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dimanche 7 avril 2024

DEUX ROMANCIERS ANGLAIS REPOSENT AU CIMETIÈRE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE

DEUX ROMANCIERS ANGLAIS AU CIMETIÈRE DE SAINT-JEAN-DE-LUZ.


De nombreuses personnalités, originaires du monde entier, sont décédées et enterrées au Pays Basque.




pays basque autrefois personnalités anglais cimetière labourd
PORTRAIT D'ERNEST WILLIAM HORNUNG



Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria

le 13 juillet 1924, sous la plume de Paul Mieille :



"Deux Romanciers Anglais reposent au cimetière de Saint-Jean-de-Luz.



Dans l’ouvrage, déjà célèbre où il raconte "ses caravanes" d’apôtre du "spiritualisme nouveau", qui est, comme l’on sait, la doctrine de la survie, prouvée par les communications médiumniques avec les esprits des morts, l’écrivain anglais, Sir Conan Doyle, le génial créateur Sherlock Holmes, s’exprime ainsi :


"... Un intermède tragique vint interrompre nos expériences à Paris. J’appris soudainement que mon beau-frère, E. W. Hornung, l’auteur de "Raffles" et de tant d’autres beaux romans, était en train de mourir à Saint-Jean-de-Luz, dans les Pyrénées. Je partis à l’instant, mais ne pus arriver que pour assister à ses obsèques. Hornung repose là, à trois pas de George Gissing, un écrivain pour lequel, lui et moi, avions une commune affection. Il est doux de penser qu’un homme de sa race et de sa profession lui tient compagnie là-bas, dans sa tombe pyrénéenne..."



Les "Wandexings of a Spirilualist" d’où sont tirées ces lignes, ont paru en 1921, et cette date situe celle de la mort de Hornung. Quant à Gissing, obligé de chercher un climat plus doux à ses poumons malades que celui de l’Angleterre, il vint séjourner à St-Jean-de-Luz et y mourut d’une attaque de pneumonie, le 28 décembre 1903.



La "colonie anglaise" de Saint-Jean-de-Luz, toujours plus nombreuse, n’a peut-être pas besoin qu’on lui rappelle ce que furent dans le royaume des Lettres — qui est la véritable république mondiale — les auteurs de "Raffles" et de "Démos". La présence dans notre champ de repos de ces deux notables compatriotes, ne peut-elle, cependant, leur être signalée, comme une preuve de plus, non seulement de l’attraction qui attire sur la Côte Basque les villégiaturants et les touristes anglais, mais aussi de la sympathie naturelle que la Terre de l’Euskalerria, ses paysages, ses caractères et ses mœurs, exercent sur les lettrés et sur les écrivains Anglais contemporains ?



Car, depuis Sarah Grant, amoureuse du Pays Basque et habituée de Cambo, jusqu’au Conrad, du Gold-Arrow (le plus grand, peut-être, des romans carlistes) — combien, déjà, d’hommes de lettres anglais, vivants ou morts, ont ressenti à l’égard de la Côte Basque Pyrénéenne, l’attirance mystérieuse et forte, qui transformait en véritable maladie — en mal d’amour ! — le "désir de l’Italie" qui posséda, autrefois, le jeune Gœthe, Byron, Keats, Shelley, notre Lamartine, notre Stendhal, sans compter tant de nos grands artistes, peintres, sculpteurs, architectes ou graveurs, dont la devise de jeunesse eût pu tenir toute dans la phrase fameuse : "Vedere... Roma, poi morire ! ! !"



Je ne puis m’empêcher de voir une coïncidence remarquable — une sorte de parallélisme curieux, si j’ose dire — entre ces quatre tombes étrangères de ces quatre écrivains anglais, illustres à divers titres et à des degrés différents : Les poètes Shelley et Keats, dans leur cimetière romain, les prosateurs Hornung et Gissing dans leur cimetière Basque.



N’y a-t-il pas matière à réflexions philosophiques, historiques, économiques, touristiques... et autres, dans le site et dans le temps de ces quatre tombeaux illustres : 1821-1921 ?! Rome- ?



Que de choses tiennent dans ces deux noms et ces deux dates ? Combien de pages d’histoire, histoire littéraire et histoire humaine, contenues dans ces quatre noms d’écrivains anglais endormis dans la paix sur la terre étrangère ! Ainsi leur tombe aura sa part de l’immortalité de leur nom et sur leur mémoire rejaillira un rayon éternel de la beauté des choses — joie perpétuelle ! — parmi lesquelles ils ont choisi de reposer.



Ayant rappelé le souvenir de ces deux romanciers anglais, devenus dans la paix du champ de repos nos compatriotes Luzéens, — ces notes seraient incomplètes, si quelques mots sur l'oeuvre de ces deux "novelists" de marque, n’y trouvait une place, petite ou modeste.



De E. W. Hormung, le "moins fameux", beau-frère de Sir Conan Doyle — le Roi du Roman policier, diraient les Américains ! — je me bornerai à citer trois ou quatre titres de romans a grands tirages, tels que la série des "Raffles" — "Under two Skies" — "Tiny Luttrell" — "The Shadow of the Rope" — "The Rogue’s March", etc., dont plusieurs, les "Rafles" en particulier, ont connu des succès de traduction et de Cinéma.



Créateur d’un type — qui fut, à son tour, peut-être, créateur de "types" —celui du "Gentleman cambrioleur". E. W. Hornung, s’accordent à dire ses biographes, fut un des hommes les plus spirituels de son temps. Ses traits d’humour, ses bons mots, dit Sir Conan Doyle, feraient la fortune d’un "échotier". Dans l’abondante, la surabondante production du roman anglais, E. W. Hornung, spirituel et lettré, gardera des lecteurs fidèles.



Je voudrais pouvoir m’étendre davantage sur l’œuvre de Gissing et sur Gissing lui-même, trop peu connu du public français.



Car, tel un arbre dans la futaie domine de sa haute cime et de ses branches noueuses, la verdure environnante, telle se présente l’œuvre de George Gissing dans les taillis et les sous-bois de la littérature contemporaine.



Mort relativement jeune, — à 46 ans — George Gissing laisse une œuvre considérable — 28 romans —, marquée d’une des individualités les plus vigoureuses de son temps et de son pays. N’ayant connu le succès que tardivement, succès relatif, d’ailleurs, et qui ne le mena jamais aux grands tirages — réservés aux gloires commerciales ! — Il n’eut pas à se plier au goût du public, ce dont il faut nous féliciter avec lui.




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ECRIVAIN GEORGE GISSING



Travailleur acharné, liseur infatigable quoique délicat, érudit comme on ne l'est plus guère de nos jours, Georges Gissing a vécu volontairement, par choix délibéré, une vie "d’indépendant". Ni clan, ni chapelle ! ni parti, ni coterie !!



Aussi, fut-il, pour les uns "égoïste" et presqu’"anti-social", pour les autres "misanthrope" ou "révolté ". Tout cela, fait de timidités, de tendresses comprimées, de délicatesses blessées. Un tendre, au fond, quoique sa satire soit amère et son indignation cuisante.



L'œuvre de George Gissing est vraiment balzacienne, et par sa puissance et par son objet : la vie sociale de son temps. Elle mérite d'être connue ; elle le sera. Voici quelques titres, retenez-les, lecteurs : The unclassed, Demos, New-Grub Street, The Odd Women, Eve’s Ransom, The Crown of Life, Our friend the Charlatan, Will Warburton, Vcranilda, etc., etc.



Parmi toutes ces pages, écrites avec la chair et le sang d’une vie et d'un cœur, je n’en mets aucune au-dessus des "Papers of Henry Ryecroft", cette confession d’un solitaire, ce cri de bonheur du rescapé de l’enfer social, cet hymne mineur de franciscain qui s’ignore, à la nature, à ses joies paisibles, à sa divine maternité.



Si la joie m'est donnée, encore, de séjourner à Saint-Jean-de-Luz, j'irai souvent m'asseoir non loin de la tombe de Gissing, pour y relire "The Ryecroft Papers".




pays basque autrefois personnalités anglais cimetière labourd
LIVRE THE PRIVATE PAPERS OF HENRY RYECROFT
DE GEORGE GISSING



Avec les "Promenades d’un Rêveur solitaire", de notre Jean-Jacques, je ne sais pas de livre plus propre, non seulement à nous consoler des hommes, mais, encore, à nous réconcilier avec eux."










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vendredi 29 mars 2024

LA VILLA MENDICHKA À URRUGNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1924

MENDICHKA À URRUGNE EN 1924.



La villa Mendichka est construite, en 1911, en position dominante, pour la famille Roland-Gosselin par l'architecte Henri Godbarge, théoricien et promoteur du mouvement néo-basque.




pays basque autrefois villa urrugne godbarge comte
VILLA MENDICHKA URRUGNE
Par Bwoeng — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=44365184



L'architecte s'est inspiré de la maison labourdine traditionnelle.

Elle est agrandie par le même architecte en 1927 pour la famille Méndez (Caracas, Venezuela) qui 

double la demi-terrasse et ajoute un porche surmonté d'une véranda.



Le grand hall à l'anglaise, situé au centre de la composition et occupant la hauteur de deux étages, 

cumule les fonctions d'entrée, de pièce principale et de distribution avec le grand escalier et les 

galeries de circulations du premier étage.

Le décor (toiles marouflées par le peintre Ramond Virac ; verrières par l'atelier des frères 

Mauméjean) puise pour l'essentiel dans le style vernaculaire avec toutefois quelques concessions à 

l'art Déco.




Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 9 janvier 

1924, sous la plume de Mesmes :



"A Mendichka.



Dans la tiédeur de cette fin d’après-midi, nous filons sur la route d'Espagne. L'auto émerge au haut de la montée qui a commencé à Urrugne ; il roule sur le palier du col des "Trois Bouquets" comme pour franchir cette crête de collines qui, tout à l'heure, paraissait frangée de cuivre en fusion. Là-bas, en terre espagnole, des arêtes, des pics, des murailles énormes, tout le massif tourmenté des monts basques se découpent en silhouettes d'un bleu, net et chaud. A droite, la croupe plus sombre du Jaïzquibel dévale vers la mer azurée et se détache en profil de bête couchée, sur une feuille d'or lointaine et pâle. Le ciel, vers l'ouest, salue le soleil couché de ses pavillons emmêlés, jaunes, gris et verts. 



La voiture tourne à gauche et s'engage sur le chemin de Mendichka. Il semble que nous roulions au bord de quelque terrasse suspendue et enchantée. Tout le val d’Urrugne moutonne, en bas, en une houle large et paisible teintée du vert foncé des champs, de la rouille des chaumes, et des coups de pinceaux gris terne qui sont les fermes. Tout cela est atténué, fondu, presque effacé par le crépuscule tombant du ciel mauve, et glissant le long des flancs pleins d’ombre de la Rhune. Là-bas, vers ce qui doit être Saint-Jean-de-Luz, dans des lointains déjà indécis, la mer se devine ; un point lumineux clignote ; c’est le phare de Biarritz qui s'allume. L'auto freine devant le beau chalet basque couronnant cette crête merveilleuse, dominant ce balcon naturel d’où l'on a une des plus belles vues du monde. Nous sommes à Mendichka. 




pays basque autrefois villa urrugne godbarge comte
VUE GENERALE URRUGNE 1930
PAYS BASQUE D'ANTAN



La comtesse de Bagneux-Faudoas y avait prié, mardi dernier, ses relations ; le grand hall, le salon de musique, le petit salon aux tentures claires étaient donc pleins d'amis accourus de Saint-Jean, de Hendaye, d'Urrugne, de la Côte Basque tout entière, pour témoigner aux deux mariés de demain, aux deux jeunes fiancés d’hier, et à leurs familles, leur affectueuse sympathie. La vaste demeure s’en trouvait toute réjouie. 



Après un goûter exquis, nous eûmes la chance rare d'entendre deux grands artistes que leur regrettable modestie tient trop éloignés de tous ceux qui, à Saint-Jean-de-Luz, ont le sentiment de la musique et le culte de l'art. Mme Tranchau-Goyetche laissa sa voix s’envoler et nous charma. J’ai dit "laissa s'envoler sa voix" ; c’est à dessein. Chez elle, en effet, nul effort, nulle peine, nulle trace d’un travail si remarquablement conduit, qu’on ne le sent pas. Les notes s'élancent, la mélodie sc dessine, ondule, s’enfle eu s’atténue ; elle est expressive, exactement représentative de la pensée ou du sentiment de l'auteur ; elle s’exprime au moyen d’une voix multiple, chaude, profonde, légère, grave ou gaie, toujours vraie et prenante. Quel merveilleux organe ! quelle admirable mélodie ! quelle grande musicienne passant avec une facilité et un art égaux de Schumann à Ravel, et de Ravel à Falla ! 



Mme Moussempès ne se borna pas, heureusement pour nous, à supérieurement accompagner Mme Tranchau. Elle se fit entendre seule, au piano ; et ce fut, comme toujours, très beau. Mme Moussempès n'est pas, en effet, seulement une virtuose de tout premier plan, pour laquelle la difficulté technique n’existe pas. C'est aussi et surtout une artiste véritable qui sent la musique et sait en faire passer l’expression véhémente ou délicate, subtile ou large, dans l’âme de l’auditeur. Elle se joua des difficultés de Mossorwsky, des embûches de Ravel ; elle fut étincelante dans Chopin. On ne fait pas qu’écouter cette grande pianiste ; on s'unit à elle dans une pensée commune, tandis qu’elle joue, sans se douter seulement des difficultés qu’elle surmonte par son jeu prestigieux. 



La nuit était depuis longtemps tombée quand quelques-uns songèrent au retour. Tant de délicates attentions, avaient fait oublier la fuite des heures ; tant de grâce aimable et simple de la comtesse de Bagneux-Faudouas, tant de joie répandue sur le visage de ses fils, avaient arrêté pour un moment, les soucis, les obligations de ses amis. Cc fut donc dans le noir troué de points d'or fuyants, que nos autos s'élancèrent..."






Cette villa est inscrite comme Monument Historique depuis le 29 novembre 1993.



(Source : Wikipédia et Villa Mendichka à Urrugne - PA00125269 - Monumentum)





  




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mardi 30 janvier 2024

LES RÈGLES DU JEU DE PELOTE BASQUE : LE BLAID EN 1924

LES RÈGLES DU BLAID EN 1924.


Depuis la seconde partie du 19ème siècle, les jeux de blaid désignent "l'ensemble de spécialités de la pelote basque, où la pelote est jouée contre le mur".



pays basque autrefois pelote jeux olympiques
PELOTE JEUX OLYMPIQUES PARIS 1924



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien L'Oeuvre, le 24 juillet 1924, sous la plume de Marcel 

Delarbre :



"Les règles d'un vieux sport qui devrait être olympique.



Le programme des Jeux Olympiques ne comprenait ni la paume, ni la pelote. Les paumistes n'ont pas osé, mais les pelotaris ont demandé que l'on fasse place à leur sport favori.



Au moment où les pelotaris font claquer leurs petites balles sur le nouveau fronton du Point du Jour, il nous paraît intéressant de rappeler les variétés du jeu de pelote basque, qui devrait être répandu en France plus qu'il ne l'est actuellement.



La pelote comprend deux jeux fondamentaux : le rebot, le plus ancien, et le blaid (prononcez blé) qui constitue une innovation relativement récente.



Le blaid se joue "en place libre" ou au "trinquet". Il est pratiqué à mains nues et à chistera.



pays basque autrefois fêtes labourd affiche
AFFICHE GRANDES FÊTES INTERNATIONALES DU PAYS BASQUE
AOÛT 1892 AVEC PARTIE DE BLAID AU CHISTERA



Le terrain de jeu est un rectangle parfois cimenté, le plus souvent en terre battue, limité par un mur de face ou fronton proprement dit et, exceptionnellement, par un mur de fond appelé mur de "rebot".



L'ensemble se nomme "la place" ou le "fronton". On appelle de son nom espagnol "cancha" la piste où évoluent les pelotaris .



Les dimensions de la piste et du mur sont assez variables.



Le fronton de Paris, que la Fédération française de pelote basque vient d'édifier, 2, quai du Point-du-Jour, à Auteuil-Billancourt, pour les Jeux Olympiques, doit être considéré comme un "fronton type". En voici les caractéristiques : mur, hauteur 11 mètres au milieu, 8 mètres sur les côtés ; largeur, 17 mètres.



paris autrefois pelote fronton jeux olympiques
FRONTON BASQUE BOIS DE BOULOGNE
PARC DE ST-JAMES



Jadis, au pays basque, on construisait le mur en pierres taillées, larges et unies comme des dalles. Les anciens joueurs voyaient dans cette homogénéité de la construction une condition de régularité de la partie. Le mur de face du fronton de Paris est construit en moellons revêtus d'une chape de ciment. La piste a la même largeur que le mur. Sa longueur atteint 90 mètres. Le fronton de Paris possédera l'an prochain un mur de rebot qui servira également à jouer au blaid à mains nues.



Le blaid se joue soit à mains nues, soit à l'aide d'un engin qui, selon sa mode de fabrication et sa forme, prend le nom de chistera, sorte de gouttière en osier avec gant de cuir ou de pala, qui est une raquette.



Les joueurs sont généralement au nombre de 6 : trois dans chaque camp. Deux se tiennent à l'avant, l'un à droite, l'autre à gauche, le troisième à l'arrière.



paris jeux olympiques pelote basque
PELOTE JEUX OLYMPIQUES 1924



Après avoir tiré au sort, un avant du camp favorisé lance la pelote contre le mur, un adversaire la reprend soit à la volée, soit à la demi-volée, soit après le premier bond, et la partie se continue ainsi, jusqu'à ce que l'un des pelotaris commette une faute.



Il y a faute lorsque la pelote n'est pas reprise soit au vol, soit après le premier bond ; lorsqu'elle touche le sol avant de frapper le mur de face ; lorsqu'elle frappe ce mur au-dessous de la ligne tracée horizontalement à 0 m. 90 du sol ; lorsqu'elle sort des limites de la cancha, enfin lorsque, au moment de l'engagement de la partie ou bien après un point gagné, elle ne dépasse pas la raie du but.



Sauf convention contraire, on trace la raie du but à 15 mètres du fronton dans le blaid à mains nues et à 25 mètres dans le blaid à chistera.



Chaque faute compte un point pour le camp adverse.



Une partie se joue en 45, 50, 60, 70 ou 50 points, selon les conventions. Lorsque les deux camps se trouvent à égalité dans la dernière dizaine, ils ont la faculté de prolonger. Mais il suffit qu'un joueur s'y oppose pour qu'il n'y ait pas de prolongation.



Telles sont les règles essentielles de la Pelote basque, qui a les honneurs de l'Olympiade."



(Source : https://www.archives-abbadia.fr/cache/document_171-800h.jpg)






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jeudi 11 janvier 2024

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 11 NOVEMBRE 1924 (troisième et dernière partie)

 

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE LE 11 NOVEMBRE 1924.


Dès 1920, est lancée, avec un grand succès, une souscription publique pour la construction du monument aux morts de Bayonne.




pays basque autrefois labourd monument morts
INAUGURATION MONUMENT AUX MORTS BAYONNE 
11 NOVEMBRE 1924


23 dossiers furent présentés à la Mairie de Bayonne et c'est le projet des architectes Molinié-Nicod et Pouthier, associés au sculpteur Brasseur, qui fut choisi.



pays basque autrefois sculpteur labourd monument morts
SCULPTEUR LUCIEN BRASSEUR


L'édifice fut construit en 1923 sur l'esplanade des Glacis, adossé aux remparts et inauguré le 11 novembre 1924.



Voici ce que rapporta au sujet de cette inauguration la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 12 novembre 1924 :



"Le Monument aux Morts de la Guerre a été inauguré hier à Bayonne.


... La Cérémonie de l'Inauguration


Les discours.





Discours de M. Dordezon



pays basque autrefois labourd monument morts
H DORDEZON 1924
PRESIDENT DE L'ASSOCIATION DES MUTILES DU PAYS BASQUE 


M. Dordezon, conseiller général, président de l’Association des Mutilés du Pays Basque, dit que ceux-ci attendaient depuis longtemps ce moment solennel et il dit quel amour immense ceux qui sont morts professaient pour la France. Il espère une ère de Fraternité où de tels massacres auront cessé. Il salue les mutilés, frères d’armes éprouvés de ceux qui tombèrent pour ne plus se relever et il conclut : 


Devant ce monument, symbole d’héroïsme et d’abnégation, où sont inscrits les noms de ces martyrs de la Patrie, nous tous camarades anciens combattants, dans la défense des droits que nous représentons, nous continuons de soutenir l’humanité dans la cause de la France et de faire respecter la justice dans sa victoire. Engageons-nous à demeurer dignes de leur sacrifice, à être forts pour notre union, à travailler dans la concorde à la prospérité et à la grandeur de notre Pays meurtri, qui fut sauvé par nous. 


Nous ne redirons jamais assez ce que nous devons nous à ceux qui ont donné leur vie pour que la France vive. 


Que leur mort soit pour nous un exemple, qu’ils vivent toujours dans nos pensées : 


O Morts sublimes ! 


Nous nous souviendrons toujours de votre héroïsme et de votre vaillance, nous garderons au plus profond de nos cœurs l’amour passionné, le culte, la fierté de notre France, la foi dans son avenir et sa destinée. 



pays basque autrefois labourd monument morts
MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Discours de M. Ybarnégaray.


pays basque autrefois député droite
YBARNEGARAY EN 1932
PAYS BASQUE D'ANTAN

M. Ybarnégaray, député des Basses-Pyrénées, au nom du Pays Basque, vient saluer une dernière fois les héros et dire un adieu aux enfants de Bayonne morts pour la Patrie. Il veut s’incliner devant ce magnifique monument "auquel vous avez voulu donner les allures d’une apothéose, dit-il, et vous avez eu raison". 



Ce monument est une œuvre superbe et symbolique. Quel magnifique et émouvant spectacle pour ceux qui pleurent les chers disparus. 



M. Ybarnégaray salue surtout les femmes, les sœurs, les mères des Morts. 


pays basque autrefois labourd monument morts
MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Il rappelle la joie de celles-ci à chaque petite lettre quotidienne, écrite souvent au fracas de la bataille. Puis un jour cette petite lettre n’est pas venue. Des jours d’un silence lourd comme la dalle d'un sépulcre ont passé... Ils ont passé jusqu'à l’arrivée d'une autre lettre, celle-là d'un chef ou d'un ami qui annonçait que l'époux, que le frère, que le fils aimé avait disparu. Et les femmes douloureuses se sont traînées jusqu’à l'autel de la Patrie pour y faire don de leur sacrifice. 



C'est ainsi que sont morts 780 enfants de Bayonne. Tel fut l’holocauste de cette ville sur l’autel de la Patrie. 



Le député des Basses-Pyrénées rappelle le jour du départ de cette jeunesse, auréolée et fière. Puis le choc initial et aussi les premiers échecs ; la retraite et la Marne, — la Marne où le miracle s'accomplit, ce miracle qui s’appelle : le Soldat français. 



L'orateur fait, en un bref raccourci, l’historique du Soldat français pour achever par le plus beau de tous, celui de la dernière guerre, par qui furent sauvés la Liberté et l’Honneur. 



pays basque autrefois labourd monument morts
SOLDAT FRANCAIS : HONNEUR ET PATRIE



Aujourd’hui ils revivent dans la gloire et le témoignage en est encore apporté par ce glorieux drapeau du 49e venu de son exil glacé des Invalides pour ce suprême hommage. 



De tels hommes, dit-il en parlant des Poilus magnifiques qui tombèrent pour ne plus se relever, ne meurent pas tout entiers. Ils sont morts peur une France victorieuse, libre, grande et respectée. 



Puis c'est l'évocation de l'Armistice, c’est l’Allemagne à genoux, c’est "la France trop généreuse, dit M. Ybarnégaray, qui permet de s’exercer le traditionnel égoïsme de l’Anglo-saxon", mais c’est aussi l’Alsace retrouvée et la rive gauche du Rhin occupée. 



M. Ybarnégaray, après quelques appréciations sur la politique dit que certes on peut, on doit espérer en un avenir de fraternité entre les nations, de paix universelle. Mais le plus prudent encore c’est d’avoir une forte armée. 



Le député des Basses-Pyrénées termine en disant : "Enfants de Bayonne, tombés au champ d’honneur, dormez en paix votre sommeil de gloire ! Nous garderons votre mémoire, vous qui êtes morts pour défendre le patrimoine que vous nous avez gardé : la France, terre généreuse et féconde. Nous verrons toujours grandir, grâce à vous cet idéal au-dessus duquel, il n’y rien : la Justice et la Bonté !" 



pays basque autrefois labourd monument morts
INAUGURATION MONUMENT AUX MORTS BAYONNE 
11 NOVEMBRE 1924


Discours de M. Garat.



pays basque autrefois labourd monument morts député basses-pyrénées
JOSEPH GARAT
DEPUTE DES BASSES-PYRENEES



"Devant les grands souvenirs que rappelle ce monument, dit M. Garat, député, en commençant, toutes les paroles paraissent banales et froides. Ce sont les plus simples qui rendent le mieux le sentiment d’admiration et de reconnaissance que nous devons avoir pour vous". 



Puis ayant parlé du sacrifice immense des morts, il rappelle celui que s’imposa la population civile, même loin, à l'arrière du front. Il rappelle le magnifique élan des habitants de Bayonne, dans tous les rangs de la société, quelles que fussent les opinions et les confessions. Tous s'unirent dans un même sentiment de solidarité et de patriotisme pour les œuvres de guerre. 



M. Garat rappelle ce que furent ces œuvres. Il glorifie aussi le fier passé historique de Bayonne. Enfin il termine en remerciant les héros dont on glorifie la mémoire d'avoir assuré la sécurité de la France et donné un si magnifique exemple. Par eux, nous apprendrons à être meilleurs. Quant à eux, ils sont passés de la Vie à la Gloire pour entrer dans l’immortalité. 



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MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Discours de M. Catalogne. 



pays basque autrefois labourd monument morts politique sénateur basses-pyrénées
DAMIEN CATALOGNE
SENATEUR DES BASSES-PYRENEES



Profondément ému, M. Catalogne, sénateur des Basses-Pyrénées, excuse ses collègues retenus par d’autres devoirs. Il remercie la ville de Bayonne de l’avoir convié à cette cérémonie. Il y apporte le salut du Béarn. Il tient à s’incliner profondément devant ce monument où l'Art s’harmonise avec la beauté du souvenir. 



Il apporte à son tour, son tribut de sympathies profondes aux familles des Morts : "C’était le sang le plus pur de la France que celui de vos enfants, leur dit-il". 



Il rappelle la beauté du départ le jour de la déclaration de guerre et rappelle les étapes du formidable conflit jusqu’au jour où enfin le Poilu, aidé de ceux qui étaient joints à lui, tinrent l’Allemagne à merci. De tels hommes ont le droit d’être glorifiés éternellement. 



pays basque autrefois labourd monument morts
MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Discours de M. le Préfet.



M. le Préfet Mireur a prononcé un très beau discours dont nous ne pouvons donner qu’une pâle analyse. Comme ceux qui l’avaient précédé, il a été longuement applaudi. 



Aucune cérémonie a dit, en substance, M. le Préfet des Basses-Pyrénées, n’est maintenant plus touchante, dans la moindre bourgade aussi bien que dans la plus grande ville, que les cérémonies comme celle-ci. Il ne peut y en avoir de plus belle célébration que celle de tout un peuple. Et il y a quelque chose de plus beau que les paroles les plus éloquentes : c’est le silence de la foule. 



Puis voici l’éloge du sacrifice, sobre et grand : 

"Ils sont ici vos morts. 

Qu’importe où dorment leurs dépouilles. 

Ils sont ici pour que vous les aimiez mieux. 

Ils sont ici et leurs noms sont inscrits dans la pierre, aussi solidement que leur souvenir est gravé dans nos cœurs. 

Oui, notre ferveur a dissipé l’ombre de la mort et leurs cœurs viennent rebattre parmi nous !  

Ils sont un exemple aux jeunes générations qui admireront toujours tant de grandeur immuable.  

Les enfants, les femmes, les graves vieillards, qui s’arrêteront au tournant du chemin, devant ces pierres, se sentiront heureux d'avoir un si beau soir.  

L’instinct nous crie que c’est parce que tant de vies humaines ont cessé que la nôtre continue. 

Sous la tristesse des regrets nous constatons que demeure leur souvenir. Nous sommes à jamais voués au culte de ces morts !" 



Et l’orateur, penché sur les angoisses de l’âme humaine, au lendemain de tant de deuils, se demande, confrontant la pensée du philosophe à la sentimentalité de l’humble penseur qui surgit de partout, s'il est plus épouvantable ou d'avoir le regret de ne se survivre point ou de penser que les enfants qu’on laisse après la mort seront livrés aux cruelles vicissitudes d’une existence plus dure. Dilemme cruel. Il faut pourtant le résoudre en étant tout amour et tout secours pour ceux qui restent, rejetons du rameau abattu. 



Et M. Mireur dit ici, avec un accent d'âpre volonté et de générosité qui fait que battent les cœurs de ceux qui aiment l’enfance et qui gardent une lumineuse confiance dans la génération de demain : "C'est faire ici un serment de civilité que de dire que ne sera pas abandonné par la République tout ce qui incarne la douleur des enfants sans pères et des mères sans époux". 



Les applaudissements répétés saluent la fin de ce discours puis c’est le défilé, comme nous le disons en première page de toutes les sociétés, de toutes les délégations, de toutes les familles des morts, de toutes les autorités, de tous les enfants des écoles et de tout Bayonne en entier devant cet impérissable monument, expression d'un impérissable souvenir. 



Enfin quand la musique du 18e, quand le drapeau mutilé du 49e se sont éloignés, le cortège se reforme, grossi du plus grand nombre des invités. Il se dirige vers le cimetière Saint-Léon au milieu de toute la population massée des deux côtés des Allées Paulmy. Il fait le tour des tombes où reposent de bons, de vaillants, et héroïques soldats. 



Jamais commémoration depuis 1918, ne fut plus solennelle, plus imposante et plus "affectueuse" au sens le plus profondément humain du mot."







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lundi 11 décembre 2023

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE LE 11 NOVEMBRE 1924 (deuxième partie)

 

L'INAUGURATION DU MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE LE 11 NOVEMBRE 1924.


Dès 1920, est lancée, avec un grand succès, une souscription publique pour la construction du monument aux morts de Bayonne.




pays basque autrefois labourd monument morts
INAUGURATION MONUMENT AUX MORTS BAYONNE 
11 NOVEMBRE 1924


23 dossiers furent présentés à la Mairie de Bayonne et c'est le projet des architectes Molinié-Nicod et Pouthier, associés au sculpteur Brasseur, qui fut choisi.




pays basque autrefois sculpteur labourd monument morts
SCULPTEUR LUCIEN BRASSEUR

L'édifice fut construit en 1923 sur l'esplanade des Glacis, adossé aux remparts et inauguré le 11 novembre 1924.



Voici ce que rapporta au sujet de cette inauguration la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays 

basque, le 12 novembre 1924 :



"Le Monument aux Morts de la Guerre a été inauguré hier à Bayonne.


... La Cérémonie de l'Inauguration


Les discours.


Les discours, ainsi qu’on l’a lu à notre première page étaient au nombre de sept. Les hauts parleurs en ont apporté le texte fidèle aux oreilles de la foule. Ils ont produit une profonde impression, particulièrement ceux de M. Ramond, président de l’Union des Anciens combattants et de M. Mireur, préfet des Basses-Pyrénées



Discours de M. Castagnet.


C’est M. Castagnet qui a pris le premier la parole. 



Après avoir rappelé l’allégresse que souleva l’armistice le 11 novembre 1918, il dit l'infinie reconnaissance de la cité pour les parents éplorés et pour les victimes de la guerre et il poursuit ainsi : 


En ce jour commémoratif, notre pensée ne peut s’empêcher de se porter vers les dépouilles des combattants qui reposent dans nos cimetières où nous avons voulu leur donner, au nom de la collectivité, une sépulture digne de leur sacrifice. Dans ces lieux de repos que chacun de nous visite pour se recueillir et puiser dans le souvenir des disparus les résolutions viriles qui guident nos consciences, la place des combattants tombés au Champ d’Honneur est marquée pour toujours. Ces champs de pierres tombales toujours fleuries, même pour ceux qui y reposent sans avoir laissé de famille par les pieuses marraines de l'Union des Combattants, avec comme emblème commun une palme et un casque, attestent par la grandeur de leur simplicité que le souvenir des morts glorieux de la Grande Guerre, ne disparaîtra jamais dans ces lieux que notre culte des êtres disparus, a rendu sacrés. 



pays basque autrefois labourd monument morts
MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

A cette sépulture nous avons voulu joindre un monument public rappelant sans cesse à nos yeux, dans tous nos actes de la vie quotidienne, les grands et graves devoirs que nous impose le sacrifice des enfants de Bayonne que nous glorifions. L'emplacement choisi sur ce vieux rempart de la défense, de notre ville marque bien que la guerre que nous avons subie n’avait qu'un but : la défense du sol sacré de la France. Placé dans ce cadre magnifique de fortifications militaires qui enchâssent notre cité d’une si belle parure, nous avons voulu que ce monument, dont l’harmonie si heureusement inspirée fait le plus grand honneur aux artistes qui l’ont conçu, vienne ajouter à la beauté de Bayonne


Pour symboliser la guerre, que pouvait-on faire de mieux que représenter celui qui en fut le héros magnifique : le simple poilu dans une attitude de froide résignation. Le statuaire a magnifiquement rendu l’expression de ce combattant qui a vécu d’un état surhumain qui fut un morceau de terre armée, doué d'une âme, un morceau de terre souffrante et pensante. Dans son regard, qui fixe devant lui le danger, résolument et sans peur, ne sent-on pas l’obsession de cette autre figure toujours présente à ses yeux, de la paix, de toutes les douceurs du travail et du foyer. Mais cette image n’altère en rien sa virile résolution d’accomplir le devoir jusqu'au bout, et tout dans son attitude exprime ces simples mots résumant la grandeur de sa noble tâche : "On ne passe pas !" A gauche du Monument, ce laboureur qui vient de creuser son sillon dans la terre douloureuse, cette terre qu’il a fallu défendre au prix de tant de sang, nous représente "la Paix dans le Travail". Son oeuvre achevée, le poilu de la paix, appuyé sur ses bœufs, songe : sa figure n'a pas l'expression de résignation douloureuse de celui qui fut le combattant de la guerre, mais elle n’exprime pas non plus la douce béatitude à laquelle pourrait se complaire son égoïsme. Il pense à celui qui, par son sacrifice, lui permet de jouir des bienfaits de la paix ; cette image, il ne l’oublie pas, il ne peut l’oublier. Elle est l’évocation permanente des devoirs douloureux qu’une humanité féroce dans ses desseins exige de ceux qui désirent la paix, que les peuples de proie viennent, hélas ! toujours troubler. Si son regard plane au loin, pour essayer de voir poindre l'aube des temps nouveaux qui fera fuir le spectre de la guerre, il n’en demeure pas moins fixé vers ce poilu qui lui dicte les devoirs qu'il faut savoir s’imposer en attendant une ère nouvelle et, comme lui, il est prêt à s’opposer, dans la même attitude, contre tous ceux qui voudraient venir lui arracher le sol auquel il est attaché. 



pays basque autrefois labourd monument morts
MONUMENT AUX MORTS DE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN

Entre ces deux groupes symboliques, une ligne d’horizon : c’est la terre, la bonne et si douce terre de France d’où s’exhalent comme en une montée vers l’infini tous ces noms impérissables pour Bayonne qui nous crient : "A vous il appartient de reprendre nos tâches anéanties avec le double devoir d'être non seulement ce que vous devez être, mais aussi ce que nous, disparus, n'avons pu devenir !" 


Ce Monument, que la population de Bayonne, dans une pieuse pensée, a voulu élever à la mémoire de ses enfants morts pour la Patrie, s'ajoute à ceux qui rappellent déjà dans notre ville d'autres sublimes sacrifices, comme le monument de 1814 et la plaque commémorative du siège de 1523. Pour donner à toutes ces pierres du souvenir leur véritable signification, n’est-ce pas le moment de rappeler les paroles que nous prononcions dernièrement dans une cérémonie analogue : "Que seuls peuvent garder leur indépendance et leur liberté les peuples qui ont pour les soutenir une grande force morale. Encore celle-ci ne peut-elle prendre naissance que dans un sentiment national toujours vivace, puisant sans cesse son inspiration dans le culte du sacrifice de nos ainés."



pays basque autrefois monument guerre labourd 1814
MONUMENT COMMEMORATIF 1814 BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


M. Castagnet a terminé par un salut au drapeau du 49e, "enlevé, a-t-il dit, à notre chère affection", mais revenu aujourd’hui pour un suprême hommage, et un salut encore aux familles en deuil. 



Discours de M. Ramond



combattants union première guerre mondiale
UNION NATIONALE DES COMBATTANTS



Vient ensuite M. Ramond, président de l’Union des Anciens combattants qui s’avance pour prononcer un discours qui va faire couler bien des larmes. Il remercie ceux qui ont voulu perpétuer la mémoire de ces vaillants, couchés dans le cimetière de Bayonne, ou sur une terre inconnue ou encore roulés par la vague. Il dit : 


Ce monument, élevé à leur gloire, est bien tel qu’ils l’avaient envisagé. 


Héros pacifiques, arrachés à leurs travaux par la plus injuste agression, ils étaient restés simples, et, s’ils faisaient la guerre, c’était moins pour la gloire qu'elle réserve aux vainqueurs, que pour défendre une liberté qu'ils sentaient menacée.  


Et ils la firent en Bayonnais qu'ils étaient, c'est-à-dire simplement, sans vaine forfanterie, et, quand des voix s'élevaient qui disaient l'admiration de notre cité pour leurs héroïques exploits, ils les écoutaient avec une bonhomie souriante, et, si ces timides avaient osé, ils se seraient excusés de tant de gloire. 


Partout ils s'illustrèrent. 


A Craonne et Givenchy. A la Ferme Beau-Séjour et Verdun. Sur la Somme et à Courcelles. Ils marquèrent de leur sang les étapes de notre victoire. 




première guerre mondiale marne
RAVIN ET FERME BEAUSEJOUR 51 MARNE
PREMIERE GUERRE MONDIALE


Et si leur gloire est si grande et si pure, c’est autant par leurs exploits que par le sacrifice virilement consenti d’une vie offerte à la Patrie pour qu'elle vive et subsiste libre, grande et respectée. 


Mortels, en effet, ils ne voulaient pas mourir ; 


Français et patriotes, ils allaient à la mort pour que la France reste libre, et pour que vous viviez  en paix. 


Ils sont donc tombés pour vous et en pensant à vous. 


Revoyons-les une dernière fois la veille de ces jours de bataille, dans cette tranchée d’où ils vont sortir au matin pour reprendre sur l'envahisseur une partie de ce territoire souillé de sa présence. 


Celui-ci charge un ami, à qui il croit plus de chance, de son dernier souvenir pour ceux qu’il aime. 


Cet autre termine en hâte une lettre qu’on trouvera sur son corps meurtri, et portera ses dernières pensées aux êtres chers qui pleurent à son foyer. 


Cet autre encore, essuie furtivement une larme, déboutonne sa capote, en tire une photographie maculée de sang et de boue, et adresse un dernier sourire au groupe familial qu'il ne reverra plus. 


Ceux-là, enfin, parmi lesquels il en était qui s’étaient déshabitués de prier, demandaient à un camarade prêtre les consolations suprêmes réservées à ceux à qui Dieu accorde la grâce de croire à un monde meilleur. 


Dès lors ils étaient prêts. 


Quand la mort vint les prendre, ils l’attendaient. 


Ils ne défaillirent point. 


Tous furent sublimes dans leur sacrifice. 


C'est Louis Labadie ; il est cité un des premiers, en septembre 1914, pour avoir, comme volontaire, été chercher des camarades blessés devant les lignes allemandes. 




première guerre mondiale labourd mort pays basque 1914 1918
FICHE MILITAIRE DE JEAN-LOUIS LABADIE



Et il n'en a rien dit à ses parents. Ceux-ci l’apprennent six mois après par un de ses camarades venu du front, et lui en font le reproche. 


Il s’en excuse alors dans une lettre touchante dans sa simplicité et qu’on souhaiterait voir insérée dans le livre d’or des enfants de Bayonne morts pour la France. 


Il n'a rien dit. Parce qu'il ne voulait pas que sa mère s’exagérât les dangers qu’il court. 


Il calme ses craintes. Déclare qu’il n'a rien fait que d'autres m’auraient fait. Cité, il s’étonne que des camarades désignés d’office, faute d'autres volontaires, pour remplir la même mission, ne l'aient pas été en même temps que lui. 


C'est Charles Roquebert qui, affecté à un régiment territorial, demande à être versé dans un régiment actif, et menace, si satisfaction ne lui est pas donnée, de se considérer comme victime d’une injustice. 


première guerre mondiale labourd mort pays basque 1914 1918
FICHE MILITAIRE DE JEAN-CHARLES ROQUEBERT


Lui aussi, comme Labadie, meurt glorieusement à Verdun et ses dernières paroles sont pour que la France vive. 


De même encore, Suzanne, Mialet, Hiquet, Arne et Elichagaray, enfants du peuple. 



première guerre mondiale labourd mort pays basque 1914 1918
FICHE MILITAIRE DE JEAN BAPTISTE ARNE


Arne qui, blessé au pied, apprend que sa section part à l'attaque, chausse une sandale, quitte le poste de secours, rejoint ses hommes et tombe le premier. 


Elichagaray cinq fois cité avant de mourir. Et aussi Chalon, le Grand Chalon, dont je me rappelle la joyeuse physionomie, le regard clair, la rude franchise. 



première guerre mondiale labourd mort pays basque 1914 1918
FICHE MILITAIRE D'ALPHONSE ELICHAGARAY




première guerre mondiale labourd mort pays basque 1914 1918
FICHE MILITAIRE DE LOUIS ALFRED CHALON




Chargé de faire une reconnaissance avec sa compagnie, il ne se dissimule pas les dangers de la périlleuse mission qui lui incombe. Il met ses papiers en ordre. Les remet à son ordonnance et le charge de les faire parvenir à sa famille.  


Entouré d'ennemis, sommé de se rendre, il répond d'un mot français qui n’a son équivalent dans aucune autre langue et tombe. 


Les Allemands ont fait mettre sur sa tombe : 

"Ici repose un vaillant officier Français". 


Ils furent tous ainsi les Bayonnais dont nous lisons aujourd’hui les noms sur ce monument. Chacun d’eux a écrit dans l’histoire de la cité une page glorieuse. 


Inclinons-nous devant eux. 


Vous qui les aimiez, cessez de pleurer et dites avec le père de l'un deux : "Mon fils je ne le pleure pas comme un mort, je le prie comme un saint."



A suivre...



(Source : Archives des Pyrénées-Atlantiques - Béarn Pays basque (le64.fr))







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