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dimanche 27 janvier 2019

LE LIVRE "LÉGENDES BASQUES" DE JEAN BARBIER EN 1931


"LÉGENDES BASQUES".


De nombreux livres ont été écrits sur les contes et légendes Basques.

EGENDES BASQUES DE JEAN BARBIER
ILLUSTRATIONS PABLO TILLAC




Voici ce que rapporta le journal Le Figaro, dans son édition du 19 septembre 1931, sous la 

plume de Marc Varenne :


"Légendes Basques. Par Jean Barbier. — Illustrations de J.-P. Tillac (Delagrave)



LEGENDES BASQUES DE JEAN BARBIER
ILLUSTRATIONS PABLO TILLAC

Je ne sais si "les tristes courlis, annonciateurs de l'automne", dont parle Pierre Loti dans l'admirable début de Ramuntcho, se préparent à fuir la haute mer, pour chercher, un asile dans la paix de la campagne pyrénéenne, mais en lisant ces légendes recueillies depuis tant d'années par M. Jean Barbier à travers le pays basque, je n'ai pu m'empêcher d'évoquer la physionomie du prodigieux écrivain — un peu trop oublié de la génération présente — que Jules Lemaître a très justement défini "la plus délicate machine à sensations que j'aie jamais rencontrée". Pierre Loti aurait aimé ces récits qui, ayant tous trait au passé de l'Eskal-Euria, nous ouvrent maints aperçus sur les traditions du Labourd, de la Basse-Navarre et des hautes montagnes de la Soule. M. Jean Barbier a résolument banni la fantaisie des pages de ce livre, et il spécifie qu'il s'agit ici de légendes, dont certaines, remontant à sa toute première enfance, sont gravées dans sa mémoire à un point tel qu'il les réciterait sans y changer le moindre mot, et non pas de contes que souvent l'imagination du folkloriste indélicat enjolive à plaisir et n'hésite même pas à créer. 



LE MARECHAL FERRANT DE PABLO TILLAC
PAYS BASQUE D'ANTAN

D'ailleurs, afin de montrer combien il est sincère et combien il respecte les sources essentiellement populaires de ces légendes, M. Jean Barbier a pris soin de faire figurer le texte basque à la fin de chacune des trois parties de son ouvrage. D'où viennent ces légendes ? Par qui et où ont-elles été narrées ? Voilà le côté délicieux de ces sortes de travaux d'érudition. Le chercheur est parfois aidé par le hasard : une rencontre inopinée dans une ferme où l'on entre, un soir, chassé par l'orage, et là une vieille femme assise auprès de l'âtre est, heureuse de rappeler pour vous des souvenirs d'une époque lointaine ; puis il y a le berger qui, dans la solitude des plateaux, rêve aux étoiles en surveillant son troupeau et qu'il faut interroger avec adresse ; les mendiants, les "chemineaux" de la région jouent également leur rôle, sans omettre les servantes de la famille, qui naissaient et mouraient dans la maison et se plaisaient à en dormir les enfants en leur confiant les aventures de Jésus et de saint Pierre pendant leur séjour dans les landes d'Hasparren ou sur les bords du lac de Biarritz

A L EGLISE DE PABLO TILLAC
PAYS BASQUE D'ANTAN

Car Jésus et son disciple préféré sont les héros de nombreuses paraboles ; les tournées apostoliques en pays basque leur agréent beaucoup et Jésus parait se divertir à mystifier les sottes gens qui, imitant le geste du Sauveur, ne réussissent qu'à brûler leur blé. Quant aux Laminak, gnomes fabuleux, qui tiennent une place considérable dans la majorité des légendes basques, existe-t-il quelque part une description de ces gardiens de trésors souterrains ? Non, et dans les auteurs anciens, qu'ils soient hébreux, grecs ou latins, on ne trouve pas de définition réelle des laminak qui, condition essentielle, n'importunent les humains que la nuit. Les légendes qui terminent le curieux recueil de M. Jean Barbier revêtent, semble-t-il, un caractère d'ordre plus général. Certes, elles possèdent a fond les qualités basques, en ce sens surtout qu'elles ne cessent pas d'être drapées dans un mystère presque impossible à pénétrer — et c est ce qui constitue leur charme et leur attirance particulière — cependant elles paraissent appartenir à ces "histoires" qui, sorties on ne sait trop d'où, sont connues dans leurs grandes lignes dans le monde entier ; et il est permis de citer à ce sujet le fameux conte La Reine châtiée, du folklore gascon, recueilli par J.-F. Bladé, et dont on a découvert des traces jusque dans l'Orient, la patrie par excellence des contes et des légendes. 


JEAN-FRANCOIS BLADE
MAJORAL DU FELIBRIGE

Ce n'est pas seulement dans les musées régionaux — à signaler le Museon Arlaten, à Arles, et l'émouvant musée alsacien installé dans une vénérable demeure du quai Saint-Nicolas, à Strasbourg — que l'on conserve avec piété et qui fut l'orgueil et l'originalité de nos provinces, et des recueils dans le genre de celui de M. Jean Barbier -— illustré par M. Tillac — sauvent de l'oubli une foule de traditions qui vont s'effritant sous les coups du progrès. Grâce au pittoresque de ces légendes, grâce à leur force comique ou, au contraire, à leur intensité dramatique, la flamme du génie basque ne périra pas, et les jeunes s'ingénieront à vivifier, à rénover les idées de jadis en se penchant sur des documents de cette nature où, selon les nobles paroles de Maurice Barrés, "se prépare l'héritage de vertus dont il faudra qu'à notre tour, sous peine de déshonneur national, nous transmettions à nos fils le vivace dépôt". 



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