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dimanche 23 août 2020

L'INDUSTRIE DES BALEINES ET LES BASQUES AUTREFOIS


L'INDUSTRIE DES BALEINES.


Les Basques ont, dans l'Histoire, longtemps chassé la baleine.


pays basque autrefois baleines
BALEINE A BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Les Annales Politiques et Littéraires, dans son 

édition du 5 avril 1925 :



"Une exploitation d'avenir. L'industrie des baleines.




Il faut le dire à la gloire des Basques : ils furent les premiers hommes assez audacieux pour s'élancer à l'attaque des monstres marins, sans autres armes que des harpons qu'ils lançaient à la force du poignet. Au Moyen Age, Saint-Jean-de-Luz dut sa prospérité aux fructueuses croisières de ses intrépides baleiniers. Autres temps, autres moeurs ! Les Basques font, maintenant, appel aux Bretons pour aller pêcher dans le golfe de Gascogne les bancs de sardines.




La chasse à la baleine (car il s'agit bien d'une chasse) est devenue, depuis un quart de siècle, une véritable industrie, qu'ont monopolisée les Norvégiens, en éliminant peu à peu les Compagnies écossaises et américaines. Une statistique de source officielle nous apprend que les baleiniers norvégiens importent annuellement dans leur pays une valeur de cent soixante millions de francs en huile, fanons, blanc de baleine, ambre gris, et autres produits. 



pays basque autrefois baleine
CHASSE A LA BALEINE

Mais, de peur d'abuser des chiffres, décrivons rapidement, sans plus tarder, de quelle façon opèrent les chasseurs. On verra combien notre mot est justifié : la poursuite des grands cétacés est devenue une industrie où l'on recueille plus de profits que de lauriers, — ce qui la différencie de la chasse "ancien style", telle qu'elle était encore pratiquée à la fin du siècle dernier.




A cette époque, on employait des vapeurs de cinquante à cent tonnes, qui croisaient dans les parages fréquentés par les cétacés. Dès que l'un d'eux, monté à la surface pour respirer, était signalé par la vigie, installée dans un baril au sommet d'un mât, on mettait à l'eau les canots (ou baleinières), qui se dirigeaient à forcé de rames sur le gibier.




Un homme expérimenté lançait un harpon, que l'animal emportait dans sa chair, en remorquant la barque retenue par la longue corde attachée à l'arme. L'agonie du monstre avait fréquemment des conséquences fatales pour ses persécuteurs, soit qu'il mît en pièces la barque, d'un coup de tête ou de queue, soit qu'il la fît chavirer en tirant trop violemment sur la corde.


pays basque autrefois baleine
BALEINE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Les procédés actuels ont supprimé tous ces risques. On emploie des vapeurs spécialement construits dans ce but, qui peuvent jauger plus de deux cents tonnes, en fournissant une vitesse de quatorze à quinze noeuds, et qui possèdent un armement redoutable : des canons qui lancent à une distance de cinquante à soixante mètres le harpon dont la pointe est munie d'une cartouche qui fait explosion dans le corps de la baleine.




L'infortunée aurait le droit de protester : ce n'est plus de jeu ! On ne lui laisse plus aucune chance d'esquiver la mort, ou de se défendre. Sournoisement, le vapeur la guette, s'approche à vitesse très réduite, de peur de l'effaroucher par le bruit de l'hélice, attend qu'elle revienne respirer et lui décoche le coup mortel. Il ne lui reste plus, si la mort a été foudroyante, — ce qui est presque toujours le cas, — qu'à remorquer la carcasse jusqu'à l'usine, où elle sera traitée industriellement, à l'aide d'un outillage perfectionné.




Nous ne nous étendrons pas sur ce sujet, le jugeant trop connu. Mais il est certains "à côté" qui nous paraissent de nature à intéresser nos lecteurs : par exemple, l'aspect financier de la question.


PAYS BASQUE AUTREFOIS baleine
ATALAYE BIARRITZ
PAYS BASQUE D'ANTAN


Placer des fonds dans une Compagnie qui se consacre exclusivement à la pêche à la baleine n'est pas précisément un placement de père de famille. Une statistique, que nous lisions récemment dans le Times de Londres, mettait en relief ce fait que la grande majorité des Sociétés fondées dans ce but depuis vingt-cinq ans n'ont jamais distribué de dividendes à leurs actionnaires, qu'elles équilibraient très difficilement leur budget, et que plusieurs avaient déposé leur bilan après quelques années d'exploitation.




Ces échecs ont deux causes, dont la première est le coût excessif de l'entretien d'un vapeur à marche rapide, qui, notamment, consomme du charbon nuit et jour, même lorsqu'il n'est pas engagé dans la poursuite du gibier. La seconde est l'incertitude de cette poursuite, car les troupeaux de baleines commettent trop souvent l'impolitesse de manquer le rendez-vous. Harcelés dans une région marine pendant plusieurs années, ils se décident enfin à changer d'itinéraire, et les chasseurs rentreront bredouille, après une campagne aussi laborieuse que coûteuse.




Voulez-vous savoir ce que peut bien rapporter une baleine ? Ne parlons pas des géantes de trente mètres de long, qui peuvent peser jusqu'à cent soixante mille kilogrammes. Prenons pour type un individu moyen, long d'une vingtaine de mètres, et pesant quatre-vingts tonnes. Il fournira trente tonnes d'huile, valant quatre cents francs la tonne ; dix-sept cents kilogrammes de fanons, d'une valeur de quinze mille à vingt mille francs la tonne ; trente-trois tonnes de graisse, dont le prix varie considérablement, selon les besoins de la parfumerie et de la savonnerie ; et plusieurs tonnes d'engrais, si l'usine qui traite la carcasse est outillée pour tirer parti des os et des détritus.




D'une façon générale, on estime qu'une baleine moyenne assure un rendement industriel de deux cent cinquante mille francs. Et c'est là un joli denier, surtout lorsqu'il se trouve multiplié par une fructueuse campagne. Ainsi, une Compagnie norvégienne, établie dans la Géorgie du Sud (extrême sud de l'Atlantique), a capturé et traité en une seule année quatre cent dix baleines franches, deux cent cinquante-quatre rorquals et cent cinquante-quatre cachalots. Cette Société-là doit probablement distribuer des dividendes.




Etant donné que la chair des baleines est aussi nutritive que savoureuse, on peut se demander pourquoi elle a cessé de figurer sur nos tables. Avec les quarante mille kilogrammes de viande comestible que donnerait une baleine moyenne, quel coup fatal serait porté à la vie chère, si d'avisés entrepreneurs jetaient régulièrement sur le marché mondial quelques centaines de grands cétacés ! Au Moyen Age, nos Basques tiraient de gros profits de la vente des langues et cervelles de baleines, que se disputaient les gourmets, et jusqu'à la fin du XVIIIe siècle toutes les villes d'Ecosse possédèrent des boucheries ou l'on ne vendait que de la viande de baleine.




Plus rouge que celle du boeuf, et beaucoup plus nourrissante qu'elle, cette viande rappelle le goût du chevreuil. Une Compagnie qui vient de se fonder à Victoria (Colombie Britannique) en fabrique actuellement des conserves qui, nous, affirment plusieurs journaux canadiens, commencent déjà à faire une concurrence sérieuse au corned-beef. Et des savants ont fondé à New-York un club, dont les membres se réunissent chaque fois pour participer à un Whale Steak Luncheon, — déjeuner dont la pièce de résistance est un rôti de baleine. 




Le nombre des grands cétacés capturés annuellement dans toutes les mers du monde s'élève à six mille, et, neuf fois sur dix, les carcasses sont abandonnées, après prélèvement des fanons et des parties riches en corps gras. C'est donc une quantité moyenne de deux cent cinquante millions de kilogrammes d'excellente viande que l'on laisse perdre. Mise en boîtes, ou conservée par le procédé frigorifique, cette énorme quantité d'aliments nutritifs serait un appoint formidable pour la nourriture des peuples civilisés.



islande baleine chasse
BALEINES BORGARNES ISLANDE 1968





baleine islande chasse
BALEINES BORGARNES ISLANDE 1968



Notons que cette idée devrait attirer l'attention de quelques hommes d'initiative, car les bandes de cétacés abondent dans les parages de plusieurs de nos colonies, parmi lesquelles nous mentionnerons le Maroc, le Sénégal, Madagascar et les îles Kerguélen. C'est dans les eaux de ces dernières que des Compagnies norvégiennes vont capturer annuellement plusieurs milliers de cétacés."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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