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mercredi 22 mai 2024

LE LAIT AU PAYS BASQUE EN 1918 (deuxième partie)

LE LAIT AU PAYS BASQUE EN 1918.


Pendant la première Guerre Mondiale, il y a un grand problème d'approvisionnement en laitage pour les habitants du Pays Basque.




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LAITERIE CHÂTEAU DE MONTDEVILLE ANGLET 1917
PAYS BASQUE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet La Gazette de Biarritz-Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, le 12 mars 

1918, sous la plume de son Directeur, Louis-Etienne Seitz :



"A propos de la Question du Lait.



Nous avons reçu d’une personnalité de la colonie de Biarritz la communication suivante : 


"L’article que vous ayez publié dans votre journal de dimanche, a provoqué une pénible surprise parmi tous ceux qui connaissent la genèse de la fromagerie d’Arcangues. Elle est tout autre que celle que vous indiquez. 



Il y a environ un an, les journaux de Biarritz annonçaient qu’un cours d’agriculture pratique était fait chez M. Etchecopar et qu’il y avait intérêt pour les fermiers de ce pays à le suivre. Une fermière intelligente apprit spécialement la fabrication des fromages, et devant gagner sa vie et son pain entra au domaine d’Arcangues pour exploiter son savoir. 



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CHÂTEAU ARCANGUES - ARRANGOITZE
PAYS BASQUE D'ANTAN


Quand les pouvoirs publics le jugeront à propos, ils réquisitionneront le lait, mais jusqu’à présent, n’étant pas heureusement gouverné par "les Soviets", charbonnier est maître chez lui. En vertu de ce droit, les petits cultivateurs des domaines d’Arbonne et ailleurs ont préféré vendre leur lait où bon leur semblait, c’est encore leur droit. Je connais d’autres fermiers qui le gardent pour nourrir leurs ouvriers, trouvant cela plus avantageux que de le vendre à 0 fr. 55. C’est toujours leur droit. Lorsque les autorités décideront autre chose, on s’inclinera. En attendant, le fromage est une excellente nourriture.



Vous dites, Monsieur, que le but de cette fromagerie a été de "donner une occupation à des personnes ne voulant pas rester désœuvrées et qui croient peut-être se rendre utiles à la collectivité". Permettez-moi de vous dire que la famille qui a donné deux fils à l’armée, dont l'un fut réformé après 18 mois de campagne, dont l’autre a gagné son grade de lieutenant et sa croix de guerre avec une brillante citation, dont la mère est à la tête des œuvres de bienfaisance et travaille de ses mains pour alimenter la caisse des veuves de guerre du département, dont la tante se dévoue à des travaux pénibles dans une ambulance, cette famille, Monsieur, n’a pas à chercher une fromagerie pour occuper ses loisirs. 



C’est la protestation de tous ceux qui connaissent Arcangues et les propriétaires (que vous désignez trop clairement pour vous dispenser de les nommer) que je vous adresse. Nous avons tous été témoins du dévouement de cette famille envers les pauvres de Biarritz, envers les blessés, dans toutes les occasions enfin, qui se sont offertes à sa générosité, et c’est au nom de l’équité et de l’union sacrée qui doit tendre à rapprocher les classes, quand l’article de la Gazette peut au contraire les diviser, que je vous demande de publier cette réponse, à laquelle ont un droit incontestable ceux que vous visez."



C’est pour nous un devoir d’impartialité, de courtoisie de publier ces lignes. Il ne nous déplaît pas d’ailleurs, il nous est même infiniment agréable de rendre hommage au dévouement que Mme la marquise d’Arcangues et les membres de sa famille ainsi que tant d’autres personnes de leur monde apportent aux œuvres de guerre et de solidarité nationale. 



Et c’est précisément parce que nous connaissons et apprécions hautement les sentiments altruistes de Mme la marquise d’Arcangues que nous tenons à invoquer auprès d’elle, un grave et poignant intérêt social auquel les circonstances actuelles nous obligent à faire de nouveaux sacrifices. 



Quelqu’un disait hier, dans une société où nous nous trouvions : "Il faut choisir : ou l’autorité interdira la fabrication des fromages afin de laisser le lait aux enfants et à tous ceux qui en ont besoin ; ou bien elle conseillera aux habitants de ne plus avoir d’enfants". C’est une façon brutale, mais claire de poser le problème. 



pays basque autrefois laiterie labourd guerre agriculture
LAITIERES
PAYS BASQUE D'ANTAN


Il ne s’agit pas d’ailleurs de telle ou telle fromagerie ; mais la question est générale car la crise du lait est générale. Et nous sommes certains qu’obéissant à la voix de leur patriotisme, certaines maisons qui s’adonnaient à l’industrie fromagère, si intéressante en d’autres temps, abandonneront spontanément cette industrie sans attendre l’intervention des pouvoirs publics. Elles auront ainsi bien mérité de la population, des malades et surtout des mères."



A suivre...




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