IL Y A 85 ANS LES NAZIS MASSACRENT LA VILLE "SAINTE" DES BASQUES.
Le 26 avril 1937, c'est jour de marché à Guernica y Luno (Gernika-Lumo en basque) (Biscaye).
GUERNICA EN FLAMMES 26 AVRIL 1937 |
C'est le jour choisi par les avions allemands et italiens pour la bombarder.
Nous sommes en pleine Guerre Civile Espagnole, commencée le 17 juillet 1936.
C'est un des premiers raids dans l'Histoire moderne, après les bombardements de Durango et
Elorrio, (31 mars et 2 avril 1937 avec 336 morts à Durango), dans lequel une population civile,
urbaine, sans défense, est sciemment massacrée.
Ce massacre, dénoncé comme un acte terroriste, a été voulu par Hitler, allié du général Franco
dans la Guerre Civile Espagnole, pour terroriser la population civile.
Dès le début de la guerre civile, Hitler a utilisé l'Espagne comme un banc d'essai pour des
armes nouvelles et un terrain d'entraînement pour ses aviateurs.
En octobre 1936, a été créée une unité aérienne spéciale, la Légion Condor, sous le
commandement du général Hugo Speerle.
Il est assisté du lieutenant-colonel baron Wolfram Von Richtofen, cousin du "Baron Rouge", un
autre aviateur, héros de la Grande Guerre.
La Légion Condor est forte de 6 500 hommes et comprend quatre escadrilles de douze avions de
chasse et de bombardement, trois escadrilles de six avions de reconnaissance.
Cette unité offre aux pilotes de guerre allemands des stages d'entraînement intensif en
situation de guerre réelle.
C'est une manière pour eux de contourner le traité de Versailles de 1919 qui leur interdit de
développer leur aviation de guerre.
Lorsque les franquistes dirigent leurs attaques sur le Pays Basque et les Asturies, au Nord-
Ouest de l'Espagne, la Légion Condor va s'acquérir une sinistre notoriété en bombardant
Guernica.
Cette ville était connue pour son chêne sacré au pied duquel se réunissent depuis le Moyen-Âge
les représentants du peuple Basque.
Tous les deux ans, depuis le règne d'Isabelle de Castille jusqu'en 1876, les représentants de la
couronne espagnole avaient coutume de renouveler à cet endroit leur serment de respecter les
libertés basques.
Le Président de la Deuxième République, Manuel Azana y Diaz, avait renouvelé la tradition en
prêtant serment devant le chêne, le 7 octobre 1936, de respecter la très large autonomie
accordée au Pays Basque Sud par son gouvernement.
Ce fait avait sans doute nourri le ressentiment des franquistes à l'égard de la ville.
Mais Guernica était aussi devenue au vingtième siècle une cité industrielle de 7 000 habitants,
pourvue de plusieurs usines d'armement.
La veille du drame, la ville est traversée par les combattants Républicains Basques, les gudaris.
Ils fuient l'avance des franquistes et tentent de gagner Bilbao, au Nord, en vue d'y organiser
une nouvelle ligne de défense.
Le baron Von Richtofen propose à ses alliés espagnols de couper la route aux fuyards en
détruisant le pont de Renteria, au Nord de Guernica.
Il n'est pas officiellement question d'attaquer la ville proprement dite.
Cependant, quatre escadrilles de Junkers Ju 52 de la Légion Condor allemande nazie ainsi que
l'escadrille VB 88 de bombardement expérimental (composée de Heinkel He 111 et de Dornier
Do 17), accompagnés par des bombardiers italiens (Savoia-Marchetti SM 79) de l'Aviation
légionnaire italienne fasciste emportent dans leurs soutes non seulement des explosifs brisants
et des bombes anti-personnelles utiles pour cette mission mais aussi 2 500 bombes incendiaires.
JUNKER JU 52 |
HEINKEL HE 111 |
SAVOIA-MARCHETTI SM 79 |
Ces ogives bourrées d'aluminium et d'oxyde de fer sont capables d'élever la température
environnante à 2 700°.
Rien à voir avec la simple destruction d'un pont !
Accompagnés de plusieurs chasseurs et d'avions italiens, les bombardiers attaquent la ville en
plusieurs vagues, au moment où se tient le marché, de 16H30 à 18 heures.
L'attaque commence à 17H30 à la mitrailleuse, puis aux bombes explosives et enfin aux
bombes incendiaires.
Après avoir lâché quelques soixante tonnes de bombes incendiaires, les derniers quittent le ciel
de Guernica vers 20 heures.
A ce moment un cinquième de la ville est en flammes, et l'aide des pompiers de Bilbao (3h
après le bombardement) s'avérant inefficace, les deux tiers des maisons, la plupart en bois,
sont détruites et incendiées.
RUINES DE GUERNICA 26 AVRIL 1937 |
LA PLACE DU MARCHE ET LA TAVERNE BASQUE INCENDIEES GUERNICA 26 AVRIL 1937 |
BANCO DE VIZCAYA GUERNICA 26 AVRIL 1937 |
GUERNICA 26 AVRIL 1937 |
GUERNICA 26 AVRIL 1937 |
LES ITALIENS ENTRENT EN COURANT DANS GUERNICA 27 AVRIL 1937 |
ARTICLE D EUZKO DEYA 30 AVRIL 1937 |
A la faveur du bombardement, les nazis mettent au point une stratégie de terreur qu'ils auront
l'occasion de réemployer pendant la Seconde Guerre mondiale.
Le nombre officiel de victimes, toujours maintenu depuis par le Gouvernement Basque, fait
état de 1 654 morts et plus de 800 blessés.
Cela corrobore le témoignage du journaliste britannique Georges Steer, correspondant à
l'époque du Times, qui avait estimé qu'entre 800 et 3 000 des 7 000 habitants de Guernica
périrent.
L'historiographie récente estime le bilan humain de ce raid terroriste à environ deux cent
cinquante morts.
Dans un premier temps, le mardi, les franquistes répandent la rumeur selon laquelle l'attaque
aurait été le fait des Républicains eux-mêmes qui auraient dynamité la ville.
Ils sèment aussi le doute sur le nombre des victimes.
Faute d'être crus, ils assurent que le bombardement était un acte de guerre justifié par la
présence sur place de troupes et d'usines d'armement.
Mais ces dernières n'ont pas été affectées par l'attaque, tout comme d'ailleurs le chêne sacré,
ainsi que le fameux pont de Renteria.
Trois jours plus tard, le 29 avril, c'est par ce même pont que les franquistes font leur entrée
dans la ville dévastée.
Pablo Picasso, résidant à Paris, découvre dans les journaux toute l'horreur de la tragédie.
L'artiste, qui a reçu du Gouvernement Espagnol une commande pour l'Exposition
Internationale des Arts et Techniques qui doit se tenir à Paris en ce mois de mai 1937, décide
sur le champ d'illustrer Guernica.
PABLO PICASSO PEIGNANT "GUERNICA" |
PABLO PICASSO PEIGNANT "GUERNICA" |
"GUERNICA " DE PICASSO |
Un film a été réalisé en 2016 par Koldo Serra sur cet épisode tragique et dramatique de la Guerre Civile Espagnole : "Gernika".
FILM GERNIKA EN 2016 |
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