ALBERTO ONAINDIA UN PRÊTRE BASQUE ENGAGÉ.
Alberto Onaindia, né en 1902, était destiné à la prêtrise, depuis son plus jeune âge.
LES FRERES ONAINDIA
La Guerre Civile Espagnole marqua un tournant dans sa vie.
Comme son frère Domingo (Txomin en Basque), lui aussi religieux et qui exerça son ministère
sacerdotal à Saint Jean de Luz pendant 45 ans, il se destine donc très tôt à la prêtrise.
Ayant obtenu un doctorat à Rome, il est ordonné prêtre.
De retour en Espagne, il professa au Séminaire de Saturraran à Mutriku, en Guipuzcoa, puis il
fut nommé chanoine à la cathédrale de Valladolid à l'âge de 26 ans, devenant le plus jeune
chanoine du Royaume d'Espagne à l'époque.
Mais, comme il aimait à le dire : "je suis un chanoine espagnol, mais un prêtre basque!".
Comme son frère Txomin, il désirait rentrer en Biscaye, pour y propager ses idées sociales
chrétiennes, avec l'espoir qu'un jour le Pays Basque deviendrait, comme aux temps anciens,
une région autonome et libre dont les rois successifs renouvelaient les fors (libertés) sous le
chêne de Guernica.
Très vite, il allait demander une dérogation pour pouvoir rentrer à Getxo (Biscaye) où il créa la
Accion Catolica (Action Catholique), dont le maire de Getxo José Antonio Aguirre (Président
du Gouvernement Basque) était le Président et avec lequel il se lia tout de suite d'amitié.
Il se dédia à la formation des ouvriers, participant aux mouvements syndicalistes, propageant
les idées sociales-chrétiennes.
Il parlait liberté, droits humains aussi bien que conscience nationaliste et, déjà à l'époque, ses
conférences qui attiraient les foules jusque dans la rue lui assuraient quelque 5 000 auditeurs.
A travers son action sociale transparaissaient son humanité et son aspect profondément
religieux.
ALBERTO ONAINDIA |
En avril 1931, le Roi Alphonse XIII était parti en exil à la suite d'élections municipales gagnées
par une coalition d'Espagnols (syndicalistes, autonomistes Basques et Catalans, socialistes),
associés depuis l'année précédente dans un pacte, dit de San Sebastian, pour réclamer
l'abdication du Roi, coupable pour eux, d'avoir toléré trop longtemps la dictature du Général
Primo de Rivera, et l'instauration de la République.
Les élections législatives de juin 1931 confirmèrent le succès des "Républicains" qui dès le
départ du Roi avaient proclamé la Seconde République.
Le nouveau Président de la République, Nieto Alcala, un Basque modéré, nomma Président du
Conseil l'Universitaire de gauche, Manuel Azana y Diaz qui décida de transformer l'Espagne
en profondeur pour en faire, un pays moderne, libéré de la tutelle de l'armée, et surtout de
l'Eglise, allant jusqu'à déclarer que "l'Espagne avait cessé d'être catholique".
C'était oublier que la grande majorité de la population était encore profondément croyante.
En 1934, la droite, qui s'était ressaisie, avait réussi à reprendre le pouvoir.
Revenu aux commandes de l'Etat, au début de 1936, grâce à la coalition des partis de gauche,
devenus le "Frente Popular", Azana y Diaz décida de poursuivre la réalisation de son
programme.
Après la Catalogne, il accordait le statut d'autonomie au Pays Basque et il durcit sa politique
anticléricale.
Ce fut la principale cause du soulèvement des militaires contre la Seconde République les 17 et
18 juillet 1936.
La guerre marqua un tournant dans la vie d'Alberto Onaindia.
Témoin oculaire du bombardement de Guernica le 26 avril 1937, il fut dépêché par le
Lehendakari (Président) Aguirre pour organiser une conférence de presse à Paris.
D'après des témoignages, il semble avoir eu un rôle essentiel dans cette entreprise.
Il parvint, en effet, à rétablir la vérité sur les exactions commises par l'armée allemande (nazis)
et leurs alliés italiens, avec le feu vert de Franco, tandis que ceux-ci avaient accusé les Basques
d'avoir procédé à la technique de la terre brûlée.
Ce fut le début de son action comme intermédiaire entre le PNV (Parti Nationaliste Basque) et
plus tard l'armée italienne, avec laquelle les Basques s'entendirent pour arranger une reddition
qui permettrait aux gudari (soldats Basques) de partir sur des bateaux anglais et d'être ainsi
épargnés par l'armée de Franco.
Les accords de Santonia aboutirent finalement à un échec, et Alberto Onaindia prit le chemin
de l'exil.
Mais c'était le début d'un autre combat : le combat dans l'ombre.
ALBERTO ONAINDIA |
Là commença son activité à travers les émissions radiophoniques.
Il était tenu à l'anonymat par la force des choses.
En effet, ses critiques touchaient directement le régime franquiste et le contraignirent, pour
protéger sa famille, à se faire appeler James Masterton, le père Olaso, Father Brown ou Father
Zuluaga...
Il avait une grande renommée dans tout l'Etat Espagnol, où ses émissions de radio lui
assuraient 4 millions d'auditeurs, car il était la seule voix de la liberté pendant toutes ces
années de franquisme.
Il commentait les Evangiles dans le sens de la liberté, de la démocratie, du respect des humbles,
de la paix ou du pardon ; il finissait ses homélies en dénonçant les arrestations et mises au
secret au Pays Basque Sud, ce qui sauva la vie d'un certain nombre de prisonniers menacés de
mort et qui furent libérés à la suite de ses émissions.
Ses émissions en espagnol se dénombrèrent à plus de 600 sur la BBC (radio anglaise), et à plus
de 1 000 sur la RTF (radio française), mais cessèrent subitement en 1957, après une demande
spéciale de Franco, qui donna son accord à la France pour l'appuyer au sein de l'Onu, lors de
la guerre d'Algérie, avec comme condition qu'Alberto Onaindia ne puisse plus se faire
entendre à la radio française, dont les ondes étaient rediffusées dans l'Etat Espagnol.
ALBERTO ONAINDIA A LA BBC |
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