PISCICULTURES ET PÉPINIÈRES EN 1928.
Dès 1926, la Société des Pêcheurs de la Nive se préoccupe de repeupler les rivières du Pays Basque.
BULLETIN DE LA SOCIETE DES PÊCHEURS DE LA NIVE 1926 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans son
édition du 25 mai 1928 :
"Le repeuplement de la Nive et le reboisement.
Une visite aux stations de pisciculture et à la pépinière d’Ispoure.
Le ciel, trop longtemps inclément, a bien voulu enfin sourire — oh ! d’un sourire encore timide et parfois voilé — à ce beau Pays Basque dont nous avons mercredi, en suivant la Nive, parcouru les sites les plus enchanteurs. Nous étions conviés par le commandant Rocq à visiter quelques-unes des stations de pisciculture que la Société des Pêcheurs de la Nive, dont il est l’animateur, a installées dans le but repeupler la rivière en truites et saumons.
SAUMON AU BARRAGE D'HALSOU PAYS BASQUE D'ANTAN |
On nous attendait à Ossès, et de là, en quelques minutes d’auto, nous atteignîmes la nouvelle station Chambeau, de Saint-Martin-d’Arrossa. Après avoir vu le bassin filtrant, installé en amont de la voie du chemin de fer, sur un joli ruisseau qui descend en cascade, par un sentier parallèle, qui doit être cascade également quand il pleut, nous avons atteint la station Chambeau, tout au bord de la Nive, dans un décor charmant et harmonieux de hautes roches, d’arbres feuillus, de verdure et de fleurs rustiques.
Une gentille construction basque toute blanche avec ses pans de bois et ses volets brun rouge semble nous sourire en nous accueillant. La porte est surmontée d'une belle pierre rouge sur laquelle est gravée en caractères basques cette inscription :
Pisciculture Chambeau.
Société des Pêcheurs de la Nive
1927
De chaque côté de la date, une truite symbolise les buts de la Société. C’est d’ailleurs un second Grand Prix de Rome qui a fait le dessin de l’inscription.
Et nous entrons dans cette pouponnière aquatique où près de cent mille petits enfants de truites s’ébattent et grandissent sous l’œil paternel de leur vigilant père nourricier M. Antchartechahar, qui veille avec un soin jaloux à leur bien-être et à leurs copieux repas. L’eau, filtrée, ainsi que nous l’avons vu tout à l’heure, arrive claire, régulière et à température égale dans les bassins où pullulent les alevins. Il y a là environ 80 000 petites truites indigènes, âgés d’un mois et demi et 19 000 dites arc-en-ciel, de deux mois et demi, race truites américaines dont un rayon de soleil, qui vient de s’introduire furtivement, permet de voir la ligne irisée et le point d’or des yeux. Cette race, particulièrement vorace, est destinée à remplacer — en le dévorant — le poisson blanc de qualité inférieure, tel que le barbeau.
Dans un autre bassin, objets de toute l’attention de M. Antehartechahar, se trouvent de jolis et vigoureux élèves de trois mois, qui sont le produit d’œufs de truites fécondés par des tocans (petits saumons de deux ans), et que le Dr Bouisset, chef des travaux au laboratoire de pisciculture de la Faculté des Sciences de Toulouse, attend impatiemment pour les étudier.
Enfin, nous assistons au repas de ces enfants éminemment carnivores et qui se précipitent avec une familiarité qui se conçoit vers la main qui leur apporte la bouillie sanglante, faite de rate hachée, et dont ils raffolent.
La station Chambeau est un modèle du genre. C’est la station de réserve, station régulatrice d’élevage et centrale pour l’embryonnage, car elle est non seulement pouponnière, mais couveuse, puisqu’il s’y fait dans des bancs appropriés l’incubation et l’éclosion des œufs. Elle peut contenir jusqu'à 400 000 alevins.
Notre petite caravane se dirige ensuite vers Saint-Jean-Pied-de-Port par la jolie route sinueuse qui suit la rivière dans tous ses caprices, et, aux portes même de la ville — ce qui est dans la vieille cité fortifiée, pris au sens propre — nous voici devant une autre station, moins moderne et moins importante que la station Chambeau, mais où les alevins n’en paraissent pas moins couler des jours heureux. L’un d’eux, pris dans un tube de verre plein d’eau, nous montre en plein jour un estomac qui prouve abondamment la qualité et la quantité du repas de rate qu’il vient d’absorber devant nous.
A notre tour, nous allons tout à l’heure montrer un appétit tout à fait digne de celui des petites truites, d’autant plus que nous aurons précisément — et sans remords — l'occasion de savourer, quelques-unes de leurs aînées, savamment préparées, comme tous les autres plats d’ailleurs, par l’excellent maître-queux de l’hôtel Central.
PUBLICITE POUR HÔTEL CENTRAL ST JEAN PIED DE PORT PAYS BASQUE D'ANTAN |
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