L'AFFAIRE DE MONSEIGNEUR PUYOL EN 1891.
Monseigneur Puyol fut d'abord aumônier de Sainte-Barbe, puis recteur de Saint-Louis-des-Français à Rome. Il fut nommé conciliateur entre le gouvernement français et le clergé Basque, à la fin du 19ème siècle.
Voici ce que raconta Le Figaro, à ce sujet, le 27 janvier 1891 :
"Nous avons prié un de nos amis, qui se trouve présentement à Rome, de faire une enquête sérieuse sur l'incident qui, aujourd'hui ou demain, va être discuté devant le Parlement. Nous avons reçu la relation suivante, que nous reproduisons sans y rien ajouter, comme sans rien retrancher :
Rome, 23 janvier 1891.
Il y a bientôt un mois que la révocation de Mgr Puyol est consommée. Si l'émotion du premier moment s'est calmée, l'impression d'étonnement subsiste toujours.
Ici, les faits sont connus de tous.
Un procès se préparait, en cour de Rome, entre l'évêque de Bayonne et sept prêtres basques. Le procès offrait de graves inconvénients, parce qu'il soulevait des questions relatives à la dernière lutte électorale en France. Le Pape, voulant éviter le moindre heurt entre son gouvernement et le gouvernement français, chargea Mgr Puyol de procurer, vers la fin d'octobre, à la veille du toast d'Alger, un accommodement entre les parties. Le prélat devait demander aux prêtres basques de retirer leur instance, et à l'évêque de donner, en compensation de cet acte de déférence, un titre de chanoine honoraire à l'un des réclamants.
EGLISE ST LOUIS DES FRANCAIS ROME |
Je retrouve à Rome certaines rumeurs que j'ai entendues à Paris. Les organes de l'ambassade près le Vatican, de même que les organes du gouvernement à Paris, se plaisent à répéter que Mgr Puyol s'est ingéré de sa propre autorité dans l'affaire des prêtres basques. Pur argument pour besoin de cause. Il suffît, d'une remarque pour réduire ces insinuations à leur juste valeur. Ce n'est pas le Vatican qui à désavoué et disgracié Mgr Puyol. Comment des diplomates accrédités près le Saint-Siège peuvent-ils faire accroire que c'est Mgr Puyol qui a fait marcher le Pape ? Avec ça qu'ils ne connaissent pas, par expérience, qu'on ne fait pas marcher Léon XIII !
PAPE LEON XIII |
Les prêtres basques, dès qu'ils connurent le désir du Pape, acquiescèrent avec une religieuse déférence et retirèrent sur-le-champ leur plainte. L'évêque ne voulut entendre à aucune concession. Le Pape agréa cependant le désistement, mais se crut obligé d'accorder le dédommagement que l'évêque n'avait pas concédé : il fit parvenir à trois des prêtres basques, vers la fin de décembre, des titres honorifiques, en spécifiant que le Saint-Siège accordait ces distinctions en récompense de l'esprit de soumission et de respect qu'ils avaient manifesté pour l'autorité pontificale. C'est Mgr Puyol qui fut chargé d'expédier les titres.
On a beau tourner et retourner ces faits, on ne peut y percevoir, de la part du Vatican, qu'une série de ménagements scrupuleux et qu'un désir constant de ne pas froisser le gouvernement français. Le Pape ne veut qu'étouffer un procès dangereux, et il choisit, pour procurer la transaction, un prélat français, originaire de Bayonne, que ses fonctions et ses relations avec le gouvernement ne permettaient pas de tenir pour suspect.
Comment le gouvernement français a-t-il répondu à ces bons procédés ? Par une mesure ab irato et sans humanité. Le supérieur de Saint-Louis a été révoqué par dépêche télégraphique. L'arrêté lui a été signifié à sept heures du soir. Il a dû remettre immédiatement ses pouvoirs à un pro-supérieur. Il quittait définitivement Saint-Louis le lendemain matin. De compensation ou d'indemnité, il n'a pas été le moindrement question, bien que Mgr Puyol soit un ancien serviteur de l'Etat. Cet ecclésiastique si considérable et si considéré a été mis à la porte de Saint-Louis comme un malfaiteur dangereux. On lui prête un mot typique : "Je faisais le pompier, on m'a traité en pétroleur". Les procédés dont on a usé envers Mgr Puyol ont causé à Rome un sentiment des plus pénibles. On a remarqué que c'est dans le diocèse particulier du Pape, sous ses yeux, par les mains de l'ambassadeur près du Saint-Siège, que la République française a exercé, sur la personne la plus constituée en dignité, le sévice le plus grave que l'on ait eu à signaler depuis le commencement des difficultés religieuses. Il n'y a eu, d'ailleurs, que M. Barthou qui, en France même, ait applaudi à ces rigueurs.
LOUIS BARTHOU PAYS BASQUE D'ANTAN |
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