LA LITTÉRATURE AU PAYS BASQUE EN 1935.
Le Pays Basque, au cours de son Histoire, a connu de nombreux(ses) écrivains et écrivaines. Jusqu'au 20ème siècle, cette littérature était écrite principalement en langue Basque.
SATAN ET MONSIEUR LE CURE |
Voici ce que rapporta au sujet de la littérature au Pays Basque en 1935, le journal Marianne, le
7 août 1935 :
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"Tour de France littéraire.
V. - Le Pays basque.
Le pays basque d'Espagne est la terre classique du carlisme. Et du pays basque français, est venue, au XVIIe siècle, une manière de carlisme religieux... le jansénisme. Duvergier de Hauranne, qui s'appela ensuite Saint-Cyran, était de Bayonne. C'est dans le domaine basque de sa famille qu'il reçut Jansénius, et que se poursuivirent leurs travaux, pendant des années, coupés seulement de longues parties de volant (plus théologique que la pelote et qui rappelle à bout de bras les interminables échanges d'arguments). Ici donc le Flamand et le Basque posèrent les fondements de leur grand dessein. A ce dessein, ils donnèrent même un nom, qui ressemble aux noms des démons du curé d'Ars. Ils l'appelaient Pilmot. Pilmot ou le démon du discours cohérent. Si M. Julien Benda voyage en votre compagnie, ne manquez pas de le conduire au berceau de Pilmot. Ce clerc vous fera là-dessus une curieuse conférence.
JEAN DUVERGIER DE HAURANNE ABBE DE ST CYRAN |
Et vous concéderez à M. Benda que le vrai Basque, le clerc pur qu'était Saint-Cyran, importe plus ici que le Basque de carte postale dont Hendaye est devenu, grâce à Pierre Loti, une sorte de maison-mère : Ramuntcho vous laissera aujourd'hui aussi froid que les Désenchantées.
Les Basques ont sans doute leurs poètes en basque : je n'y ai pas été voir. Les Béarnais les ont d'abord en béarnais, puisque leur Philadelphe de Gerde est une des souveraines de la poésie félibréenne. Mais ils les ont aussi en français.
PHILADELPHE DE GERDE |
Le nom de Toulet est lié à celui de Guetharry, où il vécut et mourut. Mais il était, de par ses parents, de l'île Maurice, et il est né à Pau. C'est cependant à Guetharry que vous égrènerez en son souvenir un chapelet de dix contre-rimes. Je ne vous ferai pas l'injure de supposer que vous n'en avez pas dix dans la mémoire.
Entre Basques et Béarnais, Francis Jammes risque pareillement de vous induire en des difficultés de frontière. Vous voulez voir Jammes en chair, en os et en barbe ? C'est donc à Hasparren que vous irez. Hasparren est le Maillanne d'aujourd'hui. Hasparren se trouve en plein pays basque. Mais Jammes n'y est pas né. Il ne l'habite même pas de son libre choix, mais parce qu'une bienfaitrice y a légué un domaine à un père de famille nombreuse, à un de ces aventuriers du monde moderne dont parle Péguy, sans trop se soucier qu'il fut en même temps un grand poète. D'ailleurs Hasparren, c'est Francis Jammes à la barbe fleurie. Vous irez évoquer à Orthez, sa patrie, Francis Jammes jeune, le Francis Jammes du Devil des Primevères, et de Clara d'Ellébeuse. Et l'évocation y sera facile.
FRANCIS JAMMES 1913 |
Voici le domaine de Charles de Bordeu, l'auteur de Terre de Béarn, qui a posé plus ou moins pour Jean de Noarrieu. Et comment celui qui a vu là telles demeures béarnaises pourrait-il douter de l'existence de Clara d'Ellébeuse ? Près d'ici, à Lendresse, dans la maison de Mme Œttinger, une nièce des Reclus, où rien sans doute, en dehors des êtres, n'a bougé depuis Louis-Philippe, nous avons passé une après-midi avec M. Maurice Martin du Gard à tirer, au grenier, de malles en bois de camphre, tant de robes 1830 et tous ces bonnets et ce linge des Petites Filles Modèles et ces chapeaux de Clara d'Ellébeuse, d'Almaïde d'Etremont, de Claire de Perceval, de Rose de la Vallée, de Lia Fauchereuse et de Sylvie Laboulaye : la cour était si déjà pleine qu'on en jetait encore.
FRANCIS JAMMES ET CHARLES DE BORDEU 1923 |
Poésie et critique, à Orthez, ne sont pas des sœurs ennemies. Au contraire. Orthez est le pays de Pierre Lasserre. C'est là qu'il écrivit le meilleur de son œuvre finale, et qu'on lui inaugurera, le 2 septembre prochain, un monument. Je l'ai vu dans sa maison des pins, qui dominait toute la campagne béarnaise (la maison d'un critique doit dominer, survoler), avec le béret basque, la pipe, le propos allègre et caustique ; une indépendance de bourgeois campagnard. Pourquoi le mortel voyage d'Amérique l'a-t-il arraché à ce bel espace, où il eût achevé son Renan ?
STELE DE PIERRE LASSERRE ORTHEZ BEARN D'ANTAN |
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