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dimanche 21 mars 2021

UN "MIRACLE" À SAINT-PALAIS EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN JUILLET 1876

LE "MIRACLE" À SAINT-PALAIS EN 1876.


Au cours de l'histoire, des "miracles", c'est-à-dire des faits extraordinaires, dépourvus d'explication scientifique, attribués à une puissance divine, ont eu lieu au Pays Basque.



pays basque autrefois miracle basse navarre
APPARITION VIERGE MARIE 1876
64 SAINT PALAIS




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite République, le 16 juin 1876 :



"Le Miracle de Saint-Palais



Ce miracle ne date que du 10 avril et n'a encore que deux mois. Mais il est de belle venue, et soyez sûrs qu’il grandira, car, étant du pays basque, il est presque espagnol. A peine sorti du berceau, le voilà déjà grandelet et capable, s’il tient ses promesses, de devenir aussi vigoureux que ses frères de Lourdes et de la Salette. 



Suivons, pour notre instruction, toutes les phases de sa croissance. Qui connaît un miracle les connaît tous. 



Celui-ci n’est au début qu’une farce grossière. A Saint-Palais, petite ville des Basses-Pyrénées, le petit Jean Lansereux, s’en allant aux champs, voit dans un sentier une belle dame qui fait en s’approchant de lui le bruit d'un vent léger



L’enfant, de retour à la maison, raconte la chose à son père, et celui-ci, au lieu de le conduire chez un médecin, lui administre une correction sévère. 



Le 6 mai, nouvelle apparition. Le petit Jean, monté sur un âne, allait dans une maison voisine chercher un agneau, quand il rencontre la même dame qui lui fait signe d’approcher. Il s’agenouille, et elle lui dit : "Je suis l'Immaculée-Conception." Puis elle lui recommande de réciter une dizaine de chapelet, et elle lui dit encore : "Tu iras vers la rivière, tu boiras de l'eau de la rivière, et tu avaleras trois cailloux." Enfin, elle lui confie un secret pour lui tout seul, avec défense de le révéler à personne. 



L'enfant obéit, et devant une nombreuse assistance il boit l’eau de la rivière et avale les cailloux.



C’est ici que l’affaire commence à devenir sérieuse. Le miracle grossit, il prend du corps. Les apparitions recommencent, et la fièvre superstitieuse gagne la foule. 



Les rendez-vous de la dame et du petit Jean se multiplient. Rendez-vous le 20 mai, puis le 21, puis le 22, le 24, le 26, le 29, et chaque fois au milieu d’un concours de population de jour en jour plus émue, plus crédule, plus fanatisée. 



Une fois la dame a béni un cierge, et l'enfant, l’œil égaré, la main tremblante, en proie à des convulsions, le présente à baiser au peuple, et le peuple le baise pieusement. 



Le clergé de Saint-Palais, composé du doyen et de ses vicaires, juge opportun d’intervenir et consacre par sa présence ces grotesques représentations. 



Quand on demande au jeune miraculé pourquoi il est si agité pendant les apparitions, il répond qu’il est ébloui par les rayons de la dame et que cette lumière lui transperce les yeux



Quand on lui demande pourquoi il tremble, il dit : "Le corps tremble peut-être, mais pas le cœur." C’est probablement un mot qu’on lui a soufflé. 



Quand on lui demande pourquoi il pleure, il dit : "Je pleure de bonheur par force." 



Quand on lui demande ce que lui a dit la dame et dans quelle langue elle lui a parlé, il dit qu’elle lui a parlé tantôt en basque, tantôt en français. 



Quand on l’interroge sur le secret qu’elle lui a confié, il se tait. 



Un jour, la dame lui dit que l'eau du ruisseau était bonne et que ceux qui en boiraient, ayant la foi, seraient guéris. Plusieurs en burent et ne furent point guéris. Le petit Jean en fit ses remontrances à la dame, qui lui dit : "Ce ruisseau ne changera pas, mais il fera du bien." 



Et à ce propos nous pouvons prédire, sans être prophètes, que l’eau de ce ruisseau se vendra cher, un jour, en bouteilles. 



Entre deux apparitions, un habitant de Saint-Palais, quelque mécréant sans doute, quelque lecteur de la Petite République, avait conseillé au petit Jean de solliciter de la dame un grand miracle évident, public, capable de confondre les incrédules. Le petit Jean fit la commission, et la dame lui dit en langue basque qu'elle en ferait un au dernier dernier jour



Cette réponse jeta les fidèles dans une grande curiosité et dans une véhémente impatience. Que fallait-il entendre par ce dernier dernier jour ? La dame avait promis quinze apparitions, et la dernière tombait le dimanche de la Pentecôte. Or, ce dimanche passa, et de miracle point. Et voilà que nous apprenons, par une correspondance du journal l'Univers, que les apparitions recommencent avec promesses de nouveaux rendez-vous. La dame a confié encore un secret au pauvre petit visionnaire ; mais le peuple attend toujours le miracle. 



Que le peuple prenne patience, il n'attendra pas longtemps. Le miracle viendra bientôt, à moins que la gendarmerie ne s'en mêle, et nous sommes fort étonnés qu’elle ne s’en soit pas encore mêlée. Car il n’y a rien qui mette en fuite les apparitions comme un tricorne de gendarme."


pays basque autrefois gendarmerie basse-navarre
GENDARMERIE ST PALAIS
PAYS BASQUE D'ANTAN





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