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dimanche 17 novembre 2019

"L'AFFAIRE" DE BEHOBIA À IRUN EN GUIPUSCOA AU PAYS BASQUE EN 1874


L'AFFAIRE DE BEHOBIA EN 1874.


En octobre 1874, a lieu à Behobia (quartier d'Irun), sur la frontière franco-espagnole une bataille entre carlistes et républicains.



pais vasco carlistas antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN


Voici ce que rapporta le journal Le Figaro, dans son édition du 16 octobre 1874, sous la plume 

d'Alfred d'Aunay :



"L'affaire de Béhobie




Une dépêche d'avant hier, confirmée hier par une lettre, annonce qu'un combat a eu lieu sur notre frontière entre carlistes, et républicains. Les républicains ont eu le dessous, mais les carlistes n'ont pas gardé leur avantage. Béhobie est livré aux flammes. Tout cela a un petit air de bataille de la Moskowa des plus réussis. Mais si nous n'étions pas là pour vous dire ce qui s'est passé sur la rive gauche de la Bidassoa, nous pouvons tout de même vous renseigner bien exactement sur l'aspect et le caractère de ce petit coin du théâtre de la guerre en Espagne. 





Un de nos amis, revenu hier de Fontarabie, nous a rapporté des impressions de voyage des plus curieuses. Nous résumons ce qui a trait à l'événement de Béhobie.



pais vasco antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

Pour bien comprendre l'importance de cette action militaire, il faut d'abord connaître la localité. La frontière franco-espagnole est formée, sur une longueur de quelques kilomètres, par le fleuve la Bidassoa, assez large près de la mer, mais partout peu profond. Il se jette dans le golfe de Biscaye , entre Hendaye et Fontarabie. D'élégants petits bateaux font gratis le service d'une localité à l'autre. L'immense gare française d'Hendaye sert à cette correspondance, et est devenue l'entrepôt des locomotives du chemin de fer du Nord de l'Espagne. 





Au-dessus de Fontarabie, et un peu en arrière se trouve la montagne de Guadalupe, occupée par les carlistes. Rien ne serait plus facile à ces partisans que de s'emparer de cette riche petite ville, mais ils y seraient canonnés par la flotte républicaine et ne pourraient s'y tenir. 





En remontant la Bidassoa, nous trouvons à peu de distance la petite ville d'Irun, également occupée par les républicains. Les habitants l'ont à peu près désertée. A Irun on rencontre en assez grand nombre les Volontaires de la Liberté, sorte de francs-tireurs dont la spécialité est de se poster en haut du clocher et de tirer sur tout ce qu'ils aperçoivent dans la campagne. Ces zélés adversaires des carlistes brûlaient tant de poudre que le gouverneur dut faire annoncer qu'il ferait payer la valeur de toute cartouche employée inutilement ! 


pais vasco antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

A côté d'Irun se trouve un petit monticule qu'on a transformé en un fortin armé de deux pièces de canon. Cette artillerie tire constamment, depuis huit mois, sans l'avoir jamais atteint, sur un poste situé à une demi-lieue de là, le couvent Saint-Martial, occupé par les carlistes. 





Entre le fort et le couvent se trouve Béhobie, pauvre petit village espagnol, portant le même nom que le gros village français qui lui fait vis-à-vis. 





Un grand pont de bois, dont la moitié française est peinte en vert et fraîchement vernie, tandis que la moitié espagnole est grise, vermoulue et menace ruine, unit les deux Béhobie. Les républicains qui occupaient les masures du village, étaient environ une trentaine : un tiers de douaniers, un tiers de soldats et un tiers de miquelets (gardes nationaux mobilisés). 



guipuzcoa antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

Or, le Béhobie espagnol est si près du couvent Saint-Martial, que les républicains y restaient volontiers bloqués et avaient inventé un moyen bien singulier de se relever de garde. 





Chaque jour, un soldat partait d'Irun, sans armes, traversait la Bidassoa et arrivait, en restant sur le territoire français, jusqu'au pont de Béhobie. Là, il retraversait et venait prendre sa garde, empruntant son fusil au soldat qu'il rem plaçait. Celui-ci prenait le même chemin et revenait à Irun, où il trouvait, à son tour, le fusil de son remplaçant. Le poste étant de trente hommes, il se renouvelait ainsi chaque jour pour un trentième, et cela eût pu durer longtemps si les carlistes, avant-hier, ne l'avaient sérieusement attaqué. 





Là, doit se placer un incident prévu. 





La tête du pont de Béhobie, du côté de l'Espagne a été garnie par les républicains d'une forte barricade avec embrasures pour fusils : "Si les carlistes nous » attaquent," se disaient ces hommes énergiques, "nous nous mettrons sur le pont, et nous tirerons par les embrasures, tandis que les deux canons d'Irun bombarderont le village. En cas de danger trop pressant, nous filerons en France où nous serons en sûreté." 





Et, en effet, la dépêche nous apprend que les carlistes ont eu l'avantage, mais qu'ils n'ont pas tiré sur les républicains réfugiés sur le pont, de peur que leurs projectiles ne tombassent en France. 



pais vasco antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

Quant à l'incendie de Béhobie, il n'a pas d'importance. Le village tout entier ne vaut pas cinq mille francs. 





Au delà du Béhobie espagnol, et du couvent Saint-Martial, — qui n'est qu'une maison élevée seulement d'un rez-de-chaussée, — la bande de terrain que l'armée républicaine possède sur les bords de la Bidassoa, se termine bientôt. Un poste carliste est établi sur la rive, en face du village français de Biriatou. occupé par une compagnie du 34e de ligne. Puis vient la douane, bien installée dans deux petites maisons. Les douaniers de don Carlos perçoivent des taxes inférieures de moitié à celles du gouvernement de Madrid, et cependant leur recette est beaucoup plus considérable que celle qu'on faisait autrefois. Ce résultat étonnant est dû à une particularité fort gaie. Ce sont les anciens contrebandiers qui se sont faits douaniers ! 





La douane passée, la frontière française cesse de côtoyer le petit fleuve, qui, à peu de distance, traverse le village de Vera, où se trouve établi l'un des arsenaux de l'armée royale.



guipuzcoa antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

Cette usine militaire appartenait à un Français, M. Blandin. Les carlistes l'ont exproprié et intégralement payé. Ils ont même poussé les égards jusqu'à indemniser les anciens ouvriers dont le concours ne leur est plus utile. A Vera, on fabrique des obus. Au centre de l'usine est placée, comme un trophée, la première pièce de canon prise aux républicains, et qui est aujourd'hui hors de service. Chose bizarre, cette pièce s'appelle le Triomphe !





Les environs de Béhobie sont très pittoresques. Entre ce village et Irun se trouve une petite île célèbre dans l'histoire, l'Ile des Faisans où a eu lieu l'entrevue dans laquelle fut décidé le mariage de Louis XIV et de l'infante. Napoléon III et la reine Isabelle eurent, en 1860, l'idée de faire de l'île un délicieux jardin, au centre duquel un monument rappelle la fameuse entrevue. L'entretien de ce jardin est à frais communs entre la France et l'Espagne. 



pais vasco antes
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

On comprend que le gouvernement de Madrid pense en ce moment à autre chose qu'à payer le jardinier de l'Ile-des-Faisans. Mais celui-ci, qui n'y trouve pas son compte, a divisé le terrain en deux par une ligne droite, et n'en cultive que la moitié française. L'autre partie est livrée aux ronces, qui y rendent la promenade impossible. 





Le pont du chemin de fer sur la Bidassoa, entre les gares d'Hendaye et d'Irun, n'est pas détruit, mais les républicains l'ont muré de leur côté, afin de pouvoir, en cas de surprise, faire la manoeuvre qui vient de leur réussir à Béhobie. 





Tous les villages de la frontière française sont gardés par des compagnies d'infanterie. De Bayonne on se rend sur là rive droite de la Bidassoa pour assister à cette guerre en miniature. C'est une promenade charmante et sans danger, chacun des deux partis évitant avec soin d'envoyer des projectiles du côté de la France. Les carlistes sont très polis pour nos compatriotes. Les républicains qui se sentent trop isolés sur cette bande de terre, pressés entre les positions de leurs ennemis et le petit fleuve, sont moins aimables. Il n'y a que les volontaires d'Irun qui sont gracieux quand on leur donne de l'argent pour tirer des coups de fusil. 



pais vasco antes carlistas
BEHOBIE 1874
PAYS BASQUE D'ANTAN

Non seulement ils peuvent brûler leur poudre sans que cela leur coûte rien, mais encore ils vendent au poids les culots en cuivre de leurs cartouches, ce qui leur constitue un supplément de paie. Pour les volontaires de la liberté — qui sont les Garibaldiens de L'Espagne, — il n'y a pas de petits profits."




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