L'ÉCONOMIE DU PAYS BASQUE ET DES BASSES-PYRÉNÉES EN 1923.
En 1923, dans la presse locale, est fait une analyse de la richesse agricole, commerciale et industrielle du département des Basses-Pyrénées.
Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-
Luz, le 22 mai 1923, sous la plume d'Auguste Pawlowski :
"Le Pays Basque et les Basses-Pyrénées au point de vue économique.
Le blé, l’élevage, le lait, le bois, sans compter le vin...
...Et tout ce qu’on pourrait faire !
Les Basses-Pyrénées, favorisées par la diversité des sols, l’abondance des eaux courantes, l’humidification provenant de la proximité de la mer, la douceur du climat en dehors de la haute montagne, l’égalité relative de la température, les orientations variées du terrain, devaient consacrer à la culture le meilleur de leur activité.
Cependant, sur 762 563 hectares, on ne signale que 146 100 hectares de terres labourables. Cet écart excessif s’explique si l’on veut bien considérer que les terres incultes couvrent plus de 116 000 hectares. Si l'on n'enregistre plus une surface perdue de 315 000 hectares, comme il y a cinquante ans, du moins un aménagement plus scientifique du sol permettrait-il de récupérer encore une vaste superficie. Le Basque n’a pas su faire pour la culture plus que pour l’industrie.
CARTE DES BASSES-PYRENEES |
D’un autre côté, les futaies séculaires absorbent toujours 150 000 hectares, et les sylves d’Ossau, de l’Iraty, d’Holcarté constituent des sites d'une majesté souveraine.
Les céréales sont particulièrement cultivées dans la plaine du gave de Pau, du gave d’Oloron, et le rayon de Saint-Jean-de-Luz. On recueille normalement 700 000 quintaux de blé, 1 400 000 de paille de froment, très peu de seigle (moins de 100 000 quintaux), à peine d’orge, pas du tout de sarrazin, 60 000 quintaux seulement d’avoine. mais par contre 720 000 quintaux de maïs, ce qui place à ce point de vue le département au second rang, derrière la Haute-Garonne, avec 11 p. 100 de la fourniture nationale. La culture des pommes de terre est relativement médiocre (200 000 quintaux).
LA RENTREE DES JAMBES DE MAÏS PYRENEES D'ANTAN |
Les plantations maraîchères du Béarn n'occupent que 1 500 hectares. Elles fournissent le haricot vert, le pois, le haricot en cosse surtout (80 000 quintaux), la fève, la féverolle, mais la récolte de chaque légume n’excède pas 7 à 8 000 quintaux. Parmi les fruits, on ne saurait guère citer que la châtaigne (30 000 quintaux), la noix (7 500), la pomme (15 000).
Les cultures industrielles sont beaucoup trop délaissées, à bien des égards. L'expérience a prouvé que la betterave à sucre, presque inconnue dans la région, pourrait être aussi riche et aussi abondante que dans le Nord.
Le Pays Basque ne pratique pas davantage, et à tort, la betterave à alcool, le tabac, le chanvre. Le lin jadis (1862) produisait 12 000 hectolitres de graines et 500 000 kilogr. de filasse. Il ne donne pas 100 000 kilogrammes à l’heure actuelle. Quant à la chicorée, elle trouverait ici un terrain très favorable, mais on en commence seulement l’exploitation, après des essais très encourageants.
De l’Irouléguy au Jurançon.
VIN D'IROULEGUY PROP ETCHEVERRY-AÏNCIART |
Un effort n’a été tenté que pour la vigne, qui occupe à peu près 18 000 hectares, contre 20 000 il y a vingt-cinq ans. Le vignoble est très disséminé sur les côteaux. Cependant les produits sont souvent de qualité supérieure, et la renommée des Jurançon, Gelos, Gan, Saint-Faust, Rontignon n’est point usurpée. Les rayons de Monein, d’Orthez, de Salies, les Vic-Bilh du canton de Lembeye, et le crû basque d’Irouléguy en Baïgorry ont aussi leurs amateurs. Ou pourrait tirer de cette richesse un parti singulièrement plus étendu.
VIN D'IROULEGUY PAREGABEA PROP ETCHEVERRY-AÏNCIART |
Un pays de pasteurs.
Comme toutes les populations montagnardes, l'Esqualdunac et le Béarnais naissent pasteurs. Aussi l'élevage est-il particulièrement prospère dans les Basses-Pyrénées, où l’herbe croit de la plaine des gaves aux terrasses supérieures de la chaîne. Les 290 000 hectares de prés naturels et de pacages, les prairies temporaires, produisent 7 à 800 000 quintaux de betteraves fourragères, 800 à 850 000 de rutabagas, 300 000 de trèfles, 250 000 de luzerne, et plus de 5 millions et demi de quintaux d’herbe. Ces ressources magnifiques permettent d’entretenir la cavalerie navarraise. forte de 32 000 animaux, aussi agiles que résistants, et 200 000 bovins, propres surtout à la boucherie (Urt, Monein) ou au travail (Navarre). Cependant on compte plus de 50 000 laitières. Le troupeau ovin, appartenant aux races béarnaise, basque et Manech, émigre de la vallée sur les cimes, ou vice versa, suivant les saisons. Il compte 250 000 têtes, tandis que la race porcine, bien fournie — 130 000 bêtes — alimente la célèbre charcuterie de Bayonne et d'Orthez, dont on pourrait quadrupler l’activité avec une organisation commerciale bien conçue.
VUE GENERALE ET MOUTONS A SAINT-PALAIS BASSE-NAVARRE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Une industrie agricole achalandée emploie une partie des produits de la terre. Les 525 000 hectolitres de lait recueillis sont ou consommés, ou transformés en beurre (165 000 kilogrammes) et fromages (850 000 kilogrammes). Le "Pyrénée" est savoureux, surtout celui de la vallée d’Ossau, qui utilise le lait de brebis. Toutefois, la préparation archaïque restreint la production. Ajoutons que l’industrie de Roquefort a installé des laiteries à Ainhoa, Hasparren, Ossès, Itxassou, Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Saint-Palais, Larceveau, Iholdy, Tardets, en vue de l'élaboration de fromages spéciaux. Orthez dispose, en outre, depuis 1909, d’une cuisinerie. Cette dernière fabrication pourrait bien être décuplée.
FABRICATION DU FROMAGE D'OSSAU BEARN DESSIN HHOMUALK |
La minoterie est essentiellement disséminée, et ses 770 moulins peuvent triturer 175 000 quintaux par mois. Certains établissements sont puissamment outillés : Pau ( 100 000 quintaux par an), Orthez (80 000), Nay (55 000), Saint-Jean-Pied-de-Port (59 000), Ustaritz, Saint-Palais, Arqui, etc. La brasserie est pratiquée à Pau, Bayonne, Oloron, Puyoô, et fournit une vingtaine de milliers d’hectos. la distillation triomphe à Bayonne et Pau, tandis que la chocolaterie, d'origine lointaine, a multiplié ses ateliers sut tout le territoire basque. Aucun autre département ne possède autant d’établissements (plus de 200), dont les principaux sont installés à Bayonne, Cambo, Hasparren, Baïgorry, Saint-Jean-Pied-de-Port, Ustaritz, St-Palais, Urrugne, Espelette, Urepel, Mauléon, etc.
CONFLUENT DES DEUX RIVIERES ET MOULIN ESTERENCUBY BASSE-NAVARRE D'ANTAN |
La préparation de la chicorée a été récemment instaurée à Pau et Bayonne. Enfin, l'industrie de la conserve s'est développée sur la côte à Ciboure et Saint-Jean-de-Luz, dans l'intérieur à Orthez.
Les industries du bois.
Les industries du bols, favorisées par l'étendue des forêts, et pouvant importer par Bayonne les ligneux étrangers ne sont pas moins nombreuses que dans la Bigorre. La scierie essaime ses moteurs le long des torrents, à Bayonne, Orthez, Coarraze, Bizanos, Jurançon, Urrugne. Deux grandes entreprises de Bayonne et Aramits se consacrent à la production des traverses, tandis que la parqueterie s'opère au Boucau. L’ébénisterie est en honneur à Jurançon, Oloron, Bayonne, la saboterie à Oloron, Puyoô, Louvie-Juzon, Bénéjacq (au total 200 000 paires par an). On ne saurait, en dernier ressort, oublier que le pays basque a perpétué de petites industries locales originales, la fabrication à Ogeu des cannes d'alpinistes, la préparation dans les villages de la Navarre, de la Soule et du Labourd des fameux makhilas, l'industrie du bois à Ossau, et celle des chapelets pour Lourdes à Montaut-Bétharram et dans la vallée du gave à Pau.
MAKILA BERGARA A LARRESSORE PAYS BASQUE D'ANTAN |
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