatiers ; ce sont des petites chambres à portée, dans lesquelles ils déposent quelques sacs de blé, où ils vont puiser à mesure de la consommation. Les portes de ces chambres furent enfoncées, le blé pillé, et chacun abandonna la ville, les uns en emportant ce qu’ils avaient acheté, les autres ce qu’ils avaient volé. Il y en eut cependant quelques uns qui déposèrent quelques sacs dans différentes maisons, avec l'espoir de revenir le lendemain pour les chercher ; mais cette nuit, M. le juge de paix, aidé de la garde nationale et de la gendarmerie, a mis la main sur ces blés pour ainsi dire abandonnés, puisque personne n’est venu les réclamer.




Le lendemain, l’instruction commencée par le juge de paix a été continuée par M. le juge d’instruction et le procureur du roi de Saint-Palais




Une compagnie d’infanterie a été envoyée de Navarrenx. La ville s’est un peu remise de sa frayeur, et, à dire vrai, l’aspect du pays était fort peu rassurant. Le paysan ne parlait de rien moins que de brûler la ville. 




Jeudi, la cour ayant évoqué l’affaire et délégué MM. de Lamothe et Dutey, ces magistrats, à leur arrivée, ont empêché le départ des individus arrêtés, qui allait avoir lieu pour Saint-Palais




Il y a jusqu’ici dix-huit personnes arrêtés, et l’on s’attend à chaque instant à de nouvelles arrestations.  




Des lettres anonymes ont été écrites aux autorités pour les menacer d’incendie, s’ils ne mettaient pas les prisonniers en liberté ! La menace ne s’exécutera pas, il n’y aura même pas la moindre tentative à cet égard. 




Une compagnie de grenadiers du 60e, venant de Saint-Jean-Pied-de-Port au pas de course, et un escadron de cavalerie venant de Bayonne, sont arrivés ce matin. On attend un bataillon venant d’Oloron et un escadron de Tarbes. L’on ne paraît pas avoir une confiance entière dans la garde nationale, qui se compose au 4/5e de cultivateurs et d’ouvriers." 









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