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mercredi 10 juin 2020

LES USINES ET LES CHUTES D'EAU AU PAYS BASQUE EN 1929


LES USINES ET LES CHUTES D'EAU EN 1929.


En 1929, des projets d'industrialisation existent au Pays Basque Nord.


pays basque autrefois peche
BULLETIN SOCIETE PÊCHEURS NIVE 1929



Voici ce que rapporta à ce sujet la Gazette de Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, dans 

plusieurs éditions :



  • le 21 août 1929 :

"Pour les pêcheurs de la Nive et de Bayonne



Les chutes de Banca.



Le ministre de l’Agriculture fait savoir à M. Garat que les chutes de Saint-Etienne-de Baïgorry et d’Eyharce ne sont pas autorisées.



M. Garat, député-maire de Bayonne a reçu la lettre suivante de M. le ministre de l’Agriculture : 

Paris, le 17 août 1929. 


Monsieur le Député, 



Vous avez bien voulu appeler mon attention sur une requête adressée à M. le Maire de Bayonne par la Société des Pécheurs de la Nive, et des Pêcheurs inscrits maritimes du quartier de Bayonne, par laquelle les pétitionnaires signalent le préjudice que leur causerait l’aménagement des chutes de Saint-Etienne-de-Baïgorry et d’Eyharce par la Société des Chutes de Banca




J’ai l’honneur de vous faire connaître que je viens d’adresser au département des Travaux Publics une décision dans laquelle je conclus formellement au rejet de la demande de concession présentée par la Société des chutes de Banca, cette demande intéressant une section de la Nive de Saint-Jean-Pied-de-Port, comprise dans la liste des cours d’eau sur lesquels tout nouvel aménagement hydro-électrique est interdit. 



Veuillez agréer, M. le Député et cher Collègue, l’assurance de ma haute considération. 




Le ministre de l’Agriculture : Hennessy."


ministre france agriculture
JEAN HENNESSY
MINISTRE AGRICULTURE 1929


  •  le 22 août 1929 :



"D’autres dangers. 




Les Usines et les chutes. La décision de M. Hennessy. Un tableau de désolation.




On a lu hier la lettre adressée par M. Hennessy, ministre de l’Agriculture, à M. Garat, député, maire de Bayonne, à propos des chutes de Saint-Etienne-de-Baïgorry et d’Eyharce. 



pays basque autrefois basse navarre
EYHARCE ST MARTIN D ARROSSA
PAYS BASQUE D'ANTAN



Nous avions eu l’occasion, précédemment, de parler de l’aménagement de ces chutes pour des fins industrielles et des protestations que ces projets avaient soulevées parmi les pêcheurs de la Nive et les pêcheurs inscrits maritimes du quartier de Bayonne




Les uns par distraction surtout, les autres parce qu’il est indispensable qu’ils ajoutent à de maigres retraites les ressources qu’ils tirent d’un dur métier objectaient, avec raison, que les barrages projetés leur porteraient les plus graves préjudices. 




Or, ces protestations ne sont pas de celles qu’on doive négliger ni même traiter à la légère. 




Nous venons de montrer d’un mot combien le sort des inscrits maritimes est digne d’attention. Mais la pêche faite par les amateurs l’est également. Il n’est plus guère besoin, pensons-nous, de le démontrer, dans cette région. 




Amusement, distraction, sans doute... 




Mais distraction qui compte des pêcheurs passionnés. Or, ces pêcheurs-là, ceux surtout qui nous viennent de l’étranger, sont nombreux. Ils le seront davantage encore si nous faisons auprès d’eux la propagande nécessaire. Ils nous abandonneraient au contraire et feraient, aux stations de la Côte Basque, une mauvaise réputation, si par la présence sur les bords de nos cours d’eau, d’usines nocives, ou si, par des barrages abusifs, nous dépeuplions la Nive, la Nivelle... 




L’intérêt général, en cette matière comme en d’autres, doit primer l’intérêt particulier. Et ce n’est pas l’heure de mettre en péril nos ressources touristiques, quand les pays étrangers : l’Allemagne, la Suisse, l’Italie, et même l’Angleterre qui va commencer une campagne de propagande intense, nous font une concurrence dont nous avons déjà ressenti les effets, mais qui pourrait en avoir de plus graves encore dans l’avenir. 




La Société des Pêcheurs de la Nive, comme le Congrès des pêcheurs qui se tint il y a deux ans à Bayonne, a protesté contre ces barrages qui concourent, avec les, braconniers et les empoisonneurs, au dépeuplement des rivières. Plus récemment, ainsi que nous le disions tout à l’heure, les pêcheurs de la Nive et les inscrits maritimes de Bayonne ont formulé de nouvelles protestations, en apprenant ce qui devait se passer à Saint-Etienne-de-Baïgorry et à Eyharce.




Saisi de ces protestations, M. Garat fit auprès de M. Hennessy une pressante démarche. On a vu quelle vient d’être couronnée de succès, le ministre de l’Agriculture après examen de la question, a adressé au département des Travaux publics une décision dans laquelle il conclut formellement au rejet de la demande de concession présentée par la Société des chutes de Banca. 




Il faut espérer que le ministre des Travaux publics qui a eu déjà l’occasion de donner plusieurs marques d’intérêt et de sympathie à notre région, refusera à son tour son approbation.




A propos des usines nocives et dangereuses, en même temps, au point de vue touristique, on a signalé le danger offert, après celui de la Penarroya, par l’industrie qui menace de s’installer au quartier Saint-Etienne de Bayonne. Il s’agit d’une société dont le siège principal est à Toulouse, mais qui possède dans le quartier de la Bastide, à Bordeaux, une usine dont l’exploitation a déjà causé de graves préjudices autour d’elle. Le Conseil municipal, ainsi que nous l’avons dit alors, et M. Garat le rappelait l’autre jour dans le "Sud-Ouest", a protesté contre le projet ; il a émis un avis défavorable. Il attend de M. le Préfet des Basses-Pyrénées une décision conforme à cet avis. 




Mais voici une information non moins inquiétante : les administrations de la Guerre et des Domaines annoncent, tout à coup, la mise en vente, pour le 12 septembre, d’une grande partie des terrains de la poudrerie de Blancpignon, enviés, on le sait, par la Société de la Penarroya.

Est-ce un retour offensif ? une nouvelle menace ? 




Si menace il y a, nous ne doutons pas qu'elle ne prendra pas au dépourvu les administrations intéressées à Bayonne, à Biarritz et à Anglet.




Au sujet de ces industries nocives et antitouristiques, un collaborateur du "Quotidien", signale dans ce journal qu’au cours d’un voyage à Rouen, il lui a été donné de voir le spectacle de désolation qu’offre un faubourg de la ville, autrefois très riant, à Grand-Couronne, où s’est installée une nouvelle industrie de produits chimiques. Toutefois, il semble incliner à l'indulgence, en face des "nécessités de l’industrie". Et M. Garat d’écrire, à ce sujet, hier soir : 



Certes, sa tenue littéraire est excellente et il a de plus, une réelle valeur documentaire. Ne nous apprend-il pas que les prairies normandes, comme la Côte Basque, sont envahies par les usines nocives et même meurtrières ? 




Le cas qu’il nous signale est particulièrement émouvant, puisqu’il s’agit de petits orphelins qui sont atteints dans leurs œuvres vives par des émanations dangereuses. 




Ceci dit, et je tenais à le dire, je tiens ensuite, à déclarer que je ne partage pas les appréciations du distingué auteur de l’article paru dans le "Quotidien" où nous l’avons emprunté pour les besoins d’une cause âprement défendue.




Cet article respire la résignation qui peut être une excellente vertu chrétienne, mais qui, en politique, n’a jamais rien valu. 




Le ministre anglais Snowden est en train de le démontrer à la face du monde, sa brutale énergie risque de sortir victorieuse ! 




Ici, nous ne nous résignerons pas. Nous ne voulons être la rançon de personne. 




S’imaginer qu’abandonner un pays aux progrès de la science est une nécessité, voilà une thèse que je n’admets pas. Je préconise la résistance à outrance. Est-ce qu’il y a là un acte d’hostilité contre l’industrie, même celle de l’acétylène dissous, des superphosphates, des fonderies de zinc. 




Mais non. Laissons donc seulement chacun à sa place ; que ces usines soient installées en dehors des agglomérations. C'est d'abord le vœu de la loi de 1917 formulé sous la forme impérative dans l'article 3 ; c’est ensuite le bon sens.




Contre le droit, il n’y a point de droit. Nous ne voulons pas nous résigner à être empoisonnés et nous ne le serons pas. Nous ne subirons pas le sort de certains quartiers de Bordeaux et de certaines régions normandes. Nous nous opposerons par tous les moyens, en commençant par ceux que la loi nous fournit, à l’invasion des usines meurtrières.




II faut lutter furieusement, en effet ; on n’a pas le droit de ruiner une région touristique comme la nôtre."




Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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