LA MAISON MAUMÉJEAN À HENDAYE EN 1927.
C'est au début des années 1920 qu'est édifiée à Hendaye une immense manufacture de verrerie par les frères Mauméjean.
 |
| BUREAUX MAUMEJEAN A PARIS |
Signalée, dès 1911, dans les annuaires commerciaux de la Seine, l'antenne parisienne
de Mauméjean Frères, dirigée par le benjamin de la fratrie, Charles, connut un développement
significatif après la Première Guerre mondiale.
Confrontés à un formidable afflux de commande, les frères Mauméjean, dont la production
était, dès le début des années 1920, répertoriée dans quelque cinq mille cathédrales, basiliques
et chapelles, édifièrent alors une immense manufacture, à Hendaye.
LES FRERES MAUMEJEAN AU TRAVAIL
PAYS BASQUE AUTREFOIS
PAYS BASQUE AUTREFOIS
Prenant part à l'Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes organisée à
Paris, en 1925, les peintres verriers édifièrent leur propre pavillon sur le quai d'Orsay et la
maison Mauméjean Frères reçut le grand prix.
 |
| AFFICHE EXPO INTERNATIONALE ARTS DECORATIFS PARIS 1925 |
 |
| PAVILLON MAUMEJEAN PARIS EXPO ARTS DECORATIFS 1925 |
Voici ce que rapporta à ce sujet le journal La Côte basque : revue illustrée de l'Euzkalerria, le 25
décembre 1927 :
"Les Excursions.
Nulle station n’est le point de départ d’excursions plus variées qu’Hendaye : la mer et la montagne si complètement voisines, le Pays-Basque, un des plus curieux coins de France aussi pittoresque dans ses villages, ses demeures et ses aspects divers que tenace dans ses traditions. L’Espagne toute proche dont l’originalité se trouve échantillonnée dans l’antique petite cité de Fontarabie, et toute cette frontière comprenant l'île des Faisans ou de la Conférence, si pleine de souvenirs historiques et d’un charme spécial, forment un ensemble unique.
Pour le détail de ces nombreuses excursions, consulter le Guide de Hendaye édité par le Syndicat d’initiative. A signaler cependant la promenade classique de la traversée de la Bidassoa en barque entre Hendaye et Fontarabie.
 |
| HENDAYE-PLAGE CENTRE D'EXCURSIONS PAYS BASQUE D'ANTAN |
Les industries locales.
Les principales industries locales sont des fabriques de meubles à Béhobie (France), Béhobia (Espagne) et à Hendaye même.
A citer également une des premières fabriques de vitraux de France, des fabriques de bérets, de revolvers, de sandales, et la distillerie de la fameuse liqueur d'Hendaye.
La Fabrique de Vitraux et Mosaïques d’Art Mauméjean Frères.
 |
| VITRAIL MAISON MAUMEJEAN |
Lorsque l’on part de la gare de Hendaye vers Béhobie, à gauche de la route, sur une hauteur inondée de lumière, face à la magnifique vallée de la Bidassoa, se dressent de vastes bâtiments dont la partie supérieure est formée par d’immenses panneaux de verre.
C’est là que se trouvent les ateliers de MM. Mauméjean frères, modernes maîtres-verriers et mosaïstes.
Ce mot d’"atelier" convient bien à l’industrie importante que constitue cette manufacture, mais j’y ajouterai le mot de "laboratoire" et de "studio" qui sied à l’endroit où travaille sans cesse dans le calme, M. Joseph Mauméjean en contemplant le grandiose spectacle du fleuve alangui au pied des collines et des monts dont l’ensemble est couronné par la cime de la Haya, spectacle hautement inspirateur pour un artiste.
Sur la table de travail sont disposés d’innombrables morceaux de verres de toutes couleurs. Sur chacun d’eux M. Mauméjean dessinera avec un fin pinceau trempé dans un oxyde métallique, les traits ou les ornements correspondants. Après quoi les verres seront mis dans un four ad hoc où une seconde cuisson les fixera définitivement.
Fixés à l’immense verrière, des vitraux flamboient. Les uns gais, joyaux aux teintes claires destinés à des habitations particulières, notamment aux demeures basques dont ils complètent si gracieusement l’harmonie. Le succès des vitraux de la Maison Mauméjean à ce point de vue, d’ailleurs mérité, est considérable. Les autres, solennels avec ces coloris à la fois éclatants et sombres qui caractérisent les verrières du moyen-âge et dont le secret passait pour perdu, formant avec les précédents un ravissant contraste.
 |
| VITRAIL MAUMEJEAN PAYS BASQUE AUTREFOIS |
M. Joseph Mauméjean se plait à observer l’étonnement des privilégiés qui pénètrent dans son studio devant ces stupéfiantes reconstitutions, et leur répète en souriant ce qu’il nous avait dit à nous-mêmes.
"L’art des anciens verriers perdu ? Une pure légende créée par les préjugés absurdes autant que répandus.
L’isolement dont jouit notre industrie, continue M. Mauméjean, peut seul expliquer la conviction obstinée que conserve le monde au sujet de la peinture sur verre qu’il estime chose perdue. On conçoit à la rigueur que quelques moyens du genre de ceux qui appartiennent en particulier à chaque ouvrier ou à chaque école ait pu périr, mais il y a loin de là à la perte totale de l’ensemble technique d’un art quelconque. La peinture à l'huile elle-même a bien perdu quelques-unes de ses ressources particulières et l’eu discute encore sans jamais bien s’entendre ni s’accorder sur les procédés personnels de certains maîtres comme le Titien, Paul Véronèse ; à plus forte raison ces sortes de lacunes peuvent-elles exister dans une manière d’opérer plus complexe et moins connue. Mais cependant ne faut-il pas en abuser pour essayer de prolonger des mystères vraiment gratuits et ridicules.
 |
| VITRAIL MAUMEJEAN PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Ce que nous avouerions plus facilement avoir été perdu et être plus difficile à retrouver c’est la naïveté du vieux type gothique ou la capricieuse entente de la couleur, ou encore les indications hardies et la science profonde des Jean Cousin, des Bernard Palissy, des Guglielmo de Marcilla, mais ceci est que question d’art et nullement une question de pratique.
 |
| BERNARD PALISSY |
Non ! continue M. Joseph Mauméjean, le secret des anciens n’est pas perdu s’il s’agit d’imiter à la lettre leur travail, de les pasticher pour ainsi dire... On a leur verre et leurs couleurs, on a même leurs procédés, mais ce qu’on n’a peut-être plus c’est l’intelligence qui présidait à la conception de leurs œuvres. Le grand secret, voyez-vous, c’est d’être de son temps.
Nous pouvons vous reconstituer très aisément n’importe quel vitrail des XIIIe, XIVe , XVe et XVIe siècles. Nous savons en quoi consiste le velouté et la profondeur de ces vieux vitraux. Regardez ce verre : il n’est pas rectiligne, il a, si je puis dire, des montagnes et des vallées, en plus il renferme dans ses épaisseurs quelques bulles d’air. La lumière joue sur ces montagnes et ces vallées, pénètre dans ces bulles d’air qui sont autant de prismes qui la décomposent et l’irradient. De là ce relief, de là ces couleurs profondes, chaudes, vibrantes, chantantes, de là l’intense poésie qui s’en dégage.
Mais de même que tous les arts, celui du vitrail évolue lui aussi. Je vous ai dit que le grand secret est d’être de son temps. L’Exposition de 1925 a été une magnifique école d’émulation.
Ce serait une grosse erreur que de croire que nous ne fabriquons que des vitraux d’églises ; bien au contraire, nous avons une grosse clientèle particulière. Evidemment les travaux religieux seront toujours les principaux et les plus grands, mais les travaux profanes prennent de plus en plus d’importance. L’habitation basque, notamment, se prête à nombre de combinaisons décoratives dans lesquelles le vitrail prend une place de plus en plus prépondérante. Vous avez pu voir combien les architectes de notre région savent combiner les éléments du style basque avec ceux de la Renaissance, du style ogival et même du style roman. La place du vitrail y est souvent indiquée et concourt puissamment à l’embellissement de l’habitation.
 |
| VITRAIL MAUMEJEAN CATHEDRALE ALMUNEDA MADRID |
Pour ce genre de vitraux, nous varions les sujets. Cela dépend du style de l’habitation et du goût du propriétaire. Nous l’aidons aussi de nos conseils. C’est ainsi que dans une salle à manger d’aménagement nettement Renaissance nous mettons des compositions rappelant celles du XVIe siècle, dans un hall moderne nous mettons des vitraux nettement modernes, ou, si on le désire, un paysage stylisé rappelant la région."
Ainsi que le fait remarquer notre moderne maître-verrier, si certains détails d’exécution de ses prédécesseurs du XIIIe siècle nous échappent à l’heure actuelle, aucun secret de fabrication, à proprement parler, n’est ignoré de nous, cependant, la perte de ces secrets n’est point complètement une légende, car les méthodes employées pendant la Renaissance, et surtout au XVIIe et au XVIIIe siècles dans l'art du vitrail étaient très différentes. Ce n'est qu’au XIXe siècle que l'on chercha vraiment à reconstituer au lieu de superposer les styles, que l’on rechercha les procédés auxquels nous devons les merveilleuses verrières du Moyen-Age, et en particulier pour accompagner les restaurations de Viollet-le-Duc. A force de patientes recherches, on retrouva alors des détails importants de fabrication oubliés, sinon perdus, et parmi ces chercheurs auxquels nous devons de splendides résurrections d’art, se trouve M. Mauméjean ; c'est un devoir pour nous de dire ce que sa modestie lui a fait taire.
 |
| VITRAIL MAUMEJEAN PAYS BASQUE AUTREFOIS |
Pour exécuter ses travaux d’art, M. Mauméjean dirige plus d’une centaine d’ouvriers et d’ouvrières, tant pour les vitraux que pour les mosaïques romaines et vénitiennes dont certains spécimens, sortis des ateliers Mauméjean, sont de pures merveilles.
 |
| VITRAIL MAUMEJEAN EGLISE DU SACRE-COEUR BOURG EN BRESSE |
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire