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lundi 25 septembre 2023

LE PAYS BASQUE ET LE BÉARN DANS L'ENSEIGNEMENT EN 1896

LE PAYS BASQUE ET LE BÉARN DANS L'ENSEIGNEMENT PRIMAIRE EN 1896.


En 1896, les régions, et en entre autres le Pays Basque, le Béarn et ka Bigorre, sont enseignées à l'école primaire, en cours moyen et supérieur.



pays basque carte basses-pyrénées béarn bigorre
CARTE DES BASSES-PYRENEES 1869




Voici ce que rapporta à ce sujet l'hebdomadaire La Revue de l'Enseignement Primaire et Primaire 

Supérieur, le 6 décembre 1896 :



"Education des adultes.

Conférence populaire.

Les Pyrénées françaises et leurs habitants.



... 8. Beautés des Basses-Pyrénées.



Au pays basque maintenant (arrondissements de Mauléon et Bayonne). Il est différent et des hautes vallées étroites des gaves et des larges plaines de Pau et d'Oloron : c’est un mélange de collines arrondies et de petites plaines ; les plaines sont couvertes de cultures (maïs, froment, prés, vignobles) ; les collines sont abandonnées au pâturage, au genêt, à la fougère. Cette variété de relief et de couleurs est l’un des charmes du pays. Un autre, c’est la beauté des maisons : blanchies à la chaux presque chaque année, avec leurs toitures en tuiles rouges, avec leurs volets peints en vert ou en rouge, elles semblent être des personnes vivantes et accueillantes. 



La montagne la plus connue du pays est la Rhune, dont l’ascension est facile, et d’où l’on découvre l'Espagne jusqu’à Barcelone, la France jusqu’à Bordeaux, les Pyrénées jusqu’à Tarbes.



Deux villes ont une réelle importance. 

Bayonne (30 000 habitants) est la grande commissionnaire entre la France et l'Espagne : ce sont les négociants bayonnais qui vendent à nos voisins nos tissus, nos outils ; ils leur achètent leurs vins (beaucoup moins depuis 1892, droits plus élevés), leurs fruits, leurs sardines. Serrée entre des remparts, comme Perpignan, la ville a peu d’air et peu de soleil, des rues étroites et des maisons hautes : c’est le contraire de Tarbes.



Biarritz (10 000 habitants) est tout simplement la ville de mer la plus fréquentée. Elle doit sa vogue à Napoléon III, qui vint y passer quelques étés, et qui entraîna à sa suite le grand monde de France, d’Espagne, d’Angleterre. Ce n’était jusqu’alors qu’une pauvre bourgade de pêcheurs, avec ses maisons basses et malpropres. Elle se transforma en quelques années : un pavillon pour cabines de bains au bord de la plage, un casino magnifique non loin de là, avec un balcon suspendu au dessus des flots et où se font entendre les musiciens pendant que les baigneurs s'agitent dans les vagues, que les enfants jouent sur le sable, que les curieux se promènent sous le pavillon ou, assis sur le sable, causent par petits groupes protégés contre l’ardeur du soleil par des parasols dont le manche est piqué dans le sable ; des promenades charmantes et variées sur la côte où l’eau creuse des cavernes dans la roche ; enfin des maisons neuves et fort belles qui ont remplacé les anciennes baraques, voilà quelques-uns des charmes de Biarritz. Ajoutez y trois des spectacles les plus beaux que puisse présenter la nature : la mer infinie, tantôt douce et caressante, tantôt furieuse et menaçante ; la montagne bleue dont les lignes coupent nettement le ciel à l'horizon ; le ciel souvent clair et bleu. Qui a vu Biarritz l’enchanteresse désire y revenir pour y rêver et pour y méditer.


pays basque carte basses-pyrénées béarn bigorre
CERTIFICAT D'ETUDES PRIMAIRES SUPERIEURES 1896



9. Les Bigourdans, les Béarnais et les Basques

— Les Bigourdans et les Béarnais des hautes vallées sont de rudes montagnards semblables aux Ariégeois, avec moins de douceur dans les manières et dans le ton. Les uns sont laboureurs, cultivent de petits coins de terre dans les étroites bandes de plaine et au flanc des montagnes ; les autres sont pasteurs, surveillent leurs troupeaux de moulons l'été sur les hauts plateaux recouverts de gazon, l'hiver dans les prairies des plaines qu’ils louent aux propriétaires, d’autres se font fonctionnaires, entrent dans la douane, dans l’enseignement, dans le clergé ; d'autres enfin émigrent vers les villes, Pau Bordeaux, Paris, en qualité de domestiques, garçons de café, marchands.



Les Bigourdans et les Béarnais des plaines sont moins rudes de manières et de moeurs, plus caressants dans le langage ; gais, aimables causeurs, spirituels, volontiers railleurs, ils constituent une agréable compagnie pour passer un bon moment. 



Un peuple qui mérite de fixer notre attention, c’est le peuple basque. Il est d'une autre race que tous ses voisins. Français ou Espagnols habitant sur les deux flancs des Pyrénées Occidentales, il compte environ 200 000 membres en France et 800 000 en Espagne. C'est le plus ancien des peuples de l’Europe : il remonte aux Ibères, qui habitaient le sud de la Gaule avant les Gaulois. Mais d'où venaient les Ibères ? Les savants discutent là-dessus depuis cent ans sans arriver à se mettre d’accord. Les uns disent que les Basques sont parents des Berbères de l'Algérie, et qu’ils sont venus de la Phénicie, qu'ils sont une ancienne colonie plus ancienne ayant passé par l’Afrique et l’Espagne ; les autres pensent qu'ils sont de la même famille que les naturels américains rencontres par Colomb lorsqu'il découvrit le nouveau continent.



Quoiqu'il en soit, les Basques ont une langue à eux qui est plus ancienne que toutes les langues européennes actuellement parlées, plus ancienne même que le latin et l’ancien grec. Ils tiennent à conserver leur langue qui est pour eux un héritage de leurs ancêtres, ils admirent la douceur et la sonorité de leur idiome. En un mot, ils sont fiers d’être Basques. 



Mais cela ne les empêche pas d'être Français de coeur. Autrefois, avant la guerre de 1870 notamment, les jeunes gens partaient pour l'Amérique avant leurs vingt ans, désertant ainsi leur devoir militaire. Ce n'était pas le courage qui leur manquait (il en faut pour braver l'Océan et ses tempêtes) ; mais ils avaient peur de la discipline militaire, des punitions, des reproches, des railleries de tous ces "francimans" dont ils ne comprenaient pas le langage. Voici à ce sujet une histoire bien triste et absolument authentique. En 1870 un jeune Basque arrive à Orthez pour entrer dans les mobiles. Comment vous appelez-vous ? lui demande un sergent. Le Basque ne répond rien, il ne comprenait pas. "Comment vous appelez-vous ?" reprend le chef sur un ton de colère et avec un juron. Silence. "Vas-tu répondre ?" Silence ".A la salle de police !" Le malheureux enfant se voit enfermé dans un sombre cachot sans comprendre pourquoi, sans savoir quand il en sortira. La tristesse le saisit et la fièvre : cinq jours après, il était mort ! Mort de peur parce qu’il ne savait pas un mot de français !



Aujourd'hui hui les petits Basques et les petites Basquaises apprennent le français dans les écoles. Il leur faut, pour l’apprendre, beaucoup plus de peine qu’aux Béarnais, car les mots basques n’ont aucun rapport avec les mots français ; la construction même des phrases est toute différente. Mais une fois qu’ils ont surmonté les premières, les plus grandes difficultés, ils ne manquent ni d’intelligence ni de bonne volonté, et ils font leurs éludes aussi bien que d’autres. Les jeunes filles qui se placent domestiques dans les villes arrivent même à parler très couramment et très correctement le français. Bref, aujourd’hui on est sûr de rencontrer dans le hameau le plus reculé du pays basque des gens sachant le français.



Le Basque a de grandes qualités. Il tient à être un vrai Basque et par là il faut entendre : 

1° un être laborieux qui vit de son travail et évite de se déshonorer par le vol ou par la mendicité ; 

2° un être propre et rangé, qui se respecte et respecte les autres. Les soldats basques sont recherchés comme ordonnances par les officiers pour leur propreté et leur honnêteté. "Je vous demande pardon, vous trouvez la maison dans un joli état ", telle est la première parole d’une maîtresse de maison recevant une visite. Vous regardez : la cuisine est sans une poussière, tous les objets sont à leur place, les meubles et la vaisselle reluisent. 

3° Etre Basque c'est encore être un bon membre de la famille, bon fils, bon mari, bonne femme ; les mœurs sont plus pures qu’ailleurs, on redoute le déshonneur qui s’attache à la mauvaise conduite. 

4° C’est enfin exercer l’hospitalité. Au bout des vallées, sur les passages, des paysans aisés donnent pour rien un abri et un peu de nourriture. Il y a 60 ans, existait une ferme où chaque nuit des passants recevaient gratuitement le souper et le gîte. Aujourd’hui une autre ferme où de tout temps on a fait de même. Et à ceux qui lui reprochent cette perte d'argent, la maîtresse répond "Qui est dehors est content de rentrer dedans."



En résumé, les Basques veulent acquérir l'instruction moderne et entrer dans la civilisation actuelle, sans perdre aucune des vertus de leurs pères."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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