L'ÂGE D'OR DU REBOT EN 1932.
Au royaume de la pelote basque, c'est en 1932, l'âge d'or du rebot.
PARTIE DE REBOT PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta le journal sportif Match, le 7 juin 1932 :
"Le "rebot" a été, récemment, qualifié de "roi des jeux de pelote basque". Lorsque, au cours de ces chroniques, je serai amené à décrire chacune des variétés du jeu national "euskarien", je n'aurai sans doute pas de peine à établir quels titres le rebot peut, en effet, faire valoir pour prétendre à une primauté d'honneur parmi les formes si variées de la pelote. Pour le quart d'heure, l'esquisse historique qu'il est dans mon dessein de tracer à grands traits m'oblige à reconnaître, tout au moins, au rebot, une primauté relative d'ancienneté.
La pléiade de "rebotistes" dont je veux aujourd'hui rappeler le souvenir et qui succède au célèbre Gaskoïna dans l'histoire de la pelote, a joué avec le gant de cuir ; mais c'est à son époque que celui-ci a été peu à peu détrôné par le gant d'osier : "chistera", dont je retracerai aussi l'origine en temps voulu. Qu'il me suffise, pour aujourd'hui, d'indiquer qu'il fit son apparition dans la seconde moitié du XIXe siècle, en 1858, nous dit Pena y Goni dans son livre : La Pelota y los Pelotaris.
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Les documents illustrés, relatifs à ces fameuses parties de rebot jouées de 1850 à 1900 (dates approximatives et extrêmes) sont, on le conçoit, excessivement rares. Le beau livre : La Pelote basque, de l'abbé Edmond Blazy, contient cependant la reproduction de deux tableaux de Gustave Colin, excessivement intéressants, tant au point de vue documentaire que par la vie intense qui se dégage de leur composition générale et de leurs détails. Le premier évoque une partie de rebot jouée en 1863 dans les remparts de Fontarabie ; le second nous transporte sur la place d'Urrugne, également pour une partie de rebot jouée, cette fois, en 1875.
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PARTIE DE REBOT PAYS BASQUE D'ANTAN |
Chantria, de Sare, a précisément appartenu à la période de transition entre le gant de cuir et le gant d'osier. Comme il arrive très souvent, ce célèbre joueur portait un surnom dû à sa profession de chantre. Son vrai nom était Lemoine, "Sarako Chantrea", le Chantre de Sare. S'il a lui-même illustré le surnom, son fils a couvert le nom d'une gloire qui n'est pas encore éteinte. Jean-Pierre Lemoine fit, en effet, partie avec Goyetche, de la fameuse "équipe-reine" de rebot qui était sans rivale immédiatement avant la guerre. Il jouait encore il y a quelques années. Son jeune fils compte aussi parmi les meilleurs joueurs de rebot de la nouvelle génération.
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Coutelier et "Organista", d'Espelette, Leixelard, retraité à Biarritz comme capitaine des douanes et mort récemment, poussèrent aussi le jeu de rebot à une rare perfection.
Et voici qu'apparaît un nom qui connaît, dans un autre sport, la notoriété mondiale : il s'agit des Borotra d'Ahetze, Mathieu et son frère "Betti ", ancêtres de notre Jean Borotra national. A l'actif du premier, on relate un exploit vraiment inouï. La partie de rebot se dispute en 13 jeux, chacun se partageant, comme au tennis, en 15, 30, 40 et jeu. Or, certain jour — au dire d'un vieux Basque, aujourd'hui défunt et qui assistait au match — Mathieu Borotra, exaspéré par un procédé discourtois, se dépensa avec tant d'ardeur et tant d'adresse qu'il ne laissa à ses adversaires espagnols ni un jeu ni même un point, enlevant sans défaillance les 52 points des 13 jeux que comportait la partie !... On voit que le "Basque bondissant" a de qui tenir !
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Sare étant, décidément, le berceau de prédilection des rebotistes, s'enorgueillit encore de la renommée des frères Larrondo — Clément, François et Ganichon.
Clément, nous dit Badakit, était "petit, nerveux, l'oeil pétillant : un paquet de muscles !" ; la puissance et la vigueur de son bras étaient extraordinaires. Leur descendant, le jeune Joseph, est déjà renommé.
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Pour les Otharré (Borda), d'Ascain, comme pour les Lemoine, de Sare, il faut distinguer le père et le fils. Le père est cité par le poète basque Zalduby comme un des meilleurs joueurs contemporains de Gaskoïna. Une délicieuse chanson, composée à l'occasion d'une partie de défi jouée à Hasparren, vante la sûreté de son jeu. Le fils, mort à Ascain en 1922, propriétaire de l'hôtel qui porte toujours son nom, fut le familier de Pierre Loti qui le prit, dit-on, comme modèle pour son célèbre roman Ramuntcho. Ce fut un joueur complet, excellant dans les jeux à mains nues (blaid) en place, libre et au trinquet, au petit chistera (rebot et blaid) et au gant de cuir (pasaka). Sa bonne figure souriante est restée justement populaire.
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