LE DORYPHORE AU PAYS BASQUE.
Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata) ou doryphore de la pomme de terre est une espèce d'insectes ravageurs, originaire du Mexique, découverte en 1811.
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Dès 1876, l'insecte franchit l'Atlantique puisqu'il est signalé dans le port de Brême, en
Allemagne.
La propagation de cet insecte redoutable se fait ensuite en France.
En 1931, 30 départements renferment des foyers de doryphores et à la fin 1933, 37
départements sont touchés.
Voici ce que rapporta la presse locale, en particulier la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du
Pays Basque, dans diverses éditions, de 1931 à 1933 :
- le 29 avril 1931 :
"Anglet.
Cultivateurs... Attention !
— Le "doryphore", le ravageur des cultures de pommes de terre, existe dans un département voisin. On sait que ce redoutable insecte est capable de détruire les récoltes de pommes de terre ; il attaque également les tomates et les aubergines.
Cherchez le "doryphore" dans ces cultures et si vous le trouvez, prévenez immédiatement la mairie qui fera aussitôt le nécessaire pour vous aider à le détruire et a sauver ainsi votre récolte. Ne transportez jamais cet insecte vivant, pour ne pas le répandre dans d’autres champs. Demandez à tous ceux que vous connaissez de lire le présent avis et de suivre les conseils qu’il contient."
- le 29 octobre 1931 :
"Un affreux scélérat.
On reparle beaucoup de lui et le fait que M. le Préfet des Basses-Pyrénées vient de prendre à son endroit, comme on dit, des mesures de précaution exceptionnelles, montre bien qu’on le redoute et qu’on est décidé à le combattre avec une énergie peu commune.
D'ailleurs, de ce qu'il a changé de nom depuis quelque temps, on déduit forcément qu'on a affaire à un vilain individu. Il faut en avoir lourd sur la conscience pour modifier son état-civil. Ainsi fit, pour citer un exemple aussi illustre qu’historique le roi Henri VIII d'Angleterre qui se signala, à ce qu’on raconte, par le meurtre ou la séquestration de plusieurs épouses, aussi crut-il bon de prendre le nom de Barbe-Bleue.
Le scélérat dont nous parlons se nommait, quand on commença à parler et lu : le doryphora. Maintenant, il se fait appeler : doryphore. Rien que cette substitution en dit déjà long.
Or, le doryphore nous menace, le doryphore est à nos portes. On a constaté sa présence dans plusieurs communes du département des Landes.
Le doryphore ne se contente pas d'essayer de déshonorer Parmentier en s'attaquant à la pomme de terre ; il veut encore nous ravir un aliment précieux, cher à tous, aux pauvres comme aux riches.
M. Mireur, préfet, n’a pas hésité une seconde. Il vient de prendre un arrêté délimitant une zone de protection qui comprend les cantons d'Arzacq, Arthez, Lagor, Orthez, Bayonne Nord-Est et Biarritz en entier.
Espérons que grâce à ce cordon sanitaire ou à cette autre muraille de Chine, nous échapperons, par ici, aux méfaits de ce redoutable bandit.
Mais sera-ce suffisant, et la création d'un Dictateur au doryphore ne s’imposera-t-elle pas avant peu?..."
- le 2 novembre 1931 :
"La lutte contre le doryphore.
L’arrêté préfectoral.
Voici le texte de l'arrêté pris par M. Mireur, préfet des Basses-Pyrénées, pour lutter contre le doryphore, dans le département des Basses Pyrénées :
Le Préfet des Basses-Pyrénées, Officier de la Légion d’honneur,
En raison de la proximité du doryphore de la pomme de terre, dont la présence a été constatée dans le département des Landes, a pris l’arrêté suivant :
Délimitation de la zone de protection.
Article 1er. — Zone de protection : divers cantons du département, dont la commune d’Anglet;
Article 2. — Il est interdit de détenir et de transporter le doryphore, ses œufs, larves ou nymphes, sous peine des sanctions édictées à l'article 17.
Article 3. — Obligation de déclarer la plantation, dans un délai de 8 jours, de pommes de terre, aubergines et tomates. Cette obligation est valable pour les années à venir.
Article 4. — Déclaration obligatoire de la présence du doryphore dans l'une de ces cultures.
Article 5. — Interdiction d'accès aux champs envahis de personnes autres que l'exploitant, son personnel et les agents chargés du contrôle.
Article 6. — Dans les communes contaminées les cultivateurs seront, par décision préfectorale, tenus de planter à nouveau quelques sillons de pomme de terre, dans les mêmes champs, pour localisation et destruction de l’insecte.
Article 7. — En raison de la nature des traitements insecticides à appliquer, interdiction dans les zones contaminées de cultiver la pomme de terre en mélange ou de l’intercaler avec d’autres plantes pouvant servir à l’alimentation des hommes et des animaux.
Article 8. — Obligation de visiter ou de faire visiter, dès la sortie des tiges, au moins une fois par semaine les cultures de pommes de terre, tomates et aubergines.
Article 9. — Sauf exception autorisée par le Ministre de l’Agriculture les pommes de terre, tomates et aubergines ne peuvent être expédiées et transportées dans des régions indemnes. Les plantes ci- dessus importées de régions non soumises à la présente réglementation. ne peuvent plus après être entrées dans la zone de protection, être réexpédiées ou retransportées vers des régions indemnes. La même interdiction s'applique aux objets ayant servi au transport qui devront être nettoyés et désinfectés par lavage et trempage à l'eau bouillante.
PERRINOX TUE LE DORYPHORE |
Lutte contre le Doryphore.
Art. 10. — Les cultivateurs sont invités à porter à la mairie les échantillons des insectes suspects qui attaquent les feuilles de pommes de terre, tomates et aubergines. Les insectes doivent être recueillis dans un récipient contenant de l’eau et du pétrole et ne doivent, sous aucun prétexte être sortis vivants du lieu où on les a trouvés.
Art. 11 — Les ramassages des insectes et le traitement à l’arséniate de plomb seront effectués par les soins des exploitants sur mise en demeure du Maire et ce dans un rayon d’au moins 2 000 mètres autour du champ envahi.
Article 12. — Le ramassage des insectes, adultes, œufs, larves est organisé par les agents et le personnel du Service de défense contre le doryphore, avec l’aide du propriétaire ou exploitant.
Article 13. — Le traitement arsenical est effectué par les soins de l’exploitant sous la direction et l’aide des contrôleurs du Service de défense.
Article 14. — Lorsque le champ présente de grosses larves adultes, la destruction de la récolte peut être poursuivie par le feu ou tout autre moyen sur l’indication du service de lutte : des indemnités pourront être accordées aux exploitants.
Article 15. — La destruction indiquée ci-dessus, pourra être complétée par la désinfection du sol.
Article 16. — Sur toute l’étendue du département obligation absolue de brûler sur place, immédiatement après la récolte, les fanes et les pommes de terre gâtées ou de rebut.
Article 17. — Le non respect des dispositions ci-dessus sera puni de 1 à 15 mois de prison et d'une amende de 50 à 100 francs, peines doublées en cas de récidive."
- le 3 avril 1932 :
"Les pommes de terre. Comment on réglemente la circulation.
Le ministre de l'Agriculture,
Vu l’avis du comité consultatif des épiphyties, sur la proposition du directeur de l’agriculture, a pris l'arrêté suivant :
Article premier. — Les expéditions de pommes, de terre récoltées dans les zones contaminées ou dans les zones de protection sont autorisées, sous réserve :
1. Que les tubercules soient sains, propres, et qu'ils aient été convenablement triés, et nettoyés dans les bâtiments, caves ou magasins des exploitations agricoles ;
2. Que les expéditions soient soumises au contrôle du service de la défense des végétaux. Elles peuvent être effectuées en vrac, en caisses ou en sacs ; les emballages doivent être propres et en bon état.
Les pommes de terre récoltées dans les champs en présence du doryphore a été constatée, ainsi que des pommes de terre de rebut résultant du triage (triures) ne peuvent en aucun cas être transportées hors des zones contaminées ou de protection.
Cette réglementation du transport des pommes de terre est applicable pendant la période qui commence le 1er octobre de chaque année et finit le 15 mai de l'année suivante, sauf modification des dates extrêmes prescrite par arrêté ministériel en cas de circonstances exceptionnelles.
CESAROL CONTRE LE DORYPHORE |
Art. 2. — L'exportation des pommes de terre récoltées sur le territoire des zones contaminées ou de protection contre le doryphore reste formellement interdite."
- le 18 décembre 1933 :
"Au Comité départemental de lutte contre les ennemis des cultures (Basses-Pyrénées).
Nos haricots sont, depuis plusieurs années, sérieusement attaqués par un petit charançon appelé Bruche.
Cette année, les ravages de ce parasite sont encore plus importants, et la situation devient véritablement très inquiétante.
En effet les acheteurs sont à juste titre, inquiets de faire leurs approvisionnements dans nos régions, et préfèrent s’adresser aux importateurs qui leur fournissent des haricots dits "Danube" venant notamment de Hongrie.
LE DORYPHORE |
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