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mardi 11 août 2020

UNE OPINION SUR LES BASQUES EN 1893


LES BASQUES EN 1893.


A la fin du 19ème siècle, le mystère de l'origine du peuple Basque intéresse de nombreux chercheurs, de par le monde.


pays basque autrefois departement
CARTE DES BASSES-PYRENEES EN 1893



Voici ce que rapporta à ce sujet le Journal de la ville de Saint-Quentin et de l'arrondissement

dans son édition du 3 septembre 1893, sous la plume de Louis de Meurville :



"Les Basques. 




Les Basques sont les héros du jour, et ce n'est pas la première fois. Nous devons à cette forte race le Maréchal Harispe et de nombreux et hardis marins. L’Espagne lui doit de vaillants capitaines comme Churuca et Oquendo, sans parler de saint Ignace




Plusieurs familles françaises des plus connues sont d origine basque, comme les d’Etchegoyen. Les Basques sont peu nombreux à Paris ; ils ont leur cercle au jeu de paume des Tuileries. La paume est leur jeu national ; ils se se servent de gant au lieu de la raquette, un gant fixé à un plateau concave et oblong dans lequel la balle prend des chemins inattendus. 




L’Espagne veut enlever aux Basques à peu près tout ce qui leur reste de privilèges nationaux. N'est ce pas grand dommage, et peut-on concevoir un peuple si hétérogène, ai étrange, si dissemblable de nos races, sans une certaine autonomie ? 




Les unitaristes sont des gens bien ennuyeux. Quand nous sommes venus au monde, nous avons trouvé celle unité consommée dans notre pays, et elle datait de Louis XIV qui, il faut bien le dire, nous a un peu gâté notre vieille et paternelle monarchie française. Il a fait le César, et la Révolution a continué son œuvre, et Napoléon n'a fait que suivre les mêmes errements, en sorte que d’un bout de la France à l’autre, nous sommes des écoliers qui obéissons à la même férule, aux mêmes pions, et quels pions aujourd’hui ! La sacro-sainte administration étend partout ses bras de poulpe, nous enserre, nous applique ses ventouses, et nous ne pouvons ni remuer ci bouger sans son autorisation. 




Provinces, coutumes, caractères, costumes, tout a disparu devant la camisole de force qu’on nous a appliquée ; nous n’avons rien à prétendre, rien à réclamer ; l'imbécile légalité est la même pour tous, faite par ceux qui n’y comprennent rien et se moquent des lois. 




Les Basques sont en Europe comme ces blocs erratiques qu’on rencontre dans les montagnes, apportés de loin par le déluge des glaces, sans analogie avec aucun terrain, aucune roche du voisinage.




D’où viennent les Basques ? Quel est leur passé au-delà de la conquête romaine ? On ne sait rien d’eux. Leur langue n’a rien de commun avec aucune des nôtres. On prétend qu’une peuplade de l’Inde a un idiome qui se rapproche du basque : je n’ai encore rien lu de probant à cet égard. La phrase basque se construit tout au rebours de la nôtre. 




Agriculteurs et marins, les Basques ne sont guère riches, à moins qu’ils n’aient fait fortune en Amérique, auquel cas on les appelle dans le pays des Indianos, des Indiens. Ce sont les Indianos d’autrefois qui ont construit les belles églises, si nombreuses dans ce pays, jusque dans les moindres villages. Là bas, au pays des noix de cocos et du bois de campêche, ils inscrivaient la Sainte Vierge sur leurs livres pour une part des bénéfices, et cette part était annuellement et consciencieusement envoyée au pays natal pour la construction de l’église. 




La propriété est si divisée au pays basque qu’on voit de petites fermes rapporter à leur propriétaire la somme de vingt francs par an. Un homme parle de ses fermes, de ses nombreuses fermes et laisse voir l’usure de ses vêtements. Il a tout juste dix louis de rente. Mais il est le jauna, prononcez iaouna, et le béret du paysan ne se soulève que devant lui. 




Parfois, dans la montagne, on trouve un pauvre caserio, une bicoque en pierres de taille, avec de superbes armoires sculptées étalant le ramage du plumet sur la porte d’entrée : c’est une casa solar, le berceau d’une ancienne famille seigneuriale, et s’il y a une ou plusieurs marmites dans les armoiries, c’est que le seigneur royal avait droit d’entretenir des hommes d'armes. Ainsi était la maison des Loyola, et leurs armoiries portaient une marmite où deux loups cherchaient à mettre le museau. 


pais vasco antes religion
MAISON SAINTE DE LOYOLA AZPEITIA
PAYS BASQUE D'ANTAN

Détail curieux : Sait-on que le pays basque est la patrie du cidre, et que c’est Duguesclin qui, conduisant ses grandes compagnies au secours d Henri de Transtamare, apprécia ce breuvage, envoya des pommes à cidre en Bretagne et y introduisit cette culture ? On buvait alors, en Bretagne, la cervoise et les petits vins de Nantes et d’Anjou. 




Cette pauvreté du pays basque fait aussi sa force. Il ne faut pas se dissimuler que les peuples guerriers sont ceux qui n’ont pas grand’çhose à perdre et se contentent de peu. Les Basques sont très sobres et marchent des journées entières sans se fatiguer. Pendant la dernière guerre carliste, une troupe basque a fait trois jours de suite des étapes de cent kilomètres. Aucune troupe au monde ne pourrait en faire autant. Charette, le grand Vendéen, n’a pu être pris que par les chasseurs basques qu’avait formés, si je ne me trompe, le général Travot. Charette déclara qu’il n’avait jamais vu pareils marcheurs. 


general chouan vendee revolution
BARON FRANCOIS CHARETTE DE LA CONTRIE



"Courir comme un Basque", n’est donc pas un vain mot. 



On veut supprimer les fueros des provinces basques, ou peu s’en faut. C’est là une mesure grave qui peut susciter une nouvelle guerre civile, car les fueros ne sont pas un privilège ; c'est un contrat synallagmatique avec la personne du souverain et non avec l'Espagne. Le roi d’Espagne ne s’intitule que "seigneur de Biscaye" et les trois provinces-sœurs, Irurac-bat, ont toujours constitué une petite république fédérative qui ne devait à l' Espagne ni impôts, ni service militaire, et ne reconnaissait, ni les droits de douane, ni les droits de régie. 




En cas de guerre sur la frontière, tous les Basques devaient prendre les armes, mais on ne pouvait les envoyer ailleurs. Ces provinces s’administraient elles-mêmes par une junte provinciale en Alava, Biscaye et Guipuzcoa. La junte était élue en grande cérémonie, par les délégués des communes, qui eux-mêmes étaient élus par les chefs de famille de chaque paroisse. Les votes se comptaient par feux




Depuis 1876, les provinces basques devaient à l'Etat une certaine somme annuelle et 2 000 conscrits environ, mais l’Etat ne s’occupait pas de la répartition de ces charges. Aujourd’hui, on veut centraliser, unifier, étendre à ces provinces la conscription et les contributions directes, comme on leur a imposé déjà les contributions indirectes. C'est une conquête affirmée, et c’est peut-être une conquête à faire. La régente, qui aime ce pays, déplore sans doute cette nouvelle loi dont le ministère de M. Sagasta a fait une nécessité d’Etat ; mais la régente est impuissante à contrecarrer la loi. 

HOMME POLITIQUE ESPAGNE
PRAXEDES MATEO SAGASTA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Vraiment ce serait grand dommage de voir disparaître les derniers vestiges des fueros, et si nous les avons abolis nous mêmes, il y a cent ans, pour le petit coin de terre basque que nous possédons, ce n’est pas ce que nous avons fait de mieux, à une époque où l’on a fait en France autant de sottises qu’on a commis de crimes. 




Chaque race, a droit à son autonomie comme chaque artiste à son instrument, dans un concert."






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