FERNAND ELOSU MILITANT BASQUE DES DROITS DE L HOMME.
C'est un sacré bonhomme que ce docteur Elosu, né à Bordeaux le 28 mai 1875, qui osa distribuer à Bayonne, avec trois camarades pacifistes, en pleine ferveur patriotique le 30 juillet 1914, des tracts en faveur de la paix.
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DOCTEUR FERNAND ELOSU EN 1908
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Je vous ai parlé dans des articles précédents du premier mort Basque de la guerre 1914-1918,
Je vais vous raconter aujourd'hui l'histoire de ce militant anarchiste, pacifiste et militant des
Droits de l'Homme en Pays Basque.
Fernand Elosu, de père français et de mère Basque espagnole, fit tout d'abord des études de
médecine à Bordeaux, ville où il naquit.
Puis, il vint à Bayonne, où il exerça pendant de nombreuses années, comme médecin de
quartier.
Sa vie fut consacrée à ses patients, particulièrement aux démunis, ainsi qu'à sa famille et à son
engagement philosophique et politique à caractère social.
Grand admirateur de Rousseau et de Tolstoï, il apprit seul le russe pour pouvoir lire les écrits
de ce dernier.
Avec son épouse, il fut un des fondateurs et un des militants de la Libre Pensée, de l'Université
Populaire et de la Ligue des Droits de l'Homme, dont il fut élu Président en 1910.
Ayant une compétence professionnelle réputée, il fut le propagandiste de théories d'avant-
garde pour l'époque comme la limitation des naissances.
Publiant une brochure sur l'amour infécond, il fut accusé de néo-malthusianisme, fut
condamné et incarcéré quelques jours.
Il lutta aussi contre un fléau ravageur : l'alcoolisme, en publiant une autre brochure : le poison
maudit.
Il refusa toujours d'être candidat à des élections, même municipales, mais il soutint parfois des
candidats socialistes.
Le jeudi 30 juillet 1914, quelques heures avant l'ordre de mobilisation générale et avant
l'entrée en guerre, avec trois autres militants pacifistes, il distribua place de la Liberté à
Bayonne un tract intitulé :
"Pour la Paix ! Contre la guerre ! Appel au Peuple."
Ce tract demandait aux peuples de dire non à la guerre et aux travailleurs de ne pas faire le jeu
des classes bourgeoises en allant à la guerre.
Ce tract appelait à un meeting à 21 heures, place de la Course, à Saint Esprit, organisé par la
Bourse du Travail à Bayonne.
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TRACT APPEL AU PEUPLE DE FERNAND ELOSU EN 1914 |
Malgré l'interdiction du rassemblement par la police, une quarantaine de militants pacifistes
répondit à l'appel de Fernand Elosu et de ses camarades et défila dans les rues du quartier
Saint Esprit, en chantant l'Internationale et en criant : "Non à la guerre !", sous les insultes et
les sifflets d'une centaine de contre-manifestants.
Un affrontement violent mais court eut même lieu, mais en raison du déséquilibre des forces en
présence, les militants pacifistes se dispersèrent vite.
Les contre-manifestants, citoyens patriotes, chantèrent alors l'hymne national et se rendirent
vers la place d'Armes, où se produisait la fanfare du 49ème Régiment d'Infanterie.
La guerre venue, il refusa à la fois, la réforme, à cause d'une menace de cécité et d'être officier.
Il servit comme infirmier de deuxième classe, à l'Hôpital de Bayonne, pendant toute la durée
de la guerre.
A la fin de la guerre, il dut passer plusieurs mois en chambre noire, épuisé, et se retira
plusieurs années à la campagne, cessant alors toute activité professionnelle et politique.
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FERNAND ELOSU EN 1922 |
En 1924, il revint à Bayonne pour être de nouveau médecin.
Son activité militante se limita alors à la rédaction d'articles dans des revues et d'une
encyclopédie anarchiste.
Malgré de graves ennuis de santé (presque aveugle, rhumatismes et insuffisance rénale), il
accepta d'être le Président des Amis de l'Urss.
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FERNAND ELOSU EN 1930 |
En 1939, il fut poursuivi pour "reconstitution d'une ligue dissoute" et condamné le 8 février
1940, sous le régime de Vichy, à six mois de prison.
Il fut interné, comme tant d'autres, au sinistre Camp de Gurs, "comme indésirable", à l'îlot C,
en juin et juillet 1940, avec 800 autres internés politiques Basques.
Il contracta une pneumonie dans ce camp et fut libéré peu de temps avant de décéder, à
Bayonne, en 1941.
(Source : http://campgurs.com/upload/campgurs/docs/d38-doc.pdf et http://www.retours-vers-les-basses-pyrenees.fr/2016/10/jeudi-30-juillet-1914-bayonne.html ethttp://ericmailharrancin.over-blog.com/2014/07/journal-des-basques-dans-la-guerre-de-14-18-jeudi-30-juillet-1914.html)
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