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mercredi 9 juillet 2025

LE PAIN "ESPAGNOL" AU PAYS BASQUE EN MAI 1918 (troisième partie)

  

LE PAIN "ESPAGNOL" EN MAI 1918.


Pendant la Première Guerre mondiale, la question du ravitaillement est un sujet quotidien préoccupant dans toute la France, et au Pays Basque également. 




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PAIN 1918



Voici ce que rapporta E. Seitz dans le quotidien La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-

Luz, dans plusieurs éditions :


  •  le 8 mai 1918 :

"Interdiction de la vente du pain espagnol.


— Par ordre formel de M. le Maire, la vente et l'achat du pain blanc de luxe, d'Espagne ou de toute autre provenance, sont interdits à des prix au-dessus de la taxe officielle fixée par l'arrêté de M. le Préfet en date du 21 décembre 1917.



Des avertissements sévères ont été donnés à toutes personnes se livrant à ce trafic, et s'il n'en était pas tenu compte immédiatement, les agents procéderont à la confiscation du pain.


Le commissaire central entend que les instructions et les ordres de M. le maire soient strictement appliqués."



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PORTEUSE DE PAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • le 12 mai 1918 :

"Le pain espagnol.


— Les mesures radicales prises à Bayonne, il y a quelque jours, contre la vente du pain espagnol, à des prix exorbitants ont eu pour effet de faire baisser quelque peu le prix de cette denrée à Biarritz. Mais ce prix n'est encore ni acceptable ni tolérable. Le pain coûte en Espagne 0.60, ce qui, avec le change, et la douane, représente 1 franc de notre monnaie. En faisant la part des risques de contrebande, des voyages et peines, le prix de 1.50 à 1.75 le kilo serait assez largement rémunérateur pour les vendeurs ; le pain de un kilo et demi ne devrait pouvoir être vendu plus de 2.25 à 2,50.



Nous savons bien, et nous l'avons déjà dit, que le mal réside surtout à la frontière même et que les contrebandiers de Hendaye ou de Béhobie vendent les pains à 3 francs en moyenne aux revendeuses qui l'apportent à Biarritz ou Saint-Jean-de-Luz.



Mais il y aurait moyen de mettre à la raison ces exploiteurs ; il suffirait pour cela que les revendeurs leur laissent la marchandise pour compte pendant quelques jours et qu'il soit interdit à ces revendeurs de dépasser un prix déterminé pour la vente au public."



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PORTEUR DE PAIN SAINT-JEAN-PIED-DE-PORT
PAYS BASQUE D'ANTAN



  • le 14 mai 1918 :

"Biarritz.

Le pain espagnol. — Vendeuses, à partir de jeudi ne vendez pas le pain espagnol au-dessus de 80 centimes la livre, 1.60 le kilo, 2.40 le pain de 3 livres, vous vous exposeriez à voir réquisitionner votre stock au prix de la taxe locale, soit à 65 centimes le kilo.



Acheteurs, à partir de jeudi, ne payez pas le pain espagnol plus de 80 centimes le demi-kilo, 1.60 le kilo, 2.40 les 3 livres. Ce prix maximum est normal et comporte une suffisante rémunération des frais, charges et risques des intermédiaires.



Nous en reparlerons d'ailleurs demain."



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PORTEUSE DE PAIN
PAYS BASQUE D'ANTAN


  • le 15 mai 1918, sous la plume d'E. Seitz :

"Pain espagnol. — Doit-on tolérer la vente du pain espagnol, qui, en raison des frais de change et de transport et des risques divers, est d'un prix de revient très supérieur à celui du pain national ? Doit-on au contraire en interdire la vente et appliquer à la lettre la taxe interdisant de vendre du pain plus de 0 fr. 65 le kilo ?



Si la question s'est posée, c'est qu'il y a eu, qu'il y a encore un vrai scandale du pain espagnol, c'est que ce pain, passé en contrebande est devenu matière à exploitation vraiment intolérable ; c'est qu'on vend ici et ailleurs, à 1 fr. 40 le demi-kilo, à 2,50 et 3 francs le kilo, à 3,50, 3,75 et même 4 francs les 3 livres, un pain d'Espagne qui est même souvent de fabrication clandestine et de propreté douteuse.



Notez que c'est pour une grande part la classe pauvre et travailleuse qui, se trouvant insuffisamment nourrie par les 200 ou 250 grammes de pain de la ration quotidienne, achète à ces prix fantastiques le pain espagnol. Elle paie, mais n'en pense pas moins et proteste avec raison. Mais comme le pain, même à 3 francs le kilo est une nourriture plus économique que la viande et bien d'autres denrées on en achète quand même. Il semble qu'il y a donc lieu de laisser cette ressource au public mais de protéger ce dernier contre le mercantisme.



Nous avons établi, dans un précédent article de La Gazette, que le pain, non compris les frais et risques de contrebande et les frais de voyage, revenait en argent français, à 1 fr. ou 1.10, suivant qu'il acquitte ou non les frais de douane ; nous avons ajouté qu'une marge de 50 centimes devrait suffire à couvrir les risques, frais et bénéfices des revendeurs qui le détaillent dans notre ville. Il semble donc raisonnable de fixer à 1.60 le kilo le prix de vente toléré.



Nous avons appris que l'administration municipale et le service de police ont reconnu exactes nos précisions et légitimes nos conclusions. ... Donc, à l'avenir marchands et public peuvent se le tenir pour dit la vente du pain espagnol (j'entends par là le pain vraiment importé d'Espagne), ne sera tolérée qu'à un prix ne dépassant pas 80 centimes la livre, 1.60 le kilo et 2.40 le pain de 3 livres. Si les marchands persistaient à vendre le pain au-dessus de ce prix, la police le réquisitionnerait, et l'ayant remboursé au taux de la taxe municipale : 0.65 le kilo, le livrerait au public à ce même prix.



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BOULANGERE BAYONNE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Cette solution est raisonnable et sera sans doute approuvée.



Nous n'ignorons pas que la plupart des revendeurs de ce pain ont un bénéfice assez limité, même en l'écoulant actuellement au prix abusif dont on se plaint. C'est à Hendaye, à Béhobie que les contrebandiers et mercantis ont établi le cours exagéré de 3 francs et plus par pain de 3 livres. Les revendeurs de Biarritz n'ont qu'à leur laisser cette denrée pour compte jusqu'à ce que leurs prétentions, étant devenues plus modestes, ramène le pain à un prix plus normal et auquel cependant nos revendeurs puissent trouver leur compte.



Ajoutons que, pour rendre opérante la mesure prise ici, il faudrait qu'elle fut appliquée de même à Saint-Jean-de-Luz et Hendaye.



Ainsi cessera ce que l'on a justement appelé le scandale du pain espagnol.



P. S. — Nous avons constaté ce matin, aux Halles, qu'un tableau bien en vue annonce l'interdiction de vendre à Biarritz du pain espagnol à un prix supérieur à 80 centimes le demi-kilo."



A suivre...








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