LE COSTUME DE BAIN À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1923
LE COSTUME DE BAIN FAIT POLÉMIQUE EN 1923 À BIARRITZ.
En 1923, un arrêté municipal (article 69) de la ville de Biarritz fait l'objet d'un recours judiciaire.
BIARRITZ - MIARRITZE PAYS BASQUE D'ANTAN
Voici ce qu'en rapporte la presse locale, et en particulier la Gazette de Bayonne, de Biarritz et
du Pays Basque, dans plusieurs articles :
le 5 mai 1923 :
"L’article 69.
Parlons-en... parlons-en. Jamais moment plus opportun ne s’est à nous présenté d’en parler. Les riverains de la mer de Gascogne, qui baigne Biarritz, regardent l’eau a un œil d’envie, sous le soleil brûlant. Mais l'administration municipale de cette ville, prise de pitié pour eux, nous fait savoir qu’on pourra se baigner au Port-Vieux, a partir du 10 mai. Donc, ça va...
Seulement, il y a cet article 69, dont il a été fortement question l’autre jour devant le Tribunal de Bayonne et dont est saisie en même temps la plus haute juridiction du Pays : le Conseil d’Etat.
L’origine de l’affaire remonte à quelques mois, exactement à l’été dernier. Un jeune homme décidé à se plonger dans le sein d’Amphitrite (ne faites pas attention, ça c’est de la poésie !) s’était rendu à la plage en costume de bain.
— Naturellement, direz-vous.
Naturellement. Mais ce qui sembla moins naturel aux gardes qui veillent aux barrières de l’Océan, c’est qu’il avait traversé la ville, enveloppé dans un peignoir, après s’être déshabillé à domicile.
Or, il y a un arrêté municipal — article 69 — qui défend de se promener en ville dans le costume de Robinson Crusoé.
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Même, le jeune homme en question, qui est le fils d’un avoué de Paris récidiva. Il n’en fit pas mystère, mais ce n’est pas à cette occasion qu’on peut dire : péché d’avoué, ou de fils d’avoué, est là moitié pardonné. Il fut condamné à deux fois cinq francs d’amende.
Il a afit appel de cette condamnation, mais il a voulu porter plus haut son caleçon de bain et son peignoir. Il s’est pourvu devant le Conseil d’Etat pour faire dire par celui-ci que l’arrêté du maire de Biarritz est illégal.
Quelle que soit la gravité de la cause, nous espérons bien que le Conseil d Etat aura rendu son jugement avant la Grande Saison. Le monde entier de baigneurs a les yeux fixés sur lui.
En cette sérieuse conjoncture le tribunal de Bayonne est en train d’examiner, lui aussi, s’il y a lieu d’attendre l’arrêt de cette juridiction extra-supérieure."
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le 31 mai 1923 :
"Le Costume de Bain.
"L’arrêté du Maire de Biarritz est légal", dit le Tribunal de Bayonne.
Le tribunal correctionnel a rendu son jugement dans l’affaire des bains de Biarritz. Un jeune homme, fils d'un des premiers avoués de Paris, était allé se baigner à la plage sans être passé par l'établissement de bains. Il s’était déshabillé dans une maison voisine; et d'après l'article 69 de l'arrêté municipal il était en contravention. De ce fait il avait été condamné en simple police à deux amendes de 5 francs chacun. Il avait fait appel de ce jugement et s'était en même temps pourvu devant le Conseil d'Etat contre l'arrêté municipal, selon lui entaché d'illégalité. Par l'entremise de. Me Darrigrand, avoué, il demandait un sursis ou jugement d'appel, l,e temps d'attendre que le Conseil d'Etat ait statué sur la légalité ou l'illégalité de l'arrêté municipal.
Le tribunal estime que la réparation doit suivre de près la condamnation, que la demande de sursis n'est pas fondée, que le tribunal est qualifié pour décider de la légalité ou de l'illégalité de l'arrêté.
Le maire a-t-il dépassé ses pouvoirs en établissant cet arrêté?
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Il est chargé de maintenir le bon ordre. L'article 69 de son arrêté parlant des établissements de bains vise des lieux publics, entourés d'un chemin public.
Le maire a établi cet arrêté pour préserver la décence et la pudeur. La surveillance des costumes est facile et et on peut réprimer facilement les exhibitions déplacées si les baigneurs sortent d'un même lieu. Cette surveillance serait impossible si les baigneurs arrivaient de n'importe quel point de la ville, les plages ayant de nombreuses issues et la police municipale ne disposant que d'unités trop peu nombreuses.
En établissant l'article 69 de son arrêté, le maire a réglementé une matière rentrant bien dans ses attributions.
Le tribunal jugeant en appel, estimant qu'il n'y a pas lieu d'accorder le sursis, confirme purement et simplement le jugement de simple police.
M. X...paiera les dépens."
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le 3 juin 1923 :
"Ce n'est pas sans une vive curiosité qu’on attéendait dans les cercles mondains, balnéaires, maritimes, administratifs et judiciaires, tout à la fois, l'arrêt du tribunal de Bayonne, dans l’affaire du Costume de bain. Car la tenue de bain préoccupe nos tribunaux correctionnels. Que dis-je, d’un bond prodigieux, elle saute du prétoire de Bayonne à la salle des audiences du Conseil d'Etat. Mais c'est le tribunal de Bayonne qui a rendu le premier sa sentence, le Conseil d’Etat ayant sans doute d’autres chats à fouetter.
Il s'agit, on s'en souvient, du fameux article 69, de l'arrêté de M. le Maire de Biarritz. Un jeune parisien, fils d’un avoué bien connu, y avait contrevenu par deux fois en allant se baigner sans passer par l'établissement de bains. Il avait été condamné, pour ce fait, à deux amendes de 5 francs. Il avait fait appel de ce jugement demandant au tribunal de Bayonne — en même temps qu'il adressait la même requête au Conseil d'Etat — de dire que l’arrêté municipal était illégal.
On ne peut augurer encore de la réponse du Conseil d’Etat, mais les juges de Bayonne, sans attendre l’opinion de cette haute magistrature, ont répondu que l'arrêté de M. le Maire de Biarritz était parfaitement légal et justifié par le souci de maintenir dans la ville le bon ordre et la décence.
Ce serait en effet un spectacle assez singulier que celui de baigneurs arrivant de toutes parts uniquement vêtus du costume propre a se plonger "illico"» dans les eaux du golfe de Biscaye. Ce Carnaval aux jambes nues ne serait peut-être que médiocrement apprécié et il n'y manquerait plus, en vérité, qu'une reine aussi sommairement vêtue. Ce n’est pas avec cela que nous pourrions faire concurrence à Nice. Biarritz a, heureusement, d’autres cordes à son arc."
Ce que décida le Conseil d'Etat au sujet de cet article 69, je n'en ai pas trouvé trace dans les
archives...
Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.
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