LA GUILLOTINE FONCTIONNE À SAINT-PALAIS EN 1820.
Selon l'article 3 du Code Pénal de 1791, qui classe la peine de mort parmi les peines afflictives et infamantes, "Tout condamné à mort aura la tête tranchée".
MAISON D'ARRÊT ST PALAIS - DONAPALEU PAYS BASQUE D'ANTAN |
Cette célèbre phrase restera dans l'article 12 du Code Pénal Français jusqu'à l'abolition en
1981, de la peine de mort.
Je vous ai déjà parlé d"une condamnation à mort, à Saint-Palais, en 1841, dans un article
précédent.
Voici ce que rapporta sur ce fait divers tragique le journal La Gazette de France, dans son
édition du 15 décembre 1820 :
"Procès d’Harisgarat, incendiaire et assassin.
La cour d'assises de Pau vient de s’occuper d’une affaire qui avait excité un vif intérêt parmi les habitants des campagnes environnantes.
Dans la nuit du 20 février 1820, la femme de Pierre Algueïru trouva assujettie à l'un des barreaux de sa fenêtre une lettre anonyme adressée à son mari, par laquelle on le menaçait des malheurs les plus grands, s’il ne déposait une somme de 600 fr. dans le creux d’un arbre appelé et connu dans la commune d’Arbouet sous le nom de Harits-Bacoitsa ; cette lettre était écrite en basque et en caractères italiques, sur une feuille de papier ordinaire, réduite aux trois quarts de sa grandeur par les coupures qui avaient été faites de tous côtés avec des ciseaux ou tout autre instrument tranchant.
La femme Algueïru remit cette lettre à son mari , qui la garda soigneusement, ne la communiqua à personne, et malgré la frayeur qu’elle lui avait inspirée, ne déposa pas non plus la somme qui lui était demandée. Deux mois se passèrent sans qu’il éprouvât aucune espèce de désagrément ; mais dans la nuit du 23 au 24 mai, il fut réveillé par un coup terrible porté sur le contrevent de sa chambre : il sortit de suite de son lit, mit la tête à la fenêtre et fut frappé par l’éclat extraordinaire d'une lumière.
C’étaient les flammes qui dévoraient une de ses granges, située à douze pas de sa maison. Il ne vit personne, et s'empressa de réveiller sa famille et de crier au secours. Quelques voisins accoururent, et parmi eux se trouvait Harisgarat ; le feu fut promptement éteint : cependant une partie de la grange fut brûlée.
Algueïru ne douta point que cet incendie ne fût l’effet des menaces qui lui avaient été adressées : ces doutes se convertirent en certitude quand on le prévint qu’on avait trouvé un placard attaché avec un clou de latte à la porte principale de sa maison : on y avait écrit que si l'on avait mis le feu à sa grange, c'était parce qu’il n’avait fait aucun cas de la lettre qui lui avait été adressée le 20 février ; ou l’y sommait de déposer le 3 juin suivant la somme de 900 fr. dans le creux du même arbre Harits-Bacoitsa, ou bien sous la pierre qui se trouve sous la croix de Burgaintsi. On lui disait que s’il se refusait à la sommation qui lui était faite, ou incendierait non seulement sa maison, mais encore toutes les maisons qu’il possédait, et qu’on le rendrait le plus malheureux des hommes. Ce placard était aussi écrit en basque et en caractères presque italiques sur un papier de la même qualité que celui de la lettre, mais plus court et un peu moins large : la même main paraissait avoir écrit et la lettre et le placard.
Algueïru, qui n’obéit point à la sommation qui lui avait été faite, faillit être la victime des menaces qui lui étaient adressées. En effet, la nuit du 6 nu 7 juillet, il fut réveillé par le bruit d'un coup d’arme à feu, tiré de sa basse-cour vis-à-vis la croisée de sa chambre ; il se leva à l'instant, alluma une chandelle, et vit qu’une balle avait percé un des volets de la fenêtre, avait entamé la courtepointe de son lit, passé par-dessus le berceau où reposait un de ses enfants, et pénétré dans une armoire où elle s’était amortie.
La femme d'Algueïru trouva sur la pierre de la fenêtre une lettre ainsi conçue :
"Algueïru, vous avez reçu, le 23 ami au soir, un papier ; vous avez encore ici la même demande que celle qui vous était faite par ce papier, et de plus un souvenir ; faites attention à l’effet que de pareils souvenirs peuvent produire sur votre corps ; vous n’aurez de tranquillité que lorsque vous aurez déposé les 900 fr. Si vous voulez vire en paix, vous les remettrez d’ici au 14 juillet au soir. Si vous faîtes quelque fraude dans la remise de cet argent, votre affaire sera la même que jusqu'à présent.
Vous avez fait un grand éclat, croyant sans doute que vous vous honoreriez en cela, et croyant aussi intimider vos adversaires : nous ne craignons ni vous ni personne ; vous ne nous reconnaîtrez nulle part ; et nous, au contraire, nous vous reconnaîtrons. Comme votre dernier délai est fixé au 14 juillet, vous viendrez avec les camarades qu’il vous plaira ; si vous y manquez, nous nous trouverons près de vous lorsque vous nous croirez bien loin, et quand vous nous croirez près, nous serons bien loin.
Mon maître vous fait dire de déposer cet argent que nous n'en voulons ni plus ni moins ; si vous vous laissez faire d'autre demande, nous le trouverons nous-mêmes. Vous le mettrez dedans quelque chose, et de cette manière votre mal de tête cessera. N'attaquez pal ceux qui n'ont ucun tort."
Cette lettre était aussi écrite en basque et en caractères romains mal imités.
Il paraissait difficile d'en connaître l'auteur, mais le hasard vint aider la justice.
Quelques jours avant que le coup de fusil eût été tiré, l’instituteur de la commune d Arbouet, vit entre les mains d’une jeune fille son élève, deux morceaux de papier, sur lesquels on apercevait des caractères absolument semblables à ceux du placard qui avait été affiché la nuit du 23 mars sur la porte d'Algueïru.
Une telle ressemblance porta l’instituteur à se saisir de ces deux morceaux de papier : il les joignit ensemble ; il trouva qu'ils formaient une espèce de lettre écrite en basque et en caractères romains ; dessus de la première ligne et après ces premiers mots billet bat curi, le papier qui avait été déchiré laissait apercevoir certains jambages qui firent présumer qu'on y avait écrit le nom d’Algueïru.
FACTEURS A ST-PALAIS PAYS BASQUE D'ANTAN |
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