CINÉMA ITINÉRANT AU PAYS BASQUE EN 1912.
Le 20 mars 1895, les frères Lumière organisent, à Paris, la première projection collective gratuite de films photographiques sur grand écran .
CINEMA ITINERANT 1905 |
Les modes de diffusion du cinéma des premiers temps s'appuient sur des dispositifs techniques
mobiles effectués souvent dans les villages par les forains.
Voici ce que rapporta le journal Comoedia, dans son édition du 16 mars 1912, sous la signature
d'André Arnyvelde :
"La damnation au cinéma.
...Dès que j'avais pu quitter Paris, j'étais venu m'installer dans un village basque, voisin de Saint-Jean-de-Luz. J'étais presque seul à Ascain, et d'ailleurs je n'eusse voulu fréquenter personne. Mes journées se passaient en longues promenades, en lectures attachantes, et je me remettais par instants à écrire. Un roman historique, commencé jadis et longtemps délaissé, tendait vers moi, en même temps que le secours du travail, la diversion d'une compagnie de personnages pittoresques, chatoyants, lointains, et bien différents de tout ce qui pouvait raviver ma peine.
- Quand, sans provocation apparente, au milieu de la page que j'écrivais, ou au cours d'une promenade, le souvenir de ma maîtresse perdue montait soudain de je ne sais quelles geôles de moi-même, voilait toutes choses, alourdissait mon sang dans mes veines, ou le précipitait à la gorge, d'un effort brutal de ma volonté, je mâtai le souvenir, je le piétinai, et regardant éperdument tout ce qui m'entourait, je prenais pour aide, pour arme, pour fouet, les stries de l'écorce d'un arbre, le vol d'un oiseau, le goût de l'air, et sous l'image ou la sensation, je tâchais d'étouffer le mirage cruel. Souvent il débordait, il se reconstruisait au delà de l'image, il emplissait l'horizon, l'univers ; je retombais en son pouvoir. Alors j'étais fichu pour tout le jour, et la nuit, et souvent pour longtemps ensuite. Cependant, bon gré mal gré, à la fin, mon esprit, de lui-même, se meublait d'images et de préoccupations nouvelles, qui recouvraient peu à peu le souvenir de Louise. Ainsi, sous les fleurs et les feuillages répandus par César, s'ensevelissait le corps et s'éteignaient les cris de l'archer Sébastien.
AUTO CINEMA A PARTIR DE 1908 |
Un matin, deux roulottes arrivèrent dans le village et sur un côté de la place où l'on jouait à la pelote le dimanche, un cinématographe ambulant s'installa. J'étais alors en bonne convalescence. L'orgueil de l'œuvre que j'écrivais, les lettres de mes amis me faisant miroiter la place que je devais reprendre à Paris, le Printemps illuminant de fleurs blanches et roses, les jardins, les vergers et les routes, me redonnaient force et joie de vivre. Mon être physique et moral se recréait. Je me pressentais bientôt ardent et vigoureux au seuil d'un destin neuf, où toutes les allégresses, un nouvel amour peut-être, et la gloire, se pouvaient atteindre.
Le cinéma installé, l'imprésario fit le tour d'Ascain, accompagné d'une petite fille qui tapait sur un tambour...Ce soir, sur la place, grande représentation...A ce soir l'honneur de vos présences...
PONT ROMAIN NIVELLE ASCAIN 1912 |
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