LE CHÂTEAU DE CARADOC À BAYONNE.
CHÂTEAU DE CARADOC BAYONNE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici la suite de l'article paru à ce sujet dans le journal Le Gaulois, le 15 octobre 1892 :
"Caradoc.
...La maison, bâtie sur une terrasse, est longue et basse elle est flanquée de deux hautes tours, assez semblables aux campaniles des églises italiennes, qui la dominent au point qu'au premier aspect elles semblent en être séparées et qui sont de l'effet le plus curieux et le plus inattendu. Les jardins, disposés en terrasses superposées et réunies par des escaliers, sont littéralement inondés de fleurs de toutes nuances et de toute espèce.
A l'intérieur, un beau salon de forme oblongue, orné de peintures de l'école anglaise, disposées alternativement en panneaux et en tableaux, attire l'attention et offre un coup d'œil des plus intéressants.
Mais la pièce la plus importante de l'endroit c'est la bibliothèque, très grande, très élégante, tapissée de volumes du haut en bas, remplie de livres curieux, d'éditions rares, de gravures anciennes, collectionnées avec passion par le plus fin des connaisseurs, arrangée avec un goût exquis et, surtout, d'un extrême confortable. Le maître du logis y passe la plus grande partie de son temps, à lire, à travailler, à dessiner, à peindre, avec le talent qu'on lui connaît, et à faire de la musique. Car ce que l'on sait moins c'est qu'il est aussi très musicien ; seulement, il ne fait de musique qu'en tête-a-tête avec lui-même et a horreur de se donner en spectacle, même devant des amis.
A Caradoc, M. Emmanuel Bocher, qui est, avant tout, un artiste et un lettré et qui est réfractaire à tous les genres de sport, ne sort, pour ainsi dire, jamais, à moins que... on ne vienne lui faire des visites. Dans ce cas, le hasard fait qu'il est toujours sorti ; et c'est grand dommage pour les visiteurs, car on sait quel charmant causeur et quel gai compagnon il est.
On conçoit, du reste, parfaitement, que la vie de famille puisse lui suffire et qu'une intimité, dont l'âme est une femme telle que Mme Emmanuel Bocher, soit de celles qu'on n'éprouve pas le besoin de rompre. Mme Bocher, qui a de qui tenir, car elle est la fille du regretté général Pajol, l'un des hommes les plus charmants et les plus instruits de son temps, a autant d'esprit que son mari, ce qui n'est pas peu dire, et apporte dans la conversation une animation, une verve, une originalité tout à fait captivantes.
Si l'on ajoute à cela que M. Bocher, l'éminent sénateur de la droite, père, comme on sait, du châtelain de Caradoc, y va tous les ans passer ses vacances en ce moment même il en arrive et se reposer de ses travaux, on aura une idée de l'attrait qu'y offre l'existence.
SENATEUR PIERRE BOCHER |
On se réunit dans la grande bibliothèque on cause, on fume, on lit, on parle politique, littérature, art; on recueille, avec autant de plaisir que de déférence, les aperçus toujours si élevés, si justes, si impartiaux de M. Bocher le père, et rien n'est, à la fois, plus agréable et plus intéressant que d'entendre le père et le fils, tendrement unis, se donner la réplique.
Les heures, dans cet intérieur, s'écoulent rapides et douces, sans que personne songe à les compter.
Aussi, M. Emmanuel Bocher ne reçoit-il que quelques intimes à demeure, menant une vie des plus calmes et des plus patriarcales, jusqu'au moment où il vient reprendre, a Paris, ses savantes recherches à la Bibliothèque nationale et sa causerie quotidienne du Jockey-Club, où son absence laisse un grand vide."
Après le décès d'Emmanuel Bocher, ses filles se montrent peu désireuses de garder cette somptueuse mais onéreuse propriété. Elles la cèdent, en 1920, à Felipe Pardo, marquis de la Fuente Hermosa, et à son épouse, originaires du Pérou et résidant à Biarritz.
LUIS VICTOR FELIPE PARDO Y BARREDA |
Commence alors cette période à la fois fastueuse et insouciante d'après guerre "où il est de bon ton d'étaler ses richesses en affectant de n'y point attacher une importance démesurée".
Caradoc n'échappe pas à cette ambiance : "depuis 1920, le nouveau chef jardinier Edmond Chambonneau dirige son équipe avec une autorité paternelle. D'une grande compétence, il veille jalousement à l'entretien des parterres de fleurs, arbres, etc...sans oublier les serres où ses magnifiques dahlias remportent régulièrement les premiers prix aux expositions florales du Casino de Biarritz. Quant aux trois chauffeurs (un pour chaque maître : marquis, marquise et leur fille), ils constituent une classe privilégiée au sein du personnel de service".
Bénéficiant de la notoriété grandissante de Biarritz, Caradoc voit défiler d'illustres personnages, dont le roi Alphonse XIII d'Espagne, époux de la reine Victoria Eugénie de Battenberg, petite fille de la reine Victoria d'Angleterre. Ses altesses laissent leurs signatures sur le livre d'or de Caradoc.
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La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz , dans son édition du 30 septembre
1922 releva :
"'Notre hôte Royal.
S. M. Alphonse XIII à Biarritz et à Bayonne.
ROI ALPHONSE XIII PAYS BASQUE D'ANTAN |
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