LES BAINS DE MER À BIARRITZ EN 1911.
Les bains de mer de Biarritz sont renommés depuis le 19ème siècle.
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En effet, on venait, non seulement des villes voisines mais aussi de bien plus loin
pour s'y baigner en août et septembre, particulièrement.
Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 10 septembre 1911 :
"Les Bains de Mer.
Grande émotion, parmi la population et les résidents de Biarritz, cette semaine, car coup sur coup, deux accidents mortels ont été enregistrés, et cela semble, à première vue, incompatible avec la réputation d’absolue sécurité des Plages de Biarritz et avec le renom d’habileté et de dévouement de nos guides-baigneurs.
Mais une enquête précise a pu démontrer que, dans les deux cas, il y avait eu faute grave des victimes elles-mêmes, qui ont payé de leur vie la méconnaissance de prescriptions qu'on ne cesse de renouveler.
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Nous lisons, en effet, dans le "Guide-Annuaire" de Biarritz, (lmp. Seitz, Edition de 1907), en tête des renseignements sur les Bains de Mer, une "Note importante" qui résume les règlements partout et toujours répétés :
En raison de la surveillance constante exercée par le bateau de service, par les guides-baigneurs, par les gardes-côtes, il n’y a aucun danger à se baigner aux trois plages, à l’heure normale du bain, à condition de se conformer aux indications des baigneurs et d’obéir à leurs conseils quand, par des appels ou des coups de sifflet, ils signalent un danger ou mettent en garde contre des imprudences.
Il y a toujours danger à se baigner — malgré les interdictions administratives — ailleurs qu’aux plages dépendant des établissements de bains et surveillés par le personnel des Bains.
GUIDE-BAIGNEURS PLAGES BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D'ANTAN |
C’est pour avoir transgressé la première de ces prescriptions que M. Dauguens, agent de police à Bayonne a disparu.
Dauguens, qui avait été marin, qui était un robuste et habile nageur, était venu de Bayonne avec sa femme et sa fille, avec lesquelles il alla se baigner vers les 6 heures du soir, lundi dernier.
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La mer était extrêmement mauvaise ; la barque de secours, dans l’impossibilité de tenir contre les vagues, avait dû rentrer au Port. Les guides-baigneurs et le garde-côte surveillaient minutieusement les baigneurs, leur indiquant l’endroit où ils pouvaient se baigner, leur recommandant la plus extrême prudence, leur interdisant l’approche des points dangereux.
Tollis, le garde-côte ; Carcabueno, le brave des braves ; Lafargue, prévinrent tour à tour l’agent Dauguens, le mettant en garde contre les dangers, surtout contre les coups de ressac. Mais Dauguens ne voulut rien entendre. Il s’obstina à aller nager vers la zone qu’on lui indiquait comme dangereuse, et comme Carcabueno insistait vivement pour le rappeler à la prudence et au respect des recommandations réitérées, l’agent répondit qu’il connaissait son affaire mieux que quiconque, et envoya promener les marins en termes plus que vifs, que nous ne répéterons pas ici.
CARCABUENO PLAGE BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un autre baigneur accompagnait Dauguens. Tous deux, en quelques minutes à peine, furent roulés et emportés par les vagues. On se précipita, et notre concitoyen Lafargue fut assez heureux pour ramener l’un des hommes. Mais Dauguens, assommé sans doute par un coup de ressac, fut enlevé hors de portée de tout secours et disparut presque aussitôt.
Ce drame se passait sous les yeux de la femme et de la fille de la victime, et en présence d’une foule de plusieurs milliers de personnes, qui ne parvenaient pas à comprendre un si foudroyant malheur.
Le corps de l'agent bayonnais fut rejeté par l’Océan trois jours plus tard, et transporté à Bayonne.
On a beaucoup épilogué sur ce déplorable accident. On a demandé la fermeture des guichets des bains chaque fois que la barque ne peut tenir la mer...; mais il arrive souvent que les courants du large rendent la présence de la barque impossible, quoique le bain soit très pratique.
Cependant, quand la mer est réellement mauvaise comme elle l’était le jour du drame, il faudra arriver à en interdire l’accès, à cause justement des imprudents qui ont trop de confiance en leur force et en leur expérience.
Mais peut-être le moyen le plus pratique serait-il d’assermenter les guides-baigneurs et de leur donner une autorité suffisante pour vaincre ceux qu’on appelle "les fortes têtes".
C’est ainsi qu’un de nos plus vigoureux guides-baigneurs, au lendemain de l’accident que nous venons de relater, dut employer la violence pour empêcher un baigneur présomptueux, — membre de la magistrature, s’il vous plaît ! — d’aller nager dans une zone dangereuse, vers laquelle on lui avait interdit de se diriger.
Il faudrait que certains guides-baigneurs eussent le droit légal de faire ainsi la police du bain, et l’on ne verrait plus alors d’accident comme celui du malheureux Dauguens.
L’antre victime a payé de sa vie l’inobservation des règlements interdisant de se baigner ailleurs qu’aux plages surveillées.
Un sujet autrichien voulait se baigner samedi soir. Mais, la mer étant dangereuse, l'établissement de bains avait été fermé.
Que fit notre homme ? Ce bain, que la prudence interdisait de prendre même sous la surveillance des guides-baigneurs les plus expérimentés, il alla le prendre, en cachette, au mépris de tous les règlements, au pied du Phare, sur une petite plage solitaire.
Il fut emporté par les vagues et disparut sans que les promeneurs témoins de l’accident aient rien pu faire pour le sauver.
Il convient, afin de prévenir le retour de tels malheurs, qu’ils soient connus de tout le public, et livrés aux méditations de tous les imprudents et de tous les audacieux.
PORT DES PÊCHEURS BIARRITZ 1911 PAYS BASQUE D"ANTAN |
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