LE POÈTE GLATIGNY À BAYONNE.
Joseph-Albert-Alexandre Glatigny, dit "Albert Glatigny", est un poète, écrivain, comédien et dramaturge français, né le 21 mai 1839 à Lillebonne (Seine-Maritime) et mort le 16 avril 1873 à Sèvres (Hauts-de-Seine).
ALBERT GLATIGNY |
Il reçoit, en 1917, à titre posthume, le prix de littérature de l'Académie française pour
l'ensemble de son oeuvre.
Voici ce que rapporta au sujet du passage d'Albert Glatigny au Pays Basque, la Gazette de
Bayonne, de Biarritz et du Pays basque, le 15 avril 1942 :
"Souvenirs à propos d'un anniversaire.
Les haltes de Glatigny, poète errant à Bayonne et sur la Côte Basque.
Mon billet sur "Glatigny à Bayonne", où je souhaitais qu'un érudit trouve un jour quelques renseignements sur le séjour du poète des Flèches d’or aux bords de l’Adour, m’a valu la bonne fortune de voir mon souhait exaucé aussi rapidement que complètement. C’est mon ami Matarasso, amoureux délicat et averti des lettres et des livres, chercheur et découvreur de trésors littéraires, "étonnant sourcier de sources littéraires" comme je me plais à le nommer, qui m'adresse les renseignements souhaités sur les différents séjours de Glatigny à Bayonne et sur la Côte Basque, car il en fit plusieurs, ce qui augmente encore un peu l’attachement que nous pouvons porter à l’attendrissant souvenir du funambulesque et charmant poète.
Nous avons reçu les précieuses notes de Matarasso avec d’autant plus de satisfaction que nous pouvons ainsi en offrir la primeur à nos lecteurs, juste à la date du 68e anniversaire de la mort du pauvre Glatigny.
Le 16 avril 1873, s'éteignait à Sèvres, à l’âge de trente-quatre ans, l’étonnant ciseleur de rimes que fut le poète Albert Glatigny. Esprit charmant, homme de cœur, improvisateur éblouissant, ce poète de génie, débordant de fougue et de brio, n’a pas eu le temps de se recueillir et de donner sa mesure. Il n’en resta pas moins que le meilleur de son œuvre poétique, s’apparente plus à Villon et à Ronsard, qu’à la bohème échevelée et débraillée de Murger.
Glatigny se mettait dans des colères folles quand on le traitait de bohème.
Il joua la comédie avec passion. Il joua la comédie pendant toute sa vie. Poète dramatique, c’est dans son Brizarier qu’il s'était mis tout entier, génie et existence de pauvre trouvère vagabond.
La Gazette du 9 avril a évoqué avec bonheur, la pittoresque et attendrissante physionomie du poète-comédien errant, qui promena sa misère famélique sur toutes les routes de France, vivant au jour le jour, jouant la comédie et faisant des vers tour à tour.
POETE ALBERT GLATIGNY |
Premier passage à Bayonne.
C'est en janvier 1868 qu’il vint pour la première fois à Bayonne. Sa correspondance, étourdissante de fantaisie et de verve, est l’image d’un cerveau en perpétuel mouvement. Ses lettres savoureuses, à la fois tendres et bouffonnes, truculentes et sensibles, nous fournissent de précieux renseignements sur les séjours du poète dans nos contrées qu’il aimait tant. Car, il ne s’arrêta pas seulement à Bayonne, il vint aussi à Biarritz où il cabotina comme à Saint-Jean-de-Luz, Mont-de-Marsan, Dax, etc...
A Bayonne où son petit drame le Bois fut représenté en 1889, Glatigny a été manœuvre et on a pu le voir décharger des bateaux sur le port.
"Je suis triste et ennuyé, pauvre comme le papier Job et depuis dix jours sans tabac."
Il logeait dans la rue du Gouvernement, numéro 7.
Ailleurs il écrit à Théodore de Banville, son incomparable ami :
"Ma petite pièce Le Bois a été fortement applaudie. J'ai encore terminé une comédie et deux vaudevilles. Le 15 janvier, je jouerai les Muses de Molière de Philoxène. J'aurai voulu envoyer à Georges Rochegrosse (beau-fils de Banville) du chocolat de Bayonne pour ses étrennes, mais les rigueurs du destin vie forcent à reculer cet envoi."
D’une autre lettre au même :
"Je travaille beaucoup en ce moment. Le Comte de Saldagne est achevé et le Coeur armé et aussi les Chansons d'Eté. Le Bois a réussi plus que je ne l’avais espéré, dans un décor agencé par moi, avec une petite femme qui s'y donnait de tout cœur. En cherchant un sujet de pièce locale pour mon bénéfice à Bayonne, j'ai mis la main sur un bon drame mouvementé et vivant que je vais faire jouer avant la fin du mois."
Il s’agit de la pièce Pès de Puyane, éditée à Bayonne et dont nous avons retrouvé un exemplaire de l’édition originale devenue d’une insigne rareté. Voici sa description : Une plaquette in-16 de 43 pages, sous couverture verte portant ce titre : Albert Glatigny, Pès de Puyane, maire de Bayonne, drame en trois actes. Bayonne, Librairie Centrale, place du Réduit.
PES DE PUYANE D'ALBERT GLATIGNY |
Et comme faux-titre : Représenté sur le Théâtre de Bayonne, le 2 mai 1868, par la Société Thalie (direction Forlet-Lartigue).
La place nous manque pour reproduire ici l’intéressante préface du livret et dans laquelle Glatigny expose et commente son drame.
POETE ALBERT GLATIGNY |
"Bayonne ville adorable".
Dans cette même lettre à Banville, le poète, parlant de Bayonne, s'exprime en ces termes :
"Bayonne est d’ailleurs adorable en ce sens que c'est une ville du Midi qui n'est pas gasconne, mais basque ou espagnole."
De Pau, il écrit le 17 avril 1868 à son ami Job-Lazare :
"Je quitte Mont-de-Marsan avec la troupe dont je fais partie. Après-demain, je vous enverrai un petit paquet de copie. Nous sommes pour un mois ou deux à Pau."
Au mois d’août de la même année, nous retrouvons le poète-nomade aux Eaux-Bonnes. Dans une lettre à Théodore de Banville, nous relevons ces lignes :
"Je vais encore rester huit jours ici et m'installer à Biarritz pour quelques jours. Le Bois a un grand succès partout où je le joue, même avec des grues, ce qui ne m'est arrivé que deux fois. Je refais Pès de Puyane en vers. Il aura six tableaux. J'avais été obligé de le bâcler en quatre jours."
Il est à supposer que cette pièce en vers n’a jamais vu le jour, car, seule, la première version en prose dont nous avons donné la description a été publiée.
ALBERT GLATGNY SA VIE SON OEUVRE |
Séjour à Saint-Jean-de-Luz.
A Saint-Jean-de-Luz, il habita successivement 6, rue Neuve et 7, Grande-Rue. En juin 1869, il écrit à son ami :
"Je vais à Biarritz qui est à deux heures essayer de faire du son.
Je donnerai quelques soirées à Biarritz et à Bayonne, quand je dis donner, vous pensez bien que nous ferons payer le public."
Après de multiples pérégrinations dans le Midi et en Corse, Glatigny retourna en Normandie, son pays natal, en 1870, malade, à bout de forces. Il rencontra enfin celle qui sera l’ange de consolation de la fin de sa courte vie et l'épouse.
POETE ALBERT GLATIGNY |
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