PRESTATIONS DE SERMENT À VITORIA EN 1841.
En 1841, à Vitoria, en Alava, les conseillers municipaux élus sont obligés de prêter deux fois serment.
ARMOIRIES D'ALAVA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal Le Constitutionnel, le 24 mars 1841 :
"Coutumes Basques.
Serment religieux et serment politique des fonctionnaires Municipaux.
Le 1er de ce mois ont eu lieu à Vittoria la prestation de serment et la prise de possession d'un nouvel ayuntamiento (conseil municipal). Cette cérémonie éminemment grave et solennelle avait attiré un immense concours de peuple.
Les conseillers sortants et les conseillers entrants, réunis dans là maison du conseil, se mirent en marche pour l'église Saint-Michel, où devait avoir lieu le serment, précédés par les juges royaux, les massiers, les clairons et les tambours, tous en grand costume. Les membres des deux ayuntamientos se placèrent sans distinction dans le sanctuaire, et entendirent, avec une piété édifiante, la messe du Saint-Esprit qui fut célébrée sur le grand autel. L'église était remplie de gens de toutes les classes, mais spécialement de la classe du peuple, qui était accourue empressé et désireux d'assister à cet acte, pour protester, par sa présence, d'une manière imposante et solennelle contre la barbare, injuste et lâche attaque qui menace notre liberté et nos coutumes patriarcales. La messe terminée, le livre des Evangiles fut laissé ouvert sur l'autel, et les cierges demeurèrent allumés. Alors l'alcade sortant ordonna à l'alcade entrant en charge d'aller baiser l'autel et les Evangiles ; celui-ci le fit, puis prêta le serment accoutumé, et reçut l'insigne de sa juridiction. Les autres membres de l'ayuntamiento remplirent ensuite l'un après l'autre les mêmes formalités, d'abord à l'autel et puis entre les mains du nouvel alcade, avec la formule de serment particulière à la charge de chacun.
CARTE D'ALAVA PAYS BASQUE D'ANTAN |
Ainsi tous les actes du peuple basque sont sanctifiés par la religion. Le silence profond (dit la correspondance où nous puisons tous ces détails), disons mieux, le pieux recueillement de la multitude qui priait dans le temple, la sainteté du lieu, le livre des Evangiles ouvert sur l'autel, tout donnait à l'acte un caractère majestueux, grandiose, religieux, difficile à décrire.
La prestation de serment terminée, les deux ayuntamientos, précédés de leur cortège, sortirent de l'église et se rendirent sur la place publique voisine pour y accomplir une autre cérémonie, la seule de son genre qui subsiste encore, de toutes celles que la sévérité des temps républicains a léguées aux temps modernes.
Le procureur syndic général, défenseur-né, représentant principal des droits de la ville de Vittoria, a prêté dans l'église, avec ses autres collègues, le serment religieux, il a promis devant Dieu. Maintenant il va prêter le serment politique, il va promettre devant le peuple.
Une foule serrée et curieuse remplissait la place peu large, triste et longue où allait se passer la nouvelle solennité. Le nom seul de cette place a quelque chose de terrible : on la nomme la place de el Machete Vitoriano (le coutelas de Vittoria). A droite est la maison du conseil, masquée par de plus voisines ; à gauche la prison ; en face et au milieu des murs nus de l'église Saint-Michel, une petite porte donnant sur le maître autel, et dans cette porte une niche où se garde l'aigu et énorme coutelas appelé Machete Vitoriano ; à l'opposé, dans le lointain, on aperçoit la maison du bourreau.
EL MACHETE VITORIANO 1883 PAYS BASQUE D'ANTAN |
Un beau jeune homme de physionomie douce, à la démarche noble et glorieuse, s'avance du fond de ce cadre noir, c'est le nouveau procureur syndic-général. Il est précédé des juges royaux, des massiers, des clairons qui sonnent et des tambours qui battent. Le Machete est découvert. Aux yeux apparaît alors dressé, le tranchant en avant, la poignée en bas et la pointe en haut, le terrible instrument sur lequel le peuple va exiger de son nouveau délégué le serment de défendre ses lois et de conserver sa liberté.
SERMENT DEVANT EL MACHETE VITORIANO A VITORIA PAYS BASQUE D'ANTAN |
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