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mercredi 15 mai 2024

UN FAITS DIVERS TRAGIQUE À LANTABAT EN BASSE-NAVARRE AU PAYS BASQUE EN DÉCEMBRE 1879

UN FAIT DIVERS TRAGIQUE À LANTABAT EN 1879.


En 1879, la commune de Lantabat, en Basse-Navarre, compte environ 620 habitants, et est administrée par le Maire Lagourgue.




AZKONBEGI LANTABAT 1910
BASSE-NAVARRE D'ANTAN



Voici ce que rapporta à ce sujet le quotidien La Presse, le 15 février 1880 :



"Chronique des Tribunaux.

La vie d'an homme pour quelques choux. 



— Casenare est depuis plusieurs années garde champêtre de la commune de Lantabat, dans le pays basque ; avec lui demeurent trois fils de vingt à trente ans. Leur réputation est bonne, mais ils passent pour avoir l'humeur vive et prompte. Propriétaires cultivateurs, ils ont comme tous les paysans l'amour de la terre poussé jusqu'à la passion jalouse et violente, et ce ne sont pas eux qui feraient cause commune avec les partageux... si du moins il s'agissait de céder un pouce de leur champ. 



Dans la courant du mois de décembre dernier, cette préoccupation dominante avait été mise en éveil par le récit de quelques plants d'arbres fruitiers méchamment coupés chez un de leurs voisins. 



Le 21 de ce mois, vers quatre heures du matin, deux des jeunes gens, couchés ensemble dans une chambre de la maison paternelle, ayant entendu le chien de garde aboyer avec une force inaccoutumée, pensèrent que des malfaiteurs s'étaient introduits dans l'habitation ou dans le jardin, qui en est séparé par un chemin rural. Le plus âgé des deux se leva précipitamment et à demi vêtu, s'arma d'un fusil toujours chargé de deux balles par le prévoyant garde-champêtre, et courut dans la direction indiquée par les aboiements du chien. Malgré l'obscurité de la nuit, il ne tarda pas à distinguer dans l'intérieur du jardin un homme qui, à son approche sans doute, s'était accroupi au pied du mur. "Dis-moi qui tu es ou je te brûle ?" lui cria-t-il en faisant jouer en même temps la batterie de son arme. 



Le maraudeur craignant, selon toute apparence, de s'exposer à un coup de feu s'il prenait la fuite, franchit la clôture à quelques pas de Casenare et se trouve face à face avec lui. Etait-ce pour le désarmer ? Avait-il l'intention de prendre au corps Casenare pour le terrasser ? Il serait difficile de le supposer, car Etchebert, le maraudeur, était plus que septuagénaire, et Casenare était jeune et vigoureux. La seule hypothèse vraisemblable est donc qu'il venait demander grâce. Mais Casenare emporté, dit l'accusation, par son caractère ou par le sentiment exagéré du droit qu'il croyait avoir, ne se laissa pas fléchir : il tira sur le malheureux vieillard à deux ou trois pas de distance. Les deux balles traversèrent la poitrine, ressortirent près de l'épine dorsale et restèrent dans les vêtements de la victime. Etchebert s'affaissa en poussant ce cri douloureux : "Tu m'as tué !" 



Loin de lui venir en aide, Casenare s'empressa de regagner sa demeure, emportant son arme meurtrière. Au bruit de la détonation, son père et ses frères accoururent, entourèrent Etchebert et essayèrent vainement de le relever ; il expira entre leurs mains. 



Telle était la scène que les débats ont fidèlement retracée ; l'accusé ne niait aucun des détails que nous venons de rapporter, mais il prétendait s'être trouvé dans le cas de légitime défense. Il aurait été, disait-il, saisi à la hauteur de la poitrine par ses vêtements, et, poussé par une panique insurmontable, il aurait fait feu dans la crainte d'être frappé. 



L'organe du ministère public n'a pas eu de peine à faire ressortir les graves objections qui s'élevaient contre ce système. 



Si Casenare avait été saisi par Etchebert la chemise qui couvrait seule la partie supérieure de son corps aurait été déchirée ou sensiblement froissée ; si le coup de feu avait été tiré, de si près, le meurtrier aurait été couvert du sang de la victime. 



Or, toutes les constatations des magistrats et des hommes de l'art étaient en contradiction flagrante avec ces données. 



Mais il restait deux choses certaines : Etchebert était arrivé à la limite de l'âge, chargé d'une réputation fâcheuse, que le dernier acte de sa vie ne confirmait que trop. 



Casenare était jeune, plein d'avenir, objet de vives sympathies que son extrême vivacité n'avait point attiédies ; il manifestait par ses larmes autant que par ses réponses, le plus amer regret. S'il n'avait pas eu à défendre sa personne, il défendait incontestablement sa propriété contre un voleur de nuit.  



La confusion entre ces deux situations et les droits qui peuvent résulter de l'une et de l'autre est facile, surtout quand là défense est présentée par un avocat habile et expérimenté. 



Aussi le succès en a été complet ; Casenare a été acquitté et rendu immédiatement à sa famille."



Merci ami(e) lecteur (lectrice) de m'avoir suivi dans cet article.

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