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vendredi 9 août 2019

HENDAYE ET FONTARRABIE AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1908


HENDAYE ET FONTARRABIE EN 1908.


Hendaye et Fontarrabie, les deux cités voisines, séparées par une frontière territoriale et le fleuve Bidassoa, ont de tout temps communiqué entre elles.


pays basque 1900
BAIE DE CHINGUDY HENDAYE 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta le journal Le Petit Marseillais, dans son édition du 15 août 1908, sous la 

plume de L. Faber :



"HendayaFuenterrabia.



12 août. 




Lorsque l’on arrive à Hendaye on pourrait déjà se croire en Espagne.




Le voyageur y est accueilli par des vociférations rauques, assourdissantes, qui lui paraissent pleines de menace et lui font aussi tôt serrer avec amour sa valise sur son cœur. 




Mais ce n’est pas à la valise, c’est à la personne même du voyageur qu’en ont les crieurs ceinturés de rouge et chaussés d’espadrilles. Votre bagage importe peu ! L’essentiel est que l'on sache par quel passeur, entre tant de bateliers vociférants, vous accepterez de vous laisser conduire d'Hendaye à Fontarabie. 




De là, ces cris horribles d’où émergent des indications répétées et furieusement françaises. 




Merci du français ! Mais le reste ? Les propos rocailleux que les passeurs forcenés échangent entre eux ; est-ce de l'espagnol ? Est-ce du patois de frontière ? 




Ni ceci ni cela, monsieur : vous êtes en pays basque, et le langage qui chatouille un peu durement votre oreille, c'est l'euscara. On est Espagnol et Français sur les rives de la Bidassoa. Espagnol du côté Navarre et Français du côté Adour ; mais, à droite ou à gauche, on est d’abord Euscarien, c'est-à-dire Basque, avec des mœurs communes, un sang de race autonome, un idiome qui déconcerte les savants soucieux de classification linguistique et, à plus forte raison, le touriste préoccupé de ses finances. 




Si vous avez déambulé en territoire basque français et sur cette côte admirable concurrente heureuse de la "Côte d’Azur", et qui s’appelle "Côte d'Argent" pour les franges de ses plages, de ses falaises, de ses barres — peut-être aussi pour le prix de ses auberges ; si vous êtes allé de Bayonne à Hendaye par le chemin de rêve où Biarritz la Royale et Saint-Jean-de-Luz égrènent leurs villas étincelantes, vous avez été frappé du nombre de mendiants et de citoyens qui ressemblent à des Espagnols. 




Pour les mendiants, c’est vrai, ils nous arrivent tous d’Espagne. Mais pour les autres, non pas ! Ils sont Basques, rudes, alertes et fiers, actifs à la besogne autant que passion nés du jeu de pelote jeu national autant a Saint-Sébastien qu’à Bayonne, où nous avons relevé sur le mur de la cathédrale cette large inscription : "Défense de jouer à la pelote." 


pais vasco 1900
MENDIANTS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Ne pas déduire de cet avis prohibitif que l’Eglise juge damnable ce jeu national. Des curés s'y adonnent. Mais il paraît que, à Bayonne, on abusait du fronton présenté par le haut mur de la cathédrale, où s'incruste un porche ciselé. C’était, le dimanche, une cause de dissipation pour les dévotes qui, sans doute, en oubliaient vêpres. 




Les joueurs captivants furent priés d’aller peloter ailleurs, en vue des championnats fréquents pour lesquels Basques d’Espagne et Basques de France passent volontiers la Bidassoa, soit à Irun, soit à Hendaya y Fuenterrabia. 




A Hendave, la traversée par bateau est originale et les passeurs sont amusants. 




Nous avons, au saut du train, dit un mot à un de ces hérauts de la barque, il parait que c’est un engagement. Dans notre visite d'Hendaye, où tout est vite remarqué, parce qu’il n’y a rien à voir, le passeur est sur nos talons. Nous allons à la poste : il est devant la boite ; nous déjeunons : il croise à la porte de l'hôtel. Nous flânons au jardin : il s’encadre aux barreaux de la grille et ne démarrera qu’en notre compagnie...à bord. 




En route pour Fontarabie

guipuzcoa 1900
FONTARRABIE 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN

Nous pensons y aller tout droit et parcourir en vingt minutes deux ou trois petits kilomètres. Mais la Bidassoa est un drôle de cours. Son vaste estuaire, à marée basse, est un champ de sable, avec, çà et là, des rubans d’eau navigable. Et c'est toujours marée basse dans ce pays singulier. Le matin, la mer est partie ; l’après-midi, elle n’est pas revenue. Si l’on veut lui dire bonjour, il faut se lever au milieu de la nuit, sauf de l'aller chercher au cap du Figuier, par exemple, — ce que nous n'avons pas manqué de faire en débarquant à Fontarabie.




Car on passe tout de même l'estuaire ensablé et c’est une joie que de défiler sous le regard des douaniers espagnols qui promènent de grands fusils. La pentière est fortifiée. A l'équipement belliqueux des douanes, on comprend que c’est ici le pays de la contrebande. Près des gabelous, de souriants cavaliers, en petit chapeau verni, regardent passer les gens, passeurs et passagers.




Sur la plage, chacun passe. 

Chacun vient, chacun va. 

Drôles de gens que ces gens-là 

Mais ce n’est pas le moment de chanter Carmen

Fontarabie se dresse près de nous dans sa parure orgueilleuse de palais en guenilles.



guipuzcoa antes
RUINES DU VIEUX FORT FONTARRABIE 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN

Si Hendaye n'a guère à montrer que sa maison de Pierre Loti, — assez quelconque villa, — Fontarabie, si curieuse de lignes à distance, si attirante par les souvenirs qu’y ont laissés les amiraux Cabrera ou les généraux Condé. Fontarabie est remarquable par des vestiges de splendeurs auxquels s’attachent les noms de François 1er et de Charles-Quint. 




La vieille ville, — nous ne dirons rien de la moderne que les villégiateurs espagnols ont affreusement bariolée de bleu de Prusse et de sang de bœuf.— la cité où l’on entre par la pittoresque Puerta de Santa-Maria, a conservé son cachet de citadelle sourcilleuse que couronne la plus curieuse qui soit des églises. Vers l’église grimpent des rues bordées de maisons archaïques, à corniches énormes capricieusement sculptées, à miradores, à balcons en fer ouvragé. La calle Mayor est surtout remarquable avec sa casa consistorial et le surplomb de ses toits à consoles et l'ombre formidable que projette sur elle le noir palais de Charles-Quint. Le paseo de la muralla a voilé de frondaisons pacifiques les antiques remparts et la nature éternellement jeune atténue l’appareil de guerre de la sombre cité. 

pais vasco 1900
CALLE MAYOR FONTARRABIE 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN

pais vasco antes
PUERTA SAN NICOLAS FONTARRABIE 1908
PAYS BASQUE D'ANTAN

L’esprit moderne aussi souffle aux mâchicoulis de la forteresse impériale et les automobiles se sont frayé une voie dans les fossés de jadis. Et puis, au pied des murs d'où les Basques de Fontarabie bombardèrent un jour sans déclaration de guerre, les Basques de Hendaye, on joue à la pelote."




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