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mardi 13 août 2019

LES OBSÈQUES DU SAUVETEUR FOURQUET "CARCABUENO" À BIARRITZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN JANVIER 1915


LES OBSÈQUES DE "CARCABUENO".


En 1915, disparaît un des plus célèbres guides-baigneurs de Biarritz : Joseph Fourquet, plus connu sous le nom de "Carcabueno".

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CARCABUENO GUIDE BAIGNEUR BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Je vous ai déjà parlé de la mort de Joseph Fourquet, sauveteur de Biarritz, dans un article 

précédent.


Voici ce que rapporta la Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, au sujet des 

obsèques de Joseph Fourquet, dans son édition du 17 janvier 1915 :



"Aux Obsèques de Fourqnet.

Nous avons dit hier ce que furent les obsèques de ce héros et de cet homme excellent, Joseph Fourquet, qui laissera sur son nom et sur le nom de Biarritz, sa ville natale, un lumineux sillon de gloire. 



Rarement, foule si considérable n’accompagna un défunt à sa dernière demeure. Tout Biarritz était là avec une foule d’amis et d’admirateurs venus de la région et le cercueil disparaissait sous les couronnes. 



Derrière le char funèbre, les décorations de "Carcabueno" étaient portées sur un coussin. Il ne manquait dans une si nombreuse collection de témoignages d’une rare bravoure, que les décorations allemandes, dont notre concitoyen n’avait plus voulu. 



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GUIDES BAIGNEURS BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici, comme nous l’avons annoncé, le discours prononcé au cimetière par M. Garay, qui a retracé avec une sobre éloquence la belle carrière de notre ami : 

"Mesdames, Messieurs, 


En l’absence de M. le Maire, je dois à mes fonctions actuelles, le pénible devoir, mais aussi le très grand honneur, de saluer, au nom de la Ville, la dépouille mortelle de Joseph Fourquet. 


Ce brave pilote, cet intrépide sauveteur, cet incomparable guide-baigneur, est tombé foudroyé par une embolie au cœur, au Port-des-Pêcheurs même où il avait coutume de se rendre tous les jours. 


C’est une belle et noble figure qui disparaît, et sa mort fera un vide difficile à combler dans cette pléiade de hardis marins biarrots, dont les actes de bravoure ne se comptent plus, et dont la juste réputation était aussi bien établie en France qu’à l’étranger. 


Joseph Fourquet était un brave homme dans toute l’acception du mot. D’aspect un peu rude, comme tous les loups de mer, sa large poitrine renfermait un cœur d’or. Tout le monde l’aimait parce que très bon et sur tout très courageux. 



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GUIDES BAIGNEURS GRANDE PLAGE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Ses nombreux sauvetages, effectués toujours dans des conditions périlleuses, lui avaient valu les plus hautes récompenses. En voici l’énumération officielle :


Le 16 Décembre 1883, vers six heures du soir, un homme allait se noyer dans les brisants de la Côte des Basques, s’étant laissé surprendre par la marée sur le rocher de la Pierre-Blanche. On lui avait lancé une flèche porte-amarre qui s’était cassée. Il était perdu sans le jeune Fourquet, qui se jette à la mer malgré la nuit, le froid, les brisants, et le ramène sain et sauf. 



17 Mai 1884, Médaille d’Honneur de deuxième classe, délivrée par M. le Ministre de la Marine. 


Le 22 Mars 1886, deux hommes en canot chavirent au delà des rochers de la villa "Belza". Fourquet et un autre marin s’élancent dans une barque ; mais ne pouvant la diriger dans Les brisants, Carcabueno, sans crainte des coups de mer, plonge et ramène un des malheureux qui venait de couler ; il le hisse dans le bateau et plonge de nouveau pour sauver le second qu’il arrive à ramener aussi. 


22 Mai 1886, Médaille d’Honneur de première classe en argent, délivrée par M. le Ministre de la Marine. 

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CANOT DE SURVEILLANCE GUIDES BAIGNEURS BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le 21 Février 1889, la chaloupe "Marie-Gustave" sortait du port, montée de 14 hommes dont Fourquet, pour porter pilote à un vapeur. La mer étant très mauvaise, la barque reçoit plusieurs coups de mer successifs et chavire. Tous les hommes sont à l'eau dans les brisants. Le premier, Carcabueno gagne la rive après bien des efforts ; mais apercevant un homme qui se débat et va couler, il arrache sa capote et ses bottes et se précipite à son secoure. Il reçoit en pleine figure un aviron, qui projeté par la vague, le blesse grièvement. Aveuglé par le sang, il plonge et ramène son matelot sans connaissance. Malheureusement, Fourquet ne put arriver à temps pour sauver un autre marin qui disparaît. 


Le 15 Avril 1889, Médaille d’Honneur de deuxième classe en or, décernée par M. le Ministre de la Marine. 


Le 11 Avril 1891, Témoignage officiel de satisfaction de M. le Préfet Maritime de Rochefort, pour avoir sauvé un homme qui se baignait à la Grande-Plage. Entendant crier, Fourquet, toujours en éveil, se précipite à l’eau, et après avoir lutté contre les coups de mer, ramène le baigneur. 



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GUIDES BAIGNUERS GRANDE PLAGE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

En Août 1893, Mention honorable, pour avoir sauvé trois baigneurs à la Grande-Plage, qui, s’étant trop avancés en mer, avaient été emportés dans les brisants au delà des limites du bain. Aidé d’un autre marin, Fourquet leur sauva la vie. 



Le 7 Juin 1894, une dame se jetait dans la Nive, au Pont-Mayou, à Bayonne. Attiré par la foule et les cris, Fourquet se précipite. La malheureuse surnageait encore ; vivement, il commence à se déchausser ; mais la voyant couler, il plonge tout habillé du haut du pont et la retire de la rivière. 



Médaille d’Honneur de première classe et le Prix de Blois en espèces. 


Le 4 Décembre 1896, Fourquet et sa chaloupe sortent du port avec 12 hommes pour porter pilote. Après avoir mis Carcabueno à bord du voilier "Henrika", la trainière s’éloigne ; mais au bout de quelques instants, prise par un coup de vent, la barque chavire.

Du voilier, Fourquet, inquiet de ne plus l’apercevoir, gouverne dans sa direction. Au bout d’une demi-heure, il découvre ses 12 hommes à la nage et cramponnés aux épaves de la barque. Il supplie le capitaine du voilier de lui laisser mettre à l’eau le canot du bord ; mais la mer est mauvaise, et malgré ses instances, personne ne veut l’accompagner. 

Désespéré, Fourquet s’embarque seul dans la frêle embarcation, où le suit enfin un marin allemand. Ils rament vers le lieu du sinistre, et après mille dangers sauvent les hommes. Embarqués tous dans un canot de 4 m. 50, débordant à peine de l’eau, entourés de grosses houles qui menacent à chaque instant de les engloutir, les malheureux se voient encore une fois perdus, car le voilier, peu favorisé par le vent, est assez éloigné. Enfin, après une longue heure d’angoisse et de peine, grâce au dévouement et au sang-froid de Fourquet, ils gagnent le voilier. C’est seulement à bord que Carcabueno constate avec désespoir que deux hommes manquent à l’appel. Sur 12 hommes, 10 étaient sauvés. 




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CANON DES GUIDES BAIGNEURS DE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN

Médaille d’Or de première classe et une Médaille d’Or offerte par l’Empereur d’Allemagne, qu’au début de la guerre actuelle, son patriotisme lui fit un devoir de renvoyer. 


Deux mois après, Fourquet sauvait une dame en danger de mort dans les brisants de la Côte des Basques. 


Le 15 Octobre 1900, deux étrangers, malgré les observations du garde-côte et des guide-baigneurs, s’avançaient trop hors des limites du bain. 



Les vagues énormes et le courant les entraînèrent vers le rocher de Chanings.

Fourquet, muni de la corde de sauvetage, s’élance à la mer, suivi de deux ou trois autres baigneurs. Mais les vagues brisent avec une telle violence, le courant est si fort, qu’un à un les marins renoncent. Carcabueno lutte encore ; enfin, épuisé par de tels efforts, il se laisse retirer à terre par la corde de sauvetage.

Les deux étrangers étaient sauvés par une barque sortie du port. 

Plus tard, il sauvait encore une vieille dame qui voulait se noyer dans les grosses vagues de la Côte des Basques. 


En Octobre 1903, il sauvait un baigneur emporté par le courant dans les brisants de la Grande-Plage. 


Le 27 Octobre 1903, aux appontements de Pauillac, vers onze heures du soir, par une nuit froide et très obscure, un passager de l'"Amiral-Aube" tombe à la rivière. Quelques secondes après, le pilote Lavigne tombait de même, n’ayant pu distinguer le bord de l’appontement. Entendant crier : "Au se cours !", Fourquet, sans se préoccuper du danger qu’offrait cette nuit obscure, s’élance seul dans un canot, risquant ainsi de chavirer, et, guidé par les cris, il arrive à trouver le pilote dans les remous de l’appontement. Malheureusement, il ne put retrouver le passager. 


Le 17 Juin 1905, rafalée par un fort vent de nord-ouest, une barque de Guéthary était en grand danger de perdition près des brisants de la Milady. La chaloupe à vapeur "Bethi", appartenant à Fourquet, pousse ses feux, et sous sa direction, accompagné de quelques marins, se porte au secours des deux hommes qu’il trouve exténués dans leur canot à demi rempli d’eau. Après pas mal de difficultés, la mer étant très houleuse, Fourquet les ramène au Port-des-Pêcheurs, avec leur embarcation. 


Le 22 Juin 1905, Fourquet, travaillant à ses filets sur la Place du Port, entendait crier un enfant sans y porter attention quand, frappé par le cri : "Un homme se noie !" il se précipite et aperçoit un individu qui se débat dans l’eau ; arrivé au chenal du Port, le malheureux allait couler. Carcabueno, à demi vêtu, plonge et retire l’imprudent, avec l’aide de quelques amis.


Médaille d’Argent de première classe, délivrée par M. le Ministre de la Marine. 


Le 15 Mai 1907, la grande Médaille des Hospitaliers Sauveteurs Bretons lui fut conférée. 


Il reçut encore, en 1908, une Médaille d’Argent de S. M. le Roi de Suède, pour avoir lors du naufrage du "Padosa", sauvé deux matelots et un sauveteur qui lui-même se trouvait en péril. 


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NAUFRAGE DU PADOSA BIARRITZ 1907
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le 17 Décembre 1910, a pris une part active au sauvetage de l’équipage du vapeur anglais "Maroon", en perdition par le travers de Biarritz



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NAUFRAGE DU MAROON BIARRITZ 1910
PAYS BASQUE D'ANTAN

Médaille d’Or de première classe, décernée par M. le Ministre de la Marine. 



Il était titulaire du Prix Camégie.



Fourquet avait été proposé deux fois pour la Légion d’Honneur par M. l’Administrateur de l'Inscription Maritime, en 1908 et 1911 ; il l’aurait certainement obtenue. 



Et ces sauvetages, Joseph Fourquet les accomplissait tout naturellement, comme sans effort moral. C’est qu’il personnifiait le sang-froid et le calme, même dans les situations les plus critiques. Il se riait du danger, avec une insouciance de grand garçon. Il le bravait toujours en pleine possession de lui-même. 



La mer démontée, les tempêtes les plus terrifiantes ne l’effrayaient pas. 



Que ce fût un nageur imprudent en danger de mort, ou un navire en détresse qui faisait des signaux d’alarme, Fourquet était toujours là pour risquer sa vie et sauver celle de ses semblables. 



Et de cet héroïsme vrai, le brave Carcabueno s’en soupçonnait pas la beauté sublime ; il n’en tirait aucune vanité. C’était un héros ignoré de lui seul, mais admiré de tous ceux qui le connaissaient bien pour l’avoir vu, en mille circonstances, opérer des sauvetages que l'on croyait impossibles. 



Et lui, qui avait arraché à la mort tant d’existences humaines, il succombe à un mal foudroyant, face à la mer, qu’il avait toujours aimée, et qui fut sa passion et sa vie. 



Pauvre Fourquet ! Ta mort n’est pas celle que tu avais rêvée. Comme le soldat sur le champ de bataille, c’est sans doute en pleine mer que tu aurais voulu sombrer. Mais le destin, dont les secrets sont insondables, ne l’a pas voulu ! 



C’est dans ce vieux cimetière biarrot, où reposent les tiens, que tu dormiras désormais ton dernier sommeil ! 



C’est ici, que dans un souvenir pieux, ta femme éplorée et ton fils cruellement frappé, viendront s’agenouiller et prier ! 



C’est encore ici que tes amis t’apporteront le tribut de leur admiration et de leur sympathie attristée ! 



Puisse, l’hommage public rendu à ta mémoire, être une consolation pour ceux que tu laisses dans la douleur. 



Au nom de la population tout entière, je leur adresse l’expression de nos regrets et l’hommage de nos plus vives condoléances."






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