LES FÉMINISTES AU PAYS BASQUE NORD EN 1924.
Il n' y a pas si longtemps que les droits des femmes ont réellement commencé à évoluer en France.
Pour rappel, voici un bref rappel non exhaustif, sur les deux derniers siècles de l'évolution des
droits des femmes en France :
- En 1791, Olympe de Gouges rédige la "Déclaration des droits de la femme et de la
citoyenne".
- En 1792, la loi permet le divorce par consentement mutuel.
- En 1804, le Code Civil prévoit que "le mari doit protection à la femme, la femme doit
obéissance à son mari".
- En 1850, création obligatoire d'écoles de filles dans les communes de 800 habitants.
- En 1924, uniformisation des programmes masculins et féminins et création d'un
baccalauréat unique.
- En 1938, suppression de l'incapacité juridique de la femme mariée.
- En 1944, droit de vote et d'éligibilité pour les femmes.
- En 1956, fondation de la "maternité heureuse" qui deviendra en 1960 le Mouvement
Français pour le Planning Familial.
- En 1965, les femmes mariées peuvent exercer une profession sans l'autorisation de leur
mari.
- En 1967, la loi Neuwirth autorise la contraception.
- En 1970, l'autorité parentale remplace la puissance paternelle.
- En 1975, c'est la loi Veil pour l'Interruption Volontaire de Grossesse (IVG).
- En 1976, la mixité devient obligatoire pour tous les établissements publics.
Voici ci-après ce que la presse locale a rapporté parfois de ce combat dans les Basses-Pyrénées.
- La Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays Basque, dans son édition du 10 août 1923
rapportait :
"Revendications féminines.
La Fédération féministe du Sud-Ouest vient de tenir son Congrès à Pau et les distinguées déléguées à ces assises n’ont pas consacré moins de trois longues séances à l’ examen des attestions intéressant leur cause.
Peut-être, à ce Congrès, a t-on médit des hommes — oh! avec cette grâce féminine que rien n’égale — mais y a-t-on médit quand même au sexe laid. Il est certain que les sénateurs qui ont refusé d'accorder aux femmes le droit de vote, ont du passer un mauvais quart d'heure lorsque les déléguées des Pyrénées, Basses et Hautes, ainsi que de la Dordogne et de la Gironde, abordèrent ce chapitre de l'ordre du jour. Mais il faut observer qu’elles ne se découragent point pour si peu, ainsi que l’a fait remarquer, avec éloquence, Mme Bérard, qui présidait. Des conférences vont être faites dans douze départements, où les oratrices vont aller prêcher la croisade pour le droit de vote des femmes.
Mais on n’a pas attendu ces conférences pour en parler copieusement.
Dans son rapport sur le suffrage des femmes, Mme Castetbielh, a montré "la nécessité dans un pays républicain, de donner non seulement l'instruction, mais faire aussi l'éducation civique des jeunes gens des deux sexes dans les œuvres post-scolaires tendues obligatoires".
Une discussion s'engagea là dessus, d'où il ressortit qu’il ne suffit pas de faire appel à l'intelligence de la jeunesse, mais de s'adresser aussi à son coeur, de former des consciences. Pour cela, il faudrait s’inspirer de l’histoire du passé, de donner en exemple les luttes de nos ancêtres pour arriva à une humanité meilleure. Non seulement combattre l'égoïsme, mais se servir aussi des forces morales de la Société, des vertus innées de la race française, afin d’amener les jeunes gens au désir ardent de bien faire, par les élans désintéressés du cœur, pour atteindre plus de beauté morale, plus de justice et de bonté.
Les conclusions de Mme Castetbielh ont été votées à l’unanimité :
"Considérant que les Françaises sont capables tout aussi bien que les femmes des pays suffragistes d’exercer leur droit civique;
Considérant que les pouvoirs publics négligent complètement l'éducation civique du citoyen,
Le Congrès de la F. F. du Sud-Ouest demande :
1. Que le droit de vote soit le plus tôt possible octroyé aux femmes de France;
2. Que soit rendue obligatoire l’éducation civique des deux sexes."
Ajoutons, pour rendre hommage à l'impartialité et à la grande courtoisie des congressistes, que celles-ci ont bien voulu admettre des hommes à prendre la parole.
C'est ainsi que M. Carrère, officier de la Légion d'honneur, délégué de Toulouse, a fait connaître son opinion. Il ne pouvait faire différemment que d’approuver, d’autant plus qu’il est un féministe convaincu. Et le tout s’est terminé par un pressant accueil au Sénat pour le vote de la réforme.
Comment nos aimables sénateurs auraient ils le coeur de résister à tant de séduction — soit dit, sans aucune intention ironique."
COMBAT FEMINSTE POUR LE DROIT DE VOTE |
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