L'EXPLOSION DE LA GARE D'IRUN EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE LE 5 MARS 1901

L'EXPLOSION DE LA GARE D'IRUN EN 1901.

En 1901, une terrible explosion détruit la gare d'Irun, en Guipuscoa .

EXPLOSION GARE IRUN MARS 1901
ILLUSTRATION LE PETIT JOURNAL

Voici ce que rapporta la presse, à ce sujet, dans plusieurs éditions :

• Le Mémorial de la Loire et de la Haute-Loire, dans son édition du 7 mars 1901 :

"L'Explosion d'Irun.

Irun, 6 mars.

La quantité des explosifs qui se trouvaient dans le dépôt des marchandises des douanes était très considérable. Il y avait 34 caisses contenant 3 136 kilogrammes de cartouches de dynamite et sept caisses renfermant 636 kilogrammes de poudre en cartouches de revolver.

Toutes ces caisses firent explosion à la suite de l'ouverture que pratiquèrent les douaniers, à 9 heures 45, d'une caisse de dynamite.

La détonation fut si forte qu'elle s'entendit jusqu'à Hendaye à Passages et à Fontarabie. Elle a eu des effets terribles.

On a retrouvé parmi les décombres de nombreux restes humains, des pieds, des bras et des jambes. Un crâne a été retrouvé sur la véranda de la gare.

Les débris ont été recueillis dans des paniers. Il a été impossible d'identifier plusieurs cadavres parce qu'ils étaient horriblement mutilés.

Les blessés, dont quelques-uns sont grièvement atteints, ont été transportés à l'hôpital.

Les autorités continuent leur enquête.

Tout fait croire que la catastrophe d'Irun est due à une circonstance fortuite. On croit que des employés ont provoqué l'explosion en frappant à coups de marteau sur des caisses, pour les ouvrir."

GARE IRUN GUIPUSCOA 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN

• Le Figaro dans son édition du 8 mars 1901 :

"La catastrophe d'Irun.

La riante vallée de la Bidassoa est dans la consternation. Le télégraphe vous a déjà annoncé la terrible explosion survenue, hier matin, dans les bureaux de la douane d'Irun, et qui a fait de nombreuses victimes. 

L'horloge de la gare, qui s'est brusquement arrêtée à sept heures quarante-cinq du matin, atteste le moment exact de la catastrophe. La détonation a été tellement formidable qu'elle a été entendue à plus de quinze kilomètres, et la commotion si forte que des lézardes se sont produites dans la plupart des maisons du quartier de la gare et qu'un nombre incalculable de vitres ont été cassées dans la ville d'Irun, et même à Hendaye et à Fontarabie. Inutile de dire qu'il ne reste absolument rien que des ruines et des décombres du vaste bâtiment de la douane. La gare a été bouleversée de fond en comble.Le buffet, avec ses tables et ses chaises brisées, offre le spectacle d'une maison mise à sac. Des wagons français et espagnols ont été mis en miettes. Des piliers en fonte, des poutres enfer, des châssis de wagons sont tordus comme de simples morceaux de bois. Les dégâts, considérables, ne sont pas, hélas ! que matériels. Cinq employés et un douanier morts, deux personnes très grièvement blessées, et une douzaine de civils et de douaniers plus ou moins gravement atteints, tel est le bilan de la catastrophe. 

ARTICLE PRESSE SUR L'EXPLOSION DE LA GARE IRUN 1901

Comme on peut se le figurer, l'explosion a provoqué une panique immense. Quelle pouvait en être la cause ? Avec le plus grand empressement, les pompiers, la population entière d'Irun sont accourus sur le lieu du sinistre, où se trouvaient déjà des soldats d'infanterie, venus d'une caserne voisine. Le spectacle qui s'est alors offert à leurs yeux était vraiment terrifiant. Des bras, des jambes, des entrailles, des cadavres déchiquetés sont éparpillés au milieu des débris du bâtiment de la douane. Un peu plus loin, un carabinero étendu à terre donne encore quelques signes de vie. 

On voudrait l'interroger pour avoir l'explication du sinistre, mais il ne faut pas y songer. Un râle affreux secoue ses membres, et il meurt quelques secondes après qu'un prêtre lui a donné l'absolution in extremis. 

GARE IRUN GUIPUSCOA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Douaniers, soldats, pompiers, employés de la gare, tous se mettent à la besogne. Leur mission est héroïque, car ils n'ignorent pas que de nombreuses caisses d'explosifs étaient consignées à la douane, et une nouvelle catastrophe ne serait pas impossible. D'après les restes recueillis, les cadavres sont classés, et presque tous ont pu être reconnus. Quant aux blessés, avec toutes sortes de précautions, ils sont transportés à l'hôpital d'Irun. 

L'arrivée des employés supérieurs de la douane permet enfin de connaître la cause du sinistre. Dimanche, plusieurs caisses d'explosifs, expédiées par la fabrique de Lindener (Allemagne) à destination de la Société espagnole des explosifs de Madrid, étaient arrivées à la station-frontière d'Irun, où elles durent déposées dans le principal bâtiment de la douane. 

Les employés de cette administration procédèrent a l'ouverture de ces caisses en se servant probablement de ciseaux. C'est ce manque absolu de prudence qui aura provoqué l'explosion. Maintenant, quelle était la nature exacte de cette matière explosible ? Fulminate de mercure ou dynamite ? On ne le sait pas encore exactement. S'il faut en croire certains renseignements, une seule caisse aurait fait explosion ; or, il y en avait plus de trente en dépôt. 

PLAN IRUN GUIPUZCOA 1901
PAYS BASQUE D'ANTAN

On frémit à l'idée de ce qu'aurait pu être la catastrophe, déjà si terrible... 

Comme par miracle, les voies du chemin de fer n'ont pas été endommagées, et les trains de Madrid et de Bayonne circulent comme à l'ordinaire. 

Dès qu'elle a eu connaissance de cet événement, S. M. la Reine régente a télégraphié au gouverneur de la province de Guipuzcoa pour lui manifester sa tristesse et pour lui demander des nouvelles des blessés. 

Depuis hier, la gare d'Irun est envahie par une foule de curieux."

Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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