UN PILOTE CIVIL FRANÇAIS PRO-RÉPUBLICAIN ABATTU EN 1937.
Pendant la guerre civile d'Espagne, il y a eu de nombreuses victimes, militaires et civiles.
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| PILOTE ABEL GUIDEZ 1937 |
Voici ce que rapport à ce sujet Le Journal, dans son édition du 9 septembre 1937 :
"Le pilote français Abel Guidez pris en chasse au-dessus de Gijon est descendu par les nationalistes espagnols et meurt carbonisé.
Bayonne, 8 septembre. — On apprend qu'un avion commercial de la compagnie française Air-Pyrénées, dans lequel se trouvait, seul, le pilote français Abel Guidez, domicilié à Paris, qui avait quitté l'aérodrome de Parme-Biarritz hier soir à 16 h. 50, a été pris en chasse par une escadrille nationaliste alors qu'il se trouvait en vue de Gijon.
Sous le feu des mitrailleuses, l'avion français est tombé en flammes près de la localité de Ribadecella.
Le pilote est mort carbonisé.- (Havas.)
Abel Guidez, qui vient d'être abattu près de Gijon, était une figure bien connue dans les milieux français d'aviation.
C'était aussi, pour ceux dont les sympathies vont aux gouvernementaux espagnols, une manière de héros.
Ce jeune universitaire de trente ans, à qui la vie, dans son pays, souriait, fut l'un des premiers, quand se déclencha la révolution espagnole, à partir pour Madrid.
Officier aviateur de réserve, il fut de ceux qui se groupèrent — ils n'étaient que sept alors — autour de l'écrivain André Malraux quand celui-ci entreprit de fonder la fameuse escadrille España.
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| ESCADRILLE ESPAÑA 1937 |
On sait quel fut le rôle de cette formation dans la lutte pour la maîtrise du ciel madrilène. Cantonnée à Albacète, l'escadrille — chasseurs, d'abord, puis, plus tard, bombardiers — fut longtemps le seul adversaire digne de la flotte aérienne plus moderne des nationalistes.
De cette escadrille, Abel Guidez était l'âme, le meneur téméraire dont le tableau de victoire portait nombre d'avions abattus. Tandis que Malraux organisait, ravitaillait, armait l'escadrille, lui, Guidez, la conduisait au combat.
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| MALRAUX ET GUIDEZ ESCADRILLE ESPAÑA 1937 |
Licencié ès lettres, mais socialiste convaincu, il avait laissé à Paris, dans son appartement du boulevard Pasteur, sa jeune femme, qui, sous son nom de jeune fille — Léone Bourdel — occupait à l'Institut national d'orientation professionnelle, le poste de secrétaire générale archiviste. Il avait, pour aller se battre, quitté une carrière promise à l'enseignement, laissant même derrière lui les joies de la famille : il était au feu, fin novembre dernier, quand naquit son premier bébé.
Ses convictions, d'autre part, l'avaient encore conduit à s'occuper personnellement de recruter des camarades et d'acheter du matériel, armes comme avions, pour la cause à laquelle il s'était donné.
Et l'occasion nous fut ainsi naguère offerte d'entrer en contact avec sa femme et ses amis, lorsque, enquêtant sur les fournitures à l'Espagne de matériel de guerre, nous suivions les voies de la contrebande.
Quand, tout récemment, Air-Pyrénées fut fondé pour rétablir la liaison coupée avec le pays basque par les victoires nationalistes d'Irun et de Saint-Sébastien, Guidez fut appelé par la direction de la nouvelle compagnie, au sein de laquelle il comptait de nombreux amis. La liaison à rétablir s'avérait, en effet, dangereuse.
Et Guidez, le premier, vient d'en faire la tragique expérience.
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| PILOTE ABEL GUIDEZ 1937 |
Le "Journal" apprend la tragique nouvelle à Mme Abel Guidez.
Nous nous sommes rendus dans la nuit auprès de Mme Guidez.
Elle ignorait encore la tragique nouvelle.
Cette femme, au visage intelligent au regard pénétrant derrière des lunettes d'écaille, parcourut la dépêche Havas qu'on peut lire plus haut ; pas un trait de son visage ne bougea.
Elle s'assit et murmura :
— Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ?
Puis elle prit le téléphone, appela des amis, des agences, espérant un démenti.
La nouvelle se confirmait.
Alors, elle dit encore d'une voix basse comme épuisée :
— Carbonisé, il est mort carbonisé. Il craignait surtout de mourir par le feu.
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| AIR FRANCE 1937 |
Elle ajoutait avec force cette fois :
— C'était un très grand pilote, monsieur. Il avait des projets magnifiques. Il devait organiser un Tour du Monde, emmenant un ambassadeur extraordinaire de France qui serait allé porter haut dans toutes les capitales le prestige de notre pays.
La douleur qui frappait cette malheureuse femme était muette. C'était une stupeur en même temps qu'un déchirement.
— Son compagnon de chasse Materon est mort à Toussus il y a moins d'un mois, me dit-elle. C'est étrange et triste. Je ne veux pas croire à cette nouvelle. Quatre fois déjà on m'a annoncé qu'il était mort. J'espère encore cette fois-ci qu'elle est fausse.
Et nous avons laissé à sa douleur cette veuve atrocement calme, qui disait d'une voix blanche au téléphone à un de ses amis :
— Vous pouvez m'appeler quand vous voudrez ; je ne dormirai pas cette nuit.
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| MALRAUX ET ESCADRILLE ESPAÑA |
Un précédent.
Rappelons enfin que le pilote Gally fut naguère abattu dans des circonstances analogues. Au service, lui aussi, d'Air Pyrénées, Gally assurait alors la liaison entre Biarritz et Bilbao, alors que Bilbao appartenait encore au gouvernementaux.
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| PILOTE LEOPOLD GALLY 1937 |
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