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mardi 28 novembre 2017

CHOLÉRA EN ESPAGNE ET DÉSINFECTION À HENDAYE - HENDAIA EN LABOURD AU PAYS BASQUE EN 1890


LE CHOLÉRA EN ESPAGNE EN 1890.

A la fin des années 1900, le choléra sévit en Espagne et se propage via les moyens de transport.

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LE CHOLERA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Le choléra est une maladie se manifestant par des diarrhées très graves, entraînant une 

déshydratation rapide, souvent mortelle en l'absence de traitement.


A la frontière franco-espagnole, on s'alarme et on essaie de mettre en place des mesures de 

protection.


Voici ce qu'en rapporte la presse de l'époque :


  • La Lanterne , le 29 juin 1890 :

"On sait que le Lafayette, qui ramène Eyraud de la Havane, ne prend pas de voyageurs à Santander. Nous avons dès lors interrompu notre voyage et nous en avons profité pour rester à Hendaye et assister à l'exécution des mesures sanitaires prises à la frontière.





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LE CHOLERA A HENDAYE DANS L'ILLUSTRATION
PAYS BASQUE D'ANTAN

On sait qu'Hendaye est la dernière localité française avant d'entrer en Espagne. Grâce au chemin de fer qui en fait un point important pour le transit des voyageurs et des marchandises, cette ville a pris depuis plusieurs années une grande prospérité.


La voie ferrée étant plus large en Espagne qu'en France, les voyageurs à destination d'Espagne ne s'arrêtent qu'un instant à Hendaye et continuent jusqu'à Irun où ils changent de voiture. A l'inverse, les trains venant d'Espagne ne s'arrêtent pas à Irun et le changement de voiture se fait à Hendaye en même temps que la visite de la douane.


La voie française et la voie large espagnole sont installées côte à côte entre les deux gares. Le docteur Camino, médecin d'Hendaye, où il habite depuis fort longtemps, est chargé du service sanitaire et a pour l'aider un de ses confrères, M. Durruty.


En 1885, il avait exercé la même surveillance.


Jusqu'ici, c'est à la gare seulement, ainsi que nous l'avons annoncé, que la désinfection du linge et la visite des voyageurs ont lieu.


La machine :

Une machine de désinfection se trouve près de la gare. Le fonctionnement de cette machine repose sur ce principe que la vapeur d'eau sous pression, à la température de 110 - 115° agissant pendant quinze minutes détruit tout ce qui a vie.


Les effets à désinfecter, sortis de la malle qui les contenait sont placés, étalés sur un petit chariot a roulettes qui est poussé dans un cylindre hermétiquement clos par des vis de pression situées tout autour. 


Une chaudière tubulaire placée devant le cylindre y envoie de la vapeur à une haute pression et à la température de 115°. Au bout de quinze à vingt minutes, les effets que l'on en retire sont complètement désinfectés, c'est-à-dire que tout organisme vivant pouvant engendrer le choléra y a été tué.


Rien n'échappe à la désinfection : linge, vêtements, oreillers, sacs, tout est défait, ouvert, éventré.


L'opération est faite sous la surveillance de M. Camino.


Comment s'opère la désinfection ?


Indispensable et faite en vertu de la loi, elle n'est cependant pas du goût de tous et donne lieu souvent à des protestations ou quelquefois à des scènes amusantes.


Les linges sont enveloppés dans une toile dont on noue les quatre angles. Cela forme ainsi un paquet qui est mis dans l'étuve. Chacun est là qui attend son tour, et surveille les objets qui lui appartiennent. Quelques-uns chargent le préposé au transport du linge, un superbe basque, de cette besogne et de leur rapporter les paquets désinfectés.


Nous avons vu ce basque au moment où le train allait partir ne plus trouver les propriétaires de cinq à six chemises — épouvantablement sales. Il se promenait sur le quai devant le train stoppé, en tenant à la main les chemises et en criant :

A quien las camisas ? à qui les chemises ?


Personne ne voulait les reconnaître comme siennes.


Tout le monde riait. Le basque, une fois le train parti, est devenu propriétaire de ce linge sale mais complètement désinfecté.


Les services de bateau :


On communique avec l'Espagne par une route carrossable qui s'éloigne d'Hendaye à quinze cents mètres au sud-est, à Béhobie, sur la rive droite de la Bidassoa.


A Béhobie existe un service sanitaire identique à celui de la gare d'Hendaye.


Mais jusqu'ici aucune mesure n'a été prise pour les voyageurs qui viennent par eau.


Des bateliers, moyennant une somme variant de vingt-cinq à cinquante centimes, conduisent les voyageurs sur la Bidassoa d'Irun, ou de Fontarabie à Hendaye. Il se fait entre les paysans espagnols et les Basques un commerce très important.


Eh bien ! il ne se trouve, à l'endroit où l'on débarque, pas l'ombre d'un médecin. Il n'y a qu'un douanier.


Nous avons nous-mêmes fait l'expérience suivante : Nous sommes allés en bateau à Fontarabie dont la construction rappelle la ville espagnole par excellence, avec ses toits qui se joignent presque au-dessus des rues, ses portes chargées d'écussons gigantesques, ses maisons noircies par le temps, ses balcons en fer ouvragé, ses fenêtres grillées et ses boutiques sombres. De Fontarabie nous sommes allés à Irun ou nous avons pris le train pour Hendaye. Là on a mis notre faux-col et nos manchettes dans l'étuve. Ceux-ci nous avaient précisément servi pendant notre voyage de Paris à Hendaye et étaient noirs de poussière.


Or, le jour même, nous étions allés à Fontarabie par Irun et revenus à Hendaye par bateau, avec les mêmes faux cols et les mêmes manchettes, et on nous a laissés passer sans rien nous dire.


Il entre en moyenne, par jour, à Hendaye par bateau une centaine de voyageurs qui ne sont pas examinés et dont les vêtements ne sont pas soumis à la désinfection. Les habitants d'Hendaye demandent instamment bien que cela puisse nuire à leurs intérêts commerciaux, que la surveillance sanitaire soit également faite pour les voyageurs venant d'Espagne par bateau."


  • le Temps, dans son édition du 8 octobre 1890 :

"Le comité consultatif d'hygiène publique de France s’est réuni hier après-midi, sous la présidence de M. le docteur Brouardel. 

M. Henri Monod, directeur de l’assistance et de l’hygiène publiques au ministère de l’intérieur, a rendu compte de la situation sanitaire.


France :

1° Frontière espagnole. 

— Du 19 septembre au 3 octobre les ports français ont reçu 118 navires venant d’Espagne avec 1 956 marins et 89 passagers. Il a été procédé à 127 opérations de désinfection. Pendant le même temps le nombre des voyageurs arrivant d'Espagne a été de 12 210, dont 5 003 par Hendaye et 1 547 par Cerbère. Le nombre des opérations de désinfection a été de 1 066...


Étranger 

Le choléra en Espagne. 

— Le choléra semble avoir complètement disparu de la province d’Alicante. A Valence, la situation est sensiblement la même qu’il y a quinze jours : on a compté 14 décès le 1er octobre, 10 le 2, 13 le 3. A Barcelone, il n’y a eu aucun cas..."


  • Le Soleil, dans son édition du 21 mai 1891 :

" Académie de Médecine.

Séance du 19 mai 1891: Le choléra en 1890.

On sait qu'en 1890 le choléra a menacé la France de trois côtés différents : sur la mer Rouge, en Syrie et en Espagne. M. Proust a fait devant l'Académie, le 17 novembre dernier, l’histoire du choléra de la mer Rouge. Il a traité aujourd'hui, dans son rapport, le choléra d’Espagne au point de vue des mesures prophylactiques prises à notre frontière. 

Dès que l'apparition du choléra en Espagne fut connue en France, je conseillai, dit-il : 

1° la visite médicale des voyageurs à chaque poste-frontière des lignes de pénétration ; 

2° l’arrêt des malades et des suspects, placés dans un local isolé préparé à cet effet ; 

3° l’examen attentif des bagages et la désinfection par l’étuve à vapeur sous pression du linge sale et des vêtements souillés ; 

4° la remise à chaque voyageur reconnu bien portant d'une carte, véritable passeport sanitaire, constatant qu'il avait subi la visite médicale. Le voyageur devait se présenter au maire de la localité dans laquelle il se rendait ; là il subissait une nouvelle inspection et était observé pendant le nombre de jours qui correspondent à la durée d'incubation du choléra. Le maire de la localité était, de son côté, avisé de l’arrivée du voyageur par une carte-postale envoyée par la direction du poste. MM. les docteurs Charrin et Netter furent envoyés, l’un à Cerbère, l’autre à Hendaye pour installer ce service sur la ligne des Pyrénées. 


Dans la région occidentale, où le service fut dirigé par M. Netter, six postes furent ouverts. Il passa plus de 100 000 voyageurs, dont 72 000 par Hendaye seul. L’examen médical n’a fait retenir que peu de malades et de suspects. Parmi ceux-ci il n'y eut pas un seul cholérique. Les locaux pour l’isolement étaient dans de bonnes conditions, éloignés de tout cours d’eau, convenablement approvisionnés de désinfectants et d’antiseptiques et munis de fosses bien cimentées pour recevoir les déjections. La région orientale, dont le service était dirigé par M. Charrin, comprit 5 postes par lesquels passèrent 37 000 voyageurs; les malades, retenus après examen médical, se réduisirent à quelques cas isolés, mis en observation pendant quelques heures seulement, sauf l'un deux atteint par une gastro-entérite grave, qui est resté quatre jours en traitement au lazaret de Cerbère et en est sorti amélioré. 


Les ports maritimes en relations avec l’Espagne reçurent, d’autre part, des instructions pour l’application habituelle des mesures de police sanitaire maritime, en particulier pour ceux qui recevaient des marchandises, des fruits et des légumes notamment, des régions contaminées. Partout la désinfection fut pratiquée avec le plus grand soin et avec une telle rapidité, grâce aux étuves à vapeur sous pression, que les trains de voyageurs n’éprouvèrent de ce fait aucun retard. Le personnel médical, composé de médecins des localités et d’élèves de Montpellier, Bordeaux et Paris, remplit son devoir avec le plus grand dévouement, ainsi que les agents de chemins de fer, des douanes et de la police également utilisés pour ce service. 


Grâce à ces mesures dans les postes-frontières et au service d'informations par les passeports sanitaires dans les lieux d’arrivée, le choléra d’Espagne ne se propagea pas en France l’année dernière. Seul un voyageur arrivé à Lunel, où il avait été déjà signalé par le poste de Cerbère, eut le choléra ; il en guérit, mais contagionna sa mère qui mourut. Des mesures d’isolement et de désinfection, immédiatement prescrites, permirent d'éteindre le choléra sur place...."



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