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samedi 9 septembre 2023

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1934 (vingt-quatrième partie)

 

L'AFFAIRE STAVISKY ET BAYONNE.


C'est une crise politico-économique qui secoue la France à la fin de décembre 1933, mettant en cause de nombreuses personnalités y compris en Pays Basque Nord.



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ALEXANDRE STAVISKY


Comme je vous l'ai indiqué précédemment, puisque nous sommes samedi, voici un autre article 

sur le "feuilleton" de l'affaire Stavisky et ses répercussions au Pays Basque.

Le procès de l'Affaire Stavisky va durer du 4 novembre 1935 au 17 janvier 1936 :



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans 

plusieurs éditions :


  • le 4 novembre 1935, sous la plume de Paul Belon : (début du procès)



"Au moment où commence la première audience du procès Stavisky ...Qui ne sera occupée sans doute que par des formalités.



Beaucoup d’appelés, peu d’élus. La formule est vieille. Mais jamais, sans doute, elle n’aura trouvé meilleure application qu’à propos du procès Stavisky dont la première audience a lieu aujourd’hui, aux assises de la Seine, dans une salle ornée, pour la circonstance, de bancs et de tables supplémentaires, de trois "diffuseurs" de lumière à vrai dire assez peu décoratifs, et d'un énorme coffre-fort, veillé par un garde, où repose le dossier de cette immense affaire. 



Des gardes, il y en a, d’ailleurs beaucoup, et davantage encore à toutes les issues, dans tous les corridors du Palais. N’entre point qui veut. Bien mieux : en pratique, personne n’entre, sauf les deux cents personnes du public debout et, naturellement, les ayants-droit. 



Dans le box des accusés.



Les "ayants droit", ce sont les accusés d'abord. Dans la stalle d’ordinairement qualifiée de "box d’infamie", prendront place ceux d’entre eux qui sont poursuivis pour des crimes comme la complicité de détournement de gages, le faux et l’usage de faux et qui, par suite, peuvent encourir une peine de travaux forcés. Ceux qui, prévenus de simples délits et qui pourtant n'ont pas été mis en liberté provisoire y figurent également. C’est ainsi que M. Albert Dubarry s’y trouve, bien que n’encourant que cinq ans de prison au maximum, pour recel simple. Les autres accusés laissés en liberté, MM. Camille Aymard, Paul Lévy, Pierre Darius, Guiboud-Ribaud, Bardi de Fourtou, Georges Gaulier, Henri Depardon, Gaston Bonnaure, Georges Hatot et Mme Stavisky sont installés dans le prétoire à la gauche des défenseurs qui sont on le sait, au nombre d’une trentaine. 


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ALBERT DUBARRY SORTANT DU CABINET DU JUGE
PHOTO AGENCE MEURISSE



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DEPUTE GASTON BONNAURE
PHOTO AGENCE MEURISSE


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PIERRE DARIUS DIRECTEUR JOURNAL BEC ET ONGLES
AFFAIRE STAVISKY 1934


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CAMILLE AYMARD DIRECTEUR LA LIBERTE
PHOTO DE L'AGENCE MEURISSE



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PHOTO MME STAVISKY
AGENCE MEURISSE


Signalons, à ce propos que Me Delmas, bâtonnier de Bayonne, défend Tissier, aux côtés de Me Jean-Charles Legrand. 



La première audience.



La première audience parait de voir être occupée uniquement par des formalités : constitution de la Cour, composée de MM. Barnaud, président ; Peyre, président-adjoint ; Giacometti, Durnes et Duval, ainsi que de trois représentants du ministère public, le procureur Fernand Roux ; l’avocat général Gardel et l’avocat général Cassagnau ; nomination des dix-huit jurés, dont six suppléants ; prestation de serment enfin, interrogatoire d’identité, lecture de l'acte d’accusation et appel des témoins. 



Il est à prévoir que la lecture de l’acte d’accusation, faite par M. Wilmès, greffier en chef, et son adjoint, M. de Peyrot, sera quelque peu abrégée, n’étant point prescrite par la loi "à peine de nullité". "



  • le 18 janvier 1936 :

"Les derniers instants du procès Stavisky et les condamnations.

Tissier a été condamné à 7 ans de travaux forcés ; 

Garat à 2 ans de prison ; 

Bonnaure à 1 an de prison avec sursis. 

Guébin, Cohen, Desbrosse à 5 ans de réclusion ; Hayotte à 7 ans de la même peine ; Bardi de Fortou et Hatot à 2 ans de prison.

Les 11 autres accusés ont été acquittés.


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MAÎTRE DELMAS ET TISSIER
EXCELSIOR 24 JANVIER 1934


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M GUEBIN DIRECTEUR LA CONFIANCE
PHOTO AGENCE MEURISSE
AFFAIRE STAVISKY 1934


Quand on lut le verdict.


Voici donc terminé un des plus grands procès qu’on ait connu. 


Rentrons dans la salle des audiences au moment où les jurés reprennent place à leurs bancs, pour la lecture du verdict. 


L'audience ouverte, le président pria l’assistance de maîtriser ses nerfs et invita les prévenus libres à sortir. 


On sait que la lecture du verdict doit se faire en l’absence des inculpés. 


On remarqua que le jury avait changé de président. C’est le pharmacien qui, promu à cette dignité, la main sur le cœur, donna lecture de l’important document dont on a déjà lu plus haut le résumé. 


Le "carré" des Bayonnais installés dans la salle depuis cinquante-cinq jours, connut une grande flambée de joie lorsqu’en réponse au premier bloc des questions concernant Garat, le chef des jurés répondit non. 



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MAIRE DE BAYONNE JOSEPH GARAT
PAYS BASQUE D'ANTAN

Mais quelques minutes après, on apprenait que sur l’un des chefs d’inculpation, l'ancien maire de Bayonne était condamné. 


Aussitôt le verdict rendu, la Cour se retira pour l’examen de la feuille. Et ce fut une bousculade effrénée, une ruée homérique vers la sortie, pour aller avertir ceux qui allaient être libérés. 


Une heure se passa au milieu de la plus totale incohérence. Enfin, la cour revint avec des félicitations : le verdict était d’une technicité parfaite. On fit alors entrer les onze. Pour la dernière fois, Dubarry, Romagnino, Digoin et Hatot se groupèrent dans le box, serrés l'un contre l’autre de la plus curieuse façon. Lecture du verdict libérateur leur fut faite et le contentement prit brusquement possession de tous les traits des onze visages. 


Mais on voulait surtout surveiller l'attitude des condamnés. L'un après l'autre, ils s'encadrèrent dans la porte étroite. Hatot, le gros Hatot, avec son masque épais de comique douloureux s’effondra et se cacha la figure dans ses mains puissantes. Guébin, accolé à la barrière du box, les yeux fermés, la barbe triste, ressembla instantanément à ces martyrs qu’on voit dans les scènes de vitraux. Le pauvre général, la lèvre tombante et sa moustachette redevenue grise depuis deux mois qu’il a négligé de la peindre, agitée d’un tremblement, ouvrit ses deux mains et les tendit vers la salle comme pour lui offrir sa douleur. Hayotte apparut tout à coup semblable à la plus sauvage des caricatures. 


Quant à Garat. son premier regard lancé telle une flèche, fut pour ses juges. Son expression était indescriptible et toute sa personne était comme chargée d’un incroyable potentiel de haine. La mâchoire serrée, les ongles incrustés dans les paumes, pour la première fois il se redressa et se révéla ce qu’il a toujours été : "un lutteur magnifique mais audacieux et cruel..." note "Paris-Soir". 


La bonne voix du président dissipa le maléfice : 


— Je vais faire immédiatement signer les levées d’écrou afin de permettre aux inculpés reconnus non coupables, de déjeuner ailleurs qu'hier... Nous reprendrons l’audience à 13 heures. 


Les groupes subirent de nouvelles cristallisations dans la débandade qui suivit. On vit Albert Dubarry, très entouré, embrassé, on l’entendit dire avec son accent qui donne aux "r" d'amusantes roulettes : 


"Merci ! Merci ! J'aime tant tous mes confrères, même mes adversaires " 


Et, dans un coin, Bonnaure se forçait à sourire et tapotait affectueusement l’épaule de Me Flasch et de Me Saillard, ses deux avocats, en larmes..."



A suivre...








Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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