LE MATADOR MANOLETE À PAMPELUNE EN 1947.
Manuel Laureano Rodriguez Sanchez dit "Manolete", né le 4 juillet 1917 à Cordoue (Andalousie, Espagne), mort le 29 août 1947 à Linares (Jaén, Andalousie, Espagne), est un célèbre matador espagnol.
AFFICHE FIESTAS DE SAN FERMIN PAMPELUNE 10 JUILLET 1947 |
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien Paris-Presse L'Intransigeant, le 3 août 1947, sous la
plume de Gaston Bénac :
"Voir "Manolete"... et mourir !" crient les Espagnols dans l'arène.
Le roi du Toro gagne 100 millions par an.
Je viens de rencontrer des amis qui arrivent d’Espagne et qui croient avoir assisté au plus gros événement que puisse vivre un être humain en l’an 1947. J’ai interrogé, à la fois ironique et sceptique ; je me suis heurté à des hommes qui ont cru voir quelque chose qu’ils ne reverront jamais, et que peu de mortels ont su admirer. S’agit-il d’une éclipse solaire, d'une vision miraculeuse, d’un phénomène scientifique d’ordre surnaturel ?
L'ART DE MANOLETE LE GRAND TORERO |
Non. Il s’agit tout simplement d’un exploit tauromachique jamais égalé. Celui réalisé aux fêtes de la Saint-Firmln à Pampelune par le célèbre matador Manuel Rodriguez y Sanchez de Cordoba, connu sous le nom plus simple de "Manolete".
Et, en même temps, mes amis me tendaient des journaux madrilènes et sévillans relatant, en termes dithyrambiques, la course réalisée par "Manolete" à Pampelune, devant des milliers de spectateurs qui avalent payé leur place au triple tarif et qui n’auraient pas donné pour plusieurs milliers de pesetas la chance qu'ils eurent de voir "ça".
UNE VERONIQUE DE MANOLETE |
Se mettre à genoux !
Et alors jaillissent devant mes yeux les plus étincelantes paillettes d’adjectifs que j'aie pu jamais admirer. Je traduis :
— "Manolete" a produit au cours de cette corrida devant deux toros de don Antonio Urquita (ex-Murube) le plus grand choc moral qu'on ait jamais enregistré en Espagne, écrit l’un d'eux. "Manolete" a surpassé les Belmonte, les Chicuelo, les Guerrita, les Gallito, les Antonio Marquez, les Lalanda, et il s'est montré le dieu de la tauromachie espagnole. On eût voulu lui crier "encore" et se mettre à genoux. Nous avions l'impression d’être des élus et de vivre des minutes qu'aucun mortel ne pourrait vivre, tant la sensation d'art était suprême.
Avec des gestes souples et moelleux, les pieds rivés au sol, "Manolete" faisait passer les cornes du tore à quelques millimètres de son magnifique costume rouge et blanc. Ses "manoletinas" admirables, le galbe du matador, son calme devant l'ouragan mortel, tout cela touchait de façon trop intense au drame pour qu’on puisse le décrire. Puis c’était l’estocade formidable, foudroyante, le fauve étendu à ses pieds...
MATADOR MANOLETE |
Jamais un homme n’a régné sur l’arène comme, à cette minute, régna Manolete Et l’ovation inouïe de la foule, les deux oreilles et la queue du toro offertes au matador paraissaient récompenses bien faibles pour de telles missions.
Et lorsqu'il accomplit ses tours d’honneur, les cadeaux jaillissaient à chaque place des tendidos. Près de mol, un paysan basque jeta son portefeuille, une estivante une croix en brillants... Mais tout cela paraissait bien faible... Nous venions de voir le dieu du toro en chair et en os vivant dans l'arène..."
Et j’en passe...
200 000 pesetas par corrida.
Manolete, qui vaut plus de 200 000 pesetas pour une corrida en Espagne, qui, si les frontières étalent ouvertes, ne pourrait toréer en France, lui et sa quadrilla (2 picadors, 2 banderilleros, 1 sobresaltiente), à moins de 3 millions, est depuis 4 ans le nouveau dieu de la tauromachie espagnole. Agé de 26 ans, originaire de Cordoue, Manolete, qui supplante dans la gloire des arènes sanglantes tous les "Grands" d’autrefois, de Mazzantini et Guerrita à Ortega et Martial Lalanda, en passant par Chicuelo Ficentès Reverte Bombita est à la fois le plus grand artiste et le plus grand réalisateur qu’ait connu la tauromachie espagnole.
MATADOR MANOLETE |
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