OTHARRE CHAMPION DE PELOTE D'ASCAIN.
Jean-Pierre Borda, dit Otharré, né en 1866 à Ascain et mort à Ascain en 1922, est un des plus grands joueurs de pelote Basque de la fin du 19ème siècle et du début du vingtième siècle.
JEAN-PIERRE BORDA DIT OTHARRE Copyright : Musées-municipaux Rochefort 17 |
Voici ce que rapporta à son sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, dans
son édition du 16 décembre 1922, sous la plume d'Honoré Tastet :
"Un grand pelotari : Otharré, d’Ascain.
La carrière du champion disparu.
Récemment décédait à Ascain le célèbre pelotari Otharre.
La "Gazette de Biarritz" rendit hommage à ce moment au regretté champion qui sut porter si haut le bon renom du joli sport basque. Mais la carrière sportive d'Otharré, qui fut des plus intéressantes, méritait d’être relatée. L'un de ceux qui l'approchèrent le plus et qui comptèrent parmi ses meilleurs amis s’est chargé de cette tâche affectueusement, pieusement. Et voici ce qu'il nous dit :
Les débuts d'un grand joueur.
Otharré, de son vrai non Jean-Pierre Borda, naquit à Ascain en 1866. Pourquoi ce sobriquet de Otharré attribué au fameux pelotari si regretté ?
En voici l’origine :
Un de ses "aïeux", pelotari et marin en même temps, se trouvant à bord du bâtiment, fut interpellé, un jour, par un de ses camarades qui lui demanda s'il avait bien dormi : — Otharréa lo bat ", lui fut-il répondu en basque ; cela signifie qu'il venait de faire "un petit panier de sommeil". D’où le surnom d'Otharré, qui se transmit de génération et génération.
Le distingué joueur basque sut bien s'inspirer des nobles traditions de ses aïeux qui furent, tous, des pelotaris des plus célèbres.
La carrière sportive d’Otharré ne fut, en effet, qu’une série de triomphes retentissants, une suite de championnats dont l’ensemble suffisait à lui mériter le titre qu’on aurait pu lui décerner : de Roi de la pelote basque.
A 13 ans, déjà pelotari, il se jouait de tous ses adversaires ; un bel horizon sportif s’ouvrait devant lui, et, deux années plus tard, se levait l’étoile d’Otharré au firmament de la Pelote basque.
C’est aux fêtes de Vera ( Espagne), en 1881, qu'il fit sa première apparition en public. Ses débuts furent un coup de maître, qui produisirent grande sensation dans l'aficion de la pelote. Il remplaçait le grand pelotari espagnol Maritch, dans une partie de rebot où les cinq plus forts joueurs de Vera se trouvaient opposés aux champions d’Irun. Le jeu puissant, souple et adroit de ce jeune imberbe, à peine âgé de quinze ans, stupéfia les foules. La lutte fut chaude et des plus acharnées : des paris, très nombreux, atteignirent un niveau des plus élevés ; piastres, pesetas, douros, sommes engagées subirent de nombreuses fluctuations et, avec l'appui précieux que lui apporta le refileur Mendigorry notre joueur remporta la victoire.
Un admirateur du jeune pelotari basque lui fit don, séance tenante, de 200 pesetas. Une fortune ! ! à cet âge...
L’année suivante, en France, Otharré participait aux principales parties de rebot où figuraient les célèbres Chilar, Larronde frères, Yatxa, etc...
Tour à tour, Saint-Jean-de-Luz, Biarritz, Pau, Saint-Palais, Mauléon, Hasparren, Saint-Jean-Pied-de-Port, Baïgorry, Louhossoa, Itxassou, Espelette, Cambo, Hendaye, Urrugne, Guéthary, etc..., reçurent la visite de cet excellent pelotari dont la réputation ne cessait de grandir.
A Bayonne, Saint-Sébastien, Elizondo, etc...
Bayonne ne tarda pas à suivre le mouvement de la pelote au rebot, très en honneur à cette époque. Un fronton fut érigé aux Allées Marines, et Otharré et Yatxa assistés de trois autres joueurs français vinrent s’y mesurer contre les plus forts champions espagnols : El Manco, Belloqui frères, Irun, Vitoriano Le camp français y emporta une difficile victoire.
EL MANCO DE VILLABONA PAYS BASQUE D'ANTAN |
PELOTARI JUAN JOSE GOROSTEGUI IRUNPAYS BASQUE D'ANTAN |
Engagé ensuite dans les plazas espagnoles de Saint-Sébastien, Irun, Tolosa, Zaraus, Vera, Elizondo, Renteria, Villabona, etc..., Otharré y retrouva constamment ses anciens et terribles rivaux : El Manco, Irun, etc... Les plus grandes parties furent jouées au fronton de Villabona. Des sommes énormes s’y pariaient et Otharré sut faire toujours briller les couleurs françaises.
Chargé de recruter, pour "les Amériques", un team de joueurs de choix, M. le docteur Lissarrague, de Saint-Sébastien, fit à Otharré des propositions alléchantes : 25 000 pesetas lui furent offertes. Retenu à son village par de chères affections, le déjà célèbre pelotari refusa et, quelque temps après, se maria.
Otharré fit son service militaire à Pau. Le champion français sut donner dans cette ville une grande extension au sport basque. Plusieurs parties des plus sérieuses furent organisées au quartier de la Haute-Plante, et, à maintes reprises, le chef-lieu de notre département reçut la visite des plus forts joueurs à chistera français et espagnols.
Champion du rebot pendant plus de vingt ans, Otharré fut également le roi du rebot au trinquet au gant de cuir.
Elève d'un professeur Bayonnais.
Otharré sut mettre à profit les premières notions du petit gant de cuir (esku-larrua) que lui inculqua le défunt Battita, le célèbre champion bayonnais, tenancier du trinquet de la place Saint-André.
Pratiquant le gant de cuir aussi habilement que le chistera d’osier, Otharré ne tarda pas à s’affirmer un athlète quasi invincible.
En 1884, aux fêtes locales d’Ascain, Otharré défit complètement Ondicola, le plus fort joueur de l'époque d’esku-larrua, dans les deux parties qu’ils disputèrent au trinquet. Il y eut de nombreuses déceptions chez les parieurs qui ne s'attendaient pas à voir un si prodigieux talent chez Otharré. Ces deux victoires remportées par le jeune joueur d’Ascain sur le spécialiste du petit gant de cuir eurent une portée considérable au pays basque. Yatxa, Haraneder, Chilar, furent loin d’égaler le jeune Otharré, qu'ils ne purent battre. Le champion espagnol Tendilero en fit également la cruelle expérience dans un match célèbre qu’ils disputèrent à Elizondo et dans lequel le joueur français s’affirma le meilleur.
TANDILERO ECHEVERRIA PEDRO |
Roi du rebot, Otharré fut et demeura longtemps le plus fin praticien du petit gant de cuir.
Champion à mains nues.
Les genres si variés du sport basque n’eurent point de secrets pour Otharré. Avec Ciki, Chabatene, Santiago, ce fut encore, jadis, l’un des meilleurs acteurs de la pelote à mains nues en place libre.
Tous les joueurs basques succombèrent devant cet athlète puissant, décidément invincible, qui n’entendait pas demeurer cantonner dans les limites seules du rebot !
Pour ne citer que les principaux, voici les roms des joueurs à mains nues qui furent battus par Otharré : Ciki, Cathalin, Portou, Eskerra, Cantonnier dit Chorotoa, Santiago, Théophile, Chabatene, Chilar, Eskurra, de Bayonne, etc...
L’une des plus belles parties à mains nues qu’engagea Otharré fut celle qu’il disputa à Saint-Pée, avec Ciki pour partenaire, et où il eut raison, après une lutte inoubliable, du trio invincible : Santiago, Chabatene, Théophile.
Champion du Blaid à Chistera (Boléa), en France et en Espagne.
Parfait aux genres si variés du sport basque, Otharré sut ajouter un nouveau fleuron à cette carrière déjà si remarquable : celui du champion de boléa, mode classique. Il trouva en Larralde, Béhéram, Catsua, Bordarhampé et surtout en Chilar, de rudes adversaires.
Les brillantes victoires qu’il disputa en France et en Espagne contre El Manco, Irun, Cesario, Belloqui, Marnac, Gamborena, etc., le classèrent définitivement comme un joueur hors de pair.
GAMBORENA VICTORIANO |
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