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samedi 24 août 2019

LES "PROVINCES VASCONGADES" AU PAYS BASQUE EN 1835 (première partie)


LES "PROVINCES VASCONGADES" EN 1835.


Les "provinces Vascongades" désignent trois territoires du Pays Basque Sud : l'Alava, la Biscaye et le Guipuscoa.

pais vasco antes fueros provincias vascongadas
PROVINCES VASCONGADES ILLUSTREES
PAYS BASQUE D'ANTAN

Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette du Languedoc, dans son édition du 10 décembre 

1835 :


"Provinces Vascongades. 



Des frontières de la Navarre jusqu’aux bords de l’Océan, de la rive gauche de la Bidassoa à la Montaña de Sant Ander et aux frontières de la Castille vieille, s’étend, sous la forme d’un triangle, un vaste territoire dont la superficie n’a pas moins de deux vent quarante-huit grandes lieues carrées, et qui renferme près de trois cent mille habitants, parmi lesquels on compte environ trois mille ecclésiastiques séculiers ou réguliers, et douze cents religieuses. Ce territoire a été divisé, par la politique, en trois cantons, inégaux en surface : Ce sont l'Alava, le Guipuzcoa et la Biscaye. On les désigne, en général, sous le nom de Provinces Vascongades.



Le peuple qui habite ces contrées a les plus grands rapports d'habitudes et sans doute d'origine, avec celui qui, sur les revers septentrionaux des Pyrénées, possède en France une partie des arrondissements de Bayonne et de Mauléon. En général, on les nomme Basques en France et en Espagne, et de là vient le nom des Provinces Vascongades ; mais eux, tant en deçà qu'au-delà des Pyrénées, prennent le nom d'Escualdunac, et leur langue, si remarquable par ses formes, est nommée par eux la langue Escuara. En parcourant les Provinces Vascongades, l'habitant de Mauléon ou de Bayonne retrouve des frères, et les dialectes du langage qu'il a appris à bégayer au berceau ; mais le Castillan, le Français, ne comprennent pas ces idiomes antiques, dans lesquels cependant un grand nombre de mots étrangers se sont introduits, déguisés seulement par la lettre initiale et la terminaison.

pais vasco antes provincias vascongadas fueros
VASCONGADAS
PAYS BASQUE D'ANTAN


Mais si le peuple de ces provinces est presqu'entièrement séparé par sa langue des autres peuples de la Péninsule, il se distingue aussi par son activité, par son courage, que rien ne peut abattre, par un attachement invincible à ses vieilles coutumes, à ses fueros, à ses libertés. Brave au-delà de toute expression, il aime à se jouer avec les périls, il sourit à l'aspect du danger...Dites-lui qu'il faut combattre pour conserver ses privilèges, pour repousser l'étranger, le Castillan qui veut le soumettre à un joug régulier, à des lois dictées au loin sans connaissance des préjugés et des intérêts locaux, le paysan, le bourgeois et le noble Escualdunac se pressent aussitôt autour de leur vieil étendard, et malheur à l'ennemi qui voudrait s'en faire un trophée !....



...Il y a aussi dans le caractère du Basque ou Escualdunac, un trait ineffaçable, c'est son ardent amour pour la religion. le philosophisme du 18ème siècle n'a point franchi cette partie des Pyrénées ; les erreurs, les faux principes des novateurs  n’ont pas corrompu le cœur des peuples de ces trois provinces, n’y ont pas porté le germe destructeur de tout bonheur moral, de tout ordre social. Le respect pour le culte catholique s’est conservé dans l'Alava, le Guipuzcoa et la Biscaye, sans éprouver d’altération sensible, malgré le séjour des armées désorganisatrices, des bataillons républicains, et des régiments de l’empire. Que le Viatique passe dans une rue, sur une place, tons les travaux, toutes les conversations cessent ; on tombe à genoux, et l'on prie. Dans les routes, à midi, que l'angelus sonne dans un village voisin, le voyageur s’arrête, le corps de troupes en marche fait halte ; on se découvre et on prie. Le soir, que la même prière tinte, quelle que soit la fatigue du voyageur, il prie encore ; le tumulte de la posada, de la venta cesse aussitôt, tout le monde s'agenouille et prie ; et ne croyez pas qu'on l'on entreprenne un voyage sans avoir été implorer la protection divine. Là, comme dans une  grande partie de la Péninsule, une messe matinale et destinée à ceux qui vont se mettre en route, et, avant le jour, l'on entend la cloche appeler les fidèles aux pieds des autels, Tocan a missa, ou plutôt oitea miza ! s'écrie-t-on, et l'on s'achemine en toute hâte vers l'église.






Comme sur nos côtes de Provence, de Bretagne et de Normandie, il est sur les côtes du Guipuzcoa et de la Biscaye des lieux particuliers de dévotion et de pèlerinage, vers lesquels les marins tournent souvent leurs regards. Nous ne parlerons ici que d'un seul, celui de Begogna, situé sur une des hauteurs qui dominent Bilbao. Avant de se confier aux dangers des mers, le marin se tourne du côté de cette chapelle dédiée à la Vierge Saiate, patronne des matelots. Il la prie de le préserver de tout malheur durant une longue navigation. Il met son vieux père, la mère qui l'a nourri, sa mère, ses chers enfants, sous sa protection immédiate. Un singe de croix termine la prière de ce fidèle croyant, et déjà il ressent un effet tout divin de la protection de son auguste protectrice. Les dangers ont disparu à ses yeux, et déjà, à peine hors du port, il éprouve, en quelque sorte, les consolations et les joies du retour. Dans le même moment, un navire, dont la mâture est en partie brisée, vient de surmonter un danger, qui, pour être le dernier, n'est pas celui que l'on doit le moins redouter : il a dépassé la barre de Portugalete, dont la passe est changeante, et sur laquelle la mer se brise avec fureur. Le navire est en rivière, et le matelot, encore ému du péril qu'il vient de surmonter, aperçoit le clocher de l'église de la Vierge de Begogna, qui pointe au-dessus des arbres qui lui cachent Bilbao. Plein de respect et de reconnaissance pour cette patronne qu'il a souvent invoquée sur les mer, et à laquelle il attribue son salut et le bonheur dont il va jouir au sein de sa famille, il se prosterne sur le pont, et des cris de joie se mêlent à ses ferventes prières.





Nous avons cru devoir esquisser le caractère des habitants des trois provinces, avant de les décrire. Maintenant, en suivant l'ordre géographique adopté pour ces articles , nous examinerons d'abord l'Alava, qui renferme dans ses enclaves, le Comté de Tréviño.





La province d'Alava est bornée au Nord par celles de Guipuzcoa et de Biscaye ; au Levant, par le royaume de Navarre ; au Sud et à l'Ouest, par la Vieille-Castille et la province de Sant Ander : Vittoria en est la capitale. Elle est à 16 lieues de Pampelune, un peu plus de Saint-Sébastien, à 14 de Bilbao, 30 de Sant Ander, 22 de Burgos, 11 de Logroño, 61 en ligne droite de Madrid et 80 de Toulouse. On la divise en vieille et nouvelle ville. La vieille est percée de rues étroites, bordées d'assez vilaines maisons ; une enceinte ancienne l'environne et on a essayé dans ses derniers temps de la mettre en état de défense. La nouvelle ville est très agréable. On en vante beaucoup la place carrée, qui est entourée de façades uniformes, et qui n'est qu'une copie de la grande place de Burgos, de la place Neuve de Salamanque et de beaucoup d'autres de la Péninsule. C'est là où ordinairement ont lieu les combats de taureaux. Le bassin dans lequel Vitoria est bâtie est remarquable par sa fertilité ; et sur les hauteurs et dans les vallées voisines, de nombreux et riches villages contiennent une population active et nombreuse. Celle de toute la province est de près de cent trente mille âmes ; on ne compte guère de huit mille habitants dans Vitoria. Plusieurs routes tracées avec art et entretenues autrefois avec soin, traversent l'Alava. Deux d'entre elles conduisent de France à Vittoria. La première partant d'Irun, passe à Ranteria, Ernani, Eychauri, Andoain, Villabona, où elle jette une branche qui bifurque encore pour aller d'un côté vers l'Océan, à Zumaya, et dont l'autre mène à Bergara. La grande route entre à Tolosa, passe ensuite à Legarreta, Villafranca et Segura, laissant Oñate dans une petite vallée sur la droite. Tous ces lieux sont dans le Guipuscoa. A Cegama la grande route bifurque. La branche de droite conduit à Salvatierra, dans l'Alava, celle de gauche entre à environ cinq lieues au-dessous de Cegama, dans cette province, et, traversant Eyquicocha, la ville d'Alegria, Andoilu et Gamuz, elle parvient dans Vittoria.





L'autre route venant de France, passe à Fontarrabie, à Oyarzun, laisse Saint-Sébastien à une lieue, sur la droite du voyageur, passe ainsi à Ernani, où elle se confond avec la première ; puis se détourne à droite, traverse Asteas, Larrant, Azpeytia, Azcoytia, Zumarraga, Bergara, Ormaistigea, Legazvia, Mont-Dragon, laissant Oñate à gauche, et conduisant à Salinas de Guipuzcoa, où elle se terminerait en entrant dans l'Alava, si une route dessinée n'allait, par Mendizabal et Ullibarri, joindre, à Villaréal, le grand chemin de Vittoria à Durnago.





El Condado de Treviño, ou le comté de Treviño, est peu éloigné de Vittoria. Sa capitale est une petite ville d'une faible importance , et ses principaux villages sont ceux de Marouri , Ymirari , Sarazo, Samiano, Mesanza, Berante-Villa, Anastro, Villanueva, Zamelzu et Ascarza. 




La route qui conduit à Treviño forme plusieurs coudes et a divers embrancbements. L'un, qui passe à Samiano et à Mesanza , dans le comté, se dirige, presque en ligne droite, par Pipaou, vers l’Ebre. Un peu au-dessus du point que je viens de nommer, elle se divise en deux branches ; celle de droite laisse de ce côté, et à la distance d’environ 3 lieues, la forte position de Peñacerrada ; l’autre conduit à la Guardia, petite ville de l'Alava, d’où, en passant par Paganos et la Puebla, on atteint la rive gauche de l'Ebre. L’une des subdivisions de la route de Treviño se jette d’abord au Nord-Ouest, par Marouri, mais laissant bientôt Oquina et la ville d’Àlegria à gauche, elle se tourne brusquement au Sud-Est, et par Pariza, Beruedo, Cripan et quelques autres lieux, elle parvient à Oyon, sur les limites de l’Alava, non loin de l'Ebre et de Viana, en Navarre, qui est sur la rive gauche, et de Logroño, qui touche à la rive droite. 




Les lieux principaux de la Province sont, après Vitoria, Alegria, petite ville bien peuplée ; Salvatierra, que l'on croit être l’ancienne Alba, et qui est bâtie au pied d’une montagne ; Amurio, Lezema, Arana ; Treviño est chef-lieu du comté de ce nom. Dans les nouvelles divisions des Provinces, on a donné à celle d’Alava, qui a pris le nom de Vitoria, la ville de Miranda de Ebro, située sur la rive droite de l’Ebre, et qui fait partie de la Castille-Vieille, position importante à cause du pont qui y est construit. On a aussi donné à cette Province, St Frias, qui en est éloigné , et encore Orduña, chef-lieu d'un petit pays nommé des Quatre-Villes, sur la grande route de Bilbao."


A suivre...



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