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mercredi 28 août 2019

LES FÊTES DE LA TRADITION À SAINT-JEAN-DE-LUZ EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN AOÛT 1892 (première partie)


FÊTES DE LA TRADITION EN 1892.


A partir de 1851, Antoine d'Abbadie institue des concours annuels de pelote et de vers basques, les Lore Jokoak ou Jeux floraux.




fêtes tradition labourd autrefois
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1892
PAYS BASQUE D'ANTAN


En 1892, ces jeux floraux eurent lieu à Saint-Jean-de-Luz.




Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Petite Gironde, dans son édition du 24 août 1892 :



"Les Fêtes de Saint-Jean-de-Luz.


(De notre envogé spécial.) 


Saint-Jean-de-Luz 22 août. 



Au moment où l’anthropologie, la linguistique et l’histoire cherchent à résoudre le grand problème de l'origine du peuple basque, et d'un autre côté, qu'un grand mouvement pousse les Français vers l'éducation physique, il était bon de faire revivre pendant quelques jours les moeurs d'un peuple qui a su garder son autonomie à travers les nombreuses révolutions qui ont éclate autour de lui sans jamais l’atteindre. Le basque a gardé sa langue, ses mœurs, sa religion. Dans toutes les provinces, l'enfant apprend dès son jeune âge à respecter les traditions, à les aimer et à les défendre, et cela tout simplement par une éducation forte ayant pour base la religion et l'indépendance. Etre quelqu’un par soi-même, voilà ce qu'apprend l’enfant dès qu'il sait marcher, c’est-à-dire dès qu'il sait courir, sauter et jouer. 


fêtes tradition labourd autrefois pays basque
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1892
PAYS BASQUE D'ANTAN


Faire connaître les mœurs basques, ses jeux, ses chants, ses danses, ses pastorales, ses "mystères", etc., tel a été le but de M. le docteur Goyeneche, le sympathique maire de Saint-Jean-de-Luz. 





Jamais fêtes pareilles à celles de ces jours-ci n'ont eu lieu en France ; elles se répètent tous les ans en pays basque espagnol. M. Goyeneche a bien voulu leur faire passer la frontière, chose d'autant plus facile que depuis longtemps il n'y a plus de Pyrénées. S'entourant de précieux collaborateurs et soutenu par son Conseil municipal, le maire de Saint-Jean-de-Luz a pleinement réussi ; la seule vue des affiches promettait beaucoup, mais ce beaucoup a été dépassé ; car tout était nouveau, tellement l'évocation des siècles passés a été rendue vivante par les chants, les jeux et les danses. Les guirlandes de feuillage jetées de maison en maison en travers de la rue, auxquelles sont accrochés des écussons et des banderoles, donnent un aspect particulier aux voies tontes pavoisées d’une ville originale par l’architecture de ses maisons à longs toits. La baie est calme ; l'Océan dort sous un soleil ardent ; le ciel est bleu ; quelques nuages légers courent là-bas, à l’horizon ; le décor est magnifique : c'est le Midi, le bon Midi basque qui va faire jouer ses muscles pendant quatre jours. 



fêtes tradition labourd autrefois
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1894
PAYS BASQUE D'ANTAN






C'est par la bénédiction des bannières des sept provinces basques et par un salut solennel que les fêtes vont commencer. Cette cérémonie a eu lieu dimanche dans l'église de Saint-Jean-de-Luz. Puis, à l'issue de l'office, les jeunes danseurs de l’ayuntamiento d’Andoain (Guipuzcoa), après avoir suivi le cortège des tambourinaires, ont exécuté la danse nationale basque-espagnole Aurescu. Rien de plus gracieux que ces enfants de douze à quatorze ans exécutant sous la direction de leur chef des pas d’une haute difficulté et d’une grâce charmante. Souples, déliés, sûrs de leur adresse et de leur élégance enfantine, ces jeunes danseurs ont été très applaudis. Plus tard, nous les retrouvons sur le jeu de paume jouant au rebot ou au blaid, ayant fortifié leurs muscles qui lanceront la halle à toute volée, ainsi que l’ont fait aujourd’hui leurs aînés au jeu de paume. La partie de rebot, jouée entre une équipe française et une équipe espagnole, avait attiré un grand nombre de spectateurs. 


fêtes tradition pays basque
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1894
PAYS BASQUE D'ANTAN



A voir ainsi jouer ces solides gaillards bien découplés, agiles et puissants dans leur légèreté, nous songions involontairement aux autres, à ceux qu’un travail sédentaire et une éducation mal comprise confinent dans une classe, un bureau ou une salle mal aérés et pour lesquels tout exercice musculaire est fatigue, essoufflement, cause de congestion. Nous songions aussi aux pauvres enfants obligés de tendre passivement leurs muscles, de les contracturer quelques-fois avec certains appareils de gymnastique échappés à quelques Torquemadas ; d’ailleurs, ne nous viennent-ils pas d’Espagne, ces appareils-là ! Ici, le plein air, la lutte ardente, la vivacité dans la poursuite de la balle, le coup d’œil sûr qui calcule la distance, le pied agile qui la parcourt, le bras solide qui reçoit ou lance la balle, les reins souples qui ploient soit pour l'éviter soit pour la recevoir, soit pour la lancer encore. Les joueurs ne parlent jamais et laissent les membres du jury maîtres absolus des coups. Un crieur les annonce en psalmodiant d’une voix aiguë et la foule applaudit ou manifeste son mécontentement. 







La fièvre, une bonne fièvre celle-là ! s’empare des spectateurs, qui saluent le vainqueur de longues acclamations. Quelle différence avec les combats de taureaux, où le sang coule, où l'on tue, d’où l’on sort écœuré ou avec une mauvaise satisfaction de bête humaine assouvie ! 



fêtes tradition pays basque
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1894
PAYS BASQUE D'ANTAN



Les deux équipes française et espagnole étant d’égale force, la partie de rebot a duré deux heures environ. la victoire est restée à l'équipe française, grâce au talent du grand champion basque Chilar. Lancée par des bras vigoureux, la balle parcourait de majestueuses paraboles sur une longueur de cinquante à soixante mètres environ. La foule applaudissait, la lutte était vive, le spectacle captivant, quand tout à coup les clairons de la compagnie des pompiers sonnent aux champs, et aussitôt tous les spectateurs basques se lèvent aux tribunes et se découvrent ; le jeu cesse immédiatement, la paume, qui décrivait une courbe gracieuse dans le ciel bleu, tombe à terre sans que nul joueur cherche à la relever : c’est l'Angélus de midi qui sonne, chacun fait le signe de la croix et récite sa prière. La scène est belle dans sa naïve simplicité, digne d’une race forte et peu habituée aux spéculations philosophiques, mais ayant la foi dans son énergie morale et physique. 






L’Angélus a cessé de sonner, les clairons se taisent, la grande joute internationale recommence sous le soleil ardent, et aucun des joueurs n’est essoufflé, aucun ne paraît souffrir de la chaleur pendant que quelques spectateurs rissolent et s’épongent la face congestionnée. 


fêtes tradition pays basque
FÊTES DE LA TRADITION ST JEAN DE LUZ 1894
PAYS BASQUE D'ANTAN




La victoire est gagnée ; on se retire pour revenir à quatre heures assister à la seconde partie du programme de la journée : celle des danses héroïques et traditionnelles du pays basque espagnol, exécutées par les jeunes garçons de l’ayuntamiento d’Andoain (Guipuzcoa)."



A suivre...






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