LA "RÉSERVE DE CIBOURE" EN 1920.
Depuis le premier établissement de bains, construit en 1856, par M Dominique Goyetche, il faut attendre 64 ans pour arriver à la création de "La Réserve de Ciboure", où sont
exploités bains et restaurant.
LA RESERVE DE CIBOURE PAYS BASQUE D'ANTAN |
Voici ce que raconta à ce sujet La Gazette de Bayonne-Biarritz et Saint-Jean-de-Luz, dans son
édition du 28 juillet 1920 :
"Les Attractions de la Côte Basque.
Ciboure et la Réserve de Ciboure.
Biarritz, Guétharv, St-Jean-de-Luz et Hendaye étaient réputés les perles de cet écrin admirable qu’est la Côte Basque, de cette corniche sans rivale qui va de Biarritz à St-Sébastien pour se continuer, sous de nouveaux aspects, jusqu’à Zumaya, Deva, Ondarroa et Lcqueitio.
Une perle de plus, trop méconnue jusqu’à ces derniers temps, n’attendait que la venue du bon sertisseur pour briller à son rang parmi les attrayantes et pittoresques stations, et c’est Ciboure, jumelle de Saint-Jean-de-Luz.
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Seule la Nivelle sépare Ciboure de St-Jean-de-Luz ; un pont toujours plein d’animation les unit ; l’une et l’autre sont pépinières de vaillants pécheurs ; leurs destinées sont solidaires, le port leur est commun ; commune aussi dorénavant sera la faveur touristique qu’elles justifient à tant de titres.
Ciboure, plus que toute autre station, a gardé sa saveur propre, si je puis dire, son caractère de pur type basque, ses mœurs rudes et gaies, la mâle vigueur des pêcheurs intrépides qui arrachent à la mer ses trésors pour fournir un important appoint à l’alimentation nationale, la grâce pétulante de ses souples cascarotes, reines du fandango, le charme des vieilles maisons basques, propres et blanches, le pittoresque des sites... et, ses rues caillouteuses.
De jolies villas modernes se mêlent aux antiques demeures confortables et parfois modernisées ; lorsqu'on traverse le pontet qu'on suit l'avenue en bordure de la Nivelle et de la mer, des bouffées d’iode vous montent des varechs et des algues marines, avec la brise rafraîchissante de la mer; les maisons qui se suivent sont si variées, si curieuses, si intéressantes qu’on regrette l'étroitesse de l’avenue qui ne permet pas assez de recul pour en embrasser l’ensemble ; une petite placette, à gauche, est destinée au monument patriotique des héros de la guerre ; et puis, un peu plus haut, à droite, voici le petit, tout petit mais très coquet établissement de bains de mer.
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Imaginez une crique minuscule, une réduction en miniature du Port-Vieux de Biarritz ; on y descend par des chemins rustiques en zigzags, ornés de fleurs, ombragés de tamaris ; les cabines, les bureaux, le poste des guides sont de petites baraques modestes, discrètes, disposées habilement dans les méandres de la falaise. On descend ainsi jusqu’à la grève de sable fin, qui s’incline en pente douce. La crique entourée de rochers formant comme les parois d’un vase, est fermée, à très courte distance, par une muraille de pierres basses. Les enfants et les nageurs timides peuvent s’ébattre en toute sécurité dans cette cuvette marine, d’où parfois un bon nageur s’échappe vers le large, pour aller aborder à la Plage de Saint-Jean-de-Luz.
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On remonte de la Plagette et, à mi-côte, une barrière donne passage vers l’Etablissement nouveau, qui a nom la "Réserve de Ciboure", attraction ultra-élégante, dont la grande entrée est d’ailleurs sur la corniche. Depuis une semaine qu’elle est ouverte, la "Réserve" est devenue un lieu de rendez-vous où l’on vient de St-Sébastien et de Biarritz comme de Hendaye ou de St-Jean-de-Luz. Restaurant, Pâtisserie, Bar Américain, Dancing, amusements divers y sont réunis dans un cadre unique de pittoresque naturel, de fraîcheur, de "chic" basque.
Il y avait là un paysage de toute beauté, l’embouchure de la Nivelle, la mer, le panorama de Saint-Jean-de-Luz jusqu’à la pointe de Sainte-Barbe ; une anse, où l'on se baigne, une oasis de verdure et surtout de tamaris dans un décor rocheux admirable, un des coins les plus beaux de la Côte Basque. C’est là qu’on a édifié la "Réserve", où déjà la foule fortunée afflue de toutes parts, à laquelle certains ont reproché des tarifs — qui ne sont pas faits pour toutes les bourses — mais à qui un éloge sans réserve (pardon pour le jeu de mots !) est dû parce que les organisateurs se sont comportés en artistes, en amants sincères de la belle nature, respectant l’inimitable beauté du site, la mettant en valeur et... en tirant profit.
La construction est modeste et ne dépare pas, n’écrase pas le paysage. Les salons empruntent un luxe original à la propreté exquise, à la simplicité basque, à une décoration sans banalité où tranchent seuls deux tableaux de Berges, d’un coloris intense ; les tables pour les dîneurs ou consommateurs débordent des salons, dans les petites terrasses étagées en plein air parmi les fins feuillage de tamaris et la floraison multicolore des fleurs ; un mâture, à la corne de laquelle s'agite un pavillon, donne l'illusion d'être sur un navire avec l'Océan pour horizon ; le dancing est en plein air aussi, planchéié comme le pont d'un transatlantique ; l'orchestre Pélabon entraîne les nombreux couples élégants dans des tangos, des fox-trott, des one-step ; et, quand la chaleur des jours ou des soirs d'été pèse partout ailleurs on y trouve fraîcheur et bonne brise.
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Pourquoi ce nom : la "Réserve ?"
Demandez aux gourmets ou gourmands. C’est parce qu’une des spécialités du Restaurant de la "Réserve", c’est le délicieux poisson, toujours frais et choisi provenant des réserves spéciales des pêcheries du Socoa : langoustes. homards, etc...
Les raisons du succès, chaque jour croissant ? On ne peut s’en étonner quand on constate quel parti l’architecte, M. Marcel, a tiré d'une situation exceptionnelle, quel talent le chef parisien Armand apporte à la direction, quel concours d’activité fournit M. Gonzalez et avec quelle munificence tout est organisé.
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